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Hausse du prix du lait : les responsables de laiterie s’expriment

Le médiateur propose une hausse de 25 euros les 1000L du prix payé aux producteurs en moyenne annuelle sur l’année 2013.

© AAP

Des actions syndicales sont menées depuis début février dans la Somme, ainsi que dans les autres départements laitiers de France. Un médiateur a été nommé, lors de la table ronde du 8 avril, afin d’accompagner les industriels et la grande distribution dans les négociations. Ce dernier a proposé le 26 avril une hausse de 25 euros les 1000L de lait en moyenne annuelle sur la totalité de l’année 2013, et ce dès le mois d’avril. Cette augmentation s’appuie sur une hausse acceptée par les grandes surfaces, répercutée ensuite par les industriels transformateurs aux éleveurs. Toutefois, le médiateur a formulé une proposition, les différents acteurs de la filière doivent maintenant y adhérer.
Les responsables de l’Uplp ont rencontré et rencontrent cette semaine les responsables de laiterie pour obtenir cette hausse du prix du lait dès le mois d’avril. Nous avons demandé à Bernard Ducrocq, président de la coopérative VPM, Olivier Gaffet, président de Sodiaal Nord, et Alain Godart, directeur des achats de Senagral, quelles sont leurs intentions et leur point de vue à ce sujet.


Que pensez-vous de la proposition formulée par le médiateur vendredi dernier ?

Bernard Ducrocq : Cette proposition est scandaleuse. Je trouve déplorable que les pouvoirs publics décident de façon arbitraire de ce nous devons faire. Cette proposition a été décidée à Paris dans les bureaux. Elle ne prend pas en compte les besoins des transformateurs. Nous avons également subi des hausses de charges ces derniers mois que nous devons assumer. Nous avons consenti des baisses de prix en 2011 et en 2012 auprès de la grande distribution pour pouvoir vendre nos produits. Cela n’a pas été pris en compte dans la proposition du médiateur. Je suis en colère contre cette médiation.
De plus, la grande distribution se permet de nous donner des leçons de morale, alors que c’est elle la fautive, c’est elle qui cherche toujours à mettre les prix les plus bas. Les grandes surfaces nous demandent de la transparence.
Or, nous sommes sous forme coopérative. Nous devons donc rendre des comptes aux producteurs, être transparents avec eux.

Olivier Gaffet : C’est une proposition surprenante. Francis Amand, le médiateur, a envoyé une lettre à l’interprofession laitière pour mettre fin aux discussions de prix pour cause de concurrence illicite. Et là, il impose un prix pour l’année 2013. C’est incohérent. Il a mis fin à l’interprofession pour maintenant nous imposer un prix qui est politique, pas forcément en lien avec les marchés. Cela met en évidence le réel problème d’échange entre les grandes surfaces et la transformation.
La proposition est faite jusqu’à la fin de l’année, mais rien n’est solutionné sur le long terme. Les problèmes de relations entre grandes surfaces et transformation ne sont pas résolus. Si on ne travaille pas là-dessus, cette situation va se répéter.
Le médiateur a rencontré le président de Sodiaal, qui n’a jamais donné son accord sur cette proposition. Une hausse par rapport à quoi ? Au premier trimestre chacun a payé un prix différent.
Nous subissons également une inflation de nos charges : le coût de l’énergie, du plastique. Nos marges sont faibles. De nombreuses entreprises sont en difficultés et par ricochet mettent donc des producteurs en difficulté. Nous ne pouvons pas mettre en danger la vie de l’entreprise, ni la vie des producteurs. Ce sont les hausses que la grande distribution voudra bien nous donner qui nous permettront de passer des hausses aux producteurs.
Je redoute que cette proposition nous fasse perdre de la compétitivité à l’export.

Alain Godard : C’est une bonne chose si la proposition aboutit, si les grandes surfaces respectent ces 25 euros. Pouvoir répercuter la hausse des charges à la grande distribution est extrêmement important, surtout dans notre secteur des produits frais. Il ne faudrait pas que la proposition se limite au lait de consommation, mais à tous les produits laitiers, et a priori c’est sur la bonne voie. Il ne faudrait pas que ces hausses de quelques centimes ne durent que trois mois, cela doit pouvoir perdurer dans le temps.

Quel retour votre entreprise pense-t-elle faire aux producteurs ?
Bernard Ducrocq :
Nous n’avons pas attendu la proposition du médiateur pour passer des hausses aux producteurs. En effet, la VPM a augmenté le prix du lait en avril de 25 euros les 1000L par rapport au mois d’avril 2012 et le prix du lait annoncé pour le mois de mai est de 335€/1000L soit 30 euros en plus qu’en 2012. Si tout se passe bien, les prix du lait des mois de juillet et août devraient encore grimper.
Concernant la proposition d’augmenter de 25 euros les 1000L le prix du lait moyen annuel en 2013, nous verrons bien si on y arrive. La coopérative appartient aux producteurs. Quand elle gagne de l’argent, les producteurs en sont informés. Ils le savent.
Nous savons que les producteurs vivent actuellement une période difficile et nous mettons tout en place pour les aider financièrement, en raclant les fonds de tiroir.

Olivier Gaffet : Le bureau de Sodiaal Nord se réunit début mai. Nous y discuterons de ce que nous ferons. La grille a déjà été réécrite pour anticiper les hausses de l’été, nous verrons bien ce qu’il est possible de faire. Le médiateur nous demande d’anticiper les choses dès le mois d’avril, alors que la hausse de la grande distribution ne sera effective qu’au mois de juin. Nous avons peur que cette promesse reste une promesse et qu’au final nous n’ayons pas de hausse en juin.

Alain Godard : Nous avions déjà anticipé cette hausse sur le premier trimestre. Nous avons une grille de prix très différente des autres. Le prix payé en moyenne sur le premier trimestre est de 336 euros en moyenne. Nous avions décidé avec le groupement de producteurs de remonter les prix d’avril et de mai, ce qui va permettre d’être à 303 euros au lieu de 289 euros pour avril et 306 euros au lieu de 296 euros pour mai. Afin de garder la saisonnalité, nous voulions garder un prix proche de 300 euros sur le second trimestre. Concernant la moyenne annuelle, cela me parait jouable d’approcher les 340 euros.

Les actions menées par les éleveurs ont-elles été nécessaires ?
Bernard Ducrocq :
Complètement nécessaires. Le syndicalisme a très bien joué le jeu et je l’en remercie. La distribution a été interpellée. Les échanges entre nos commerciaux et la grande distribution se sont apaisés suite à ces actions en grandes surfaces et le ton des négociations a changé.

Olivier Gaffet : Elles ont été nécessaires. Il y a eu une prise de conscience politique. Cette proposition est bien pour les producteurs sur le court terme, et c’est même indispensable. Mais le problème est que rien n’est résolu pour la filière laitière sur le long terme. Le déséquilibre entre la grande distribution et la transformation perdure au niveau des échanges.

Alain Godard : Il est vrai qu’elles ont été indispensables et efficaces. Sans les actions des éleveurs, la situation aurait été très difficile pour nous. La grande distribution a pris conscience de la difficulté des producteurs et a compris que les marges de manœuvres de la transformation n’existent pas. Il est indispensable que les grandes surfaces comprennent que les matières agricoles subissent des fluctuations de prix, et dès lors que ces matières premières flambent, cette flambée doit être prise en compte dans les prix payés aux producteurs, sinon beaucoup d'entre eux vont se décourager.

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