Huile de palme : fin des blocages de dépôts pétroliers
Mercredi, la FNSEA et les JA ont décidé de lever les barrages des raffineries et des dépôts de carburant qu’ils bloquaient depuis dimanche, après avoir obtenu des avancées sur leurs revendications.
La FNSEA et les JA ont décidé dans la matinée de mercredi de lever leurs barrages des raffineries et des dépôts de carburant. La veille, ils étaient pourtant sortis déçus des trois heures de négociations avec le ministre Stéphane Travert. «Le compte n’y est pas», avait lancé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
Elle avait décrit une «une séance de travail posée» et un ministre «à l’écoute». Les syndicats avaient rappelé leurs quatre principales revendications, précisant pour le site de La Mède qu’ils attendent des engagements améliorés sur l’approvisionnement en biocarburant issu de colza (50 000 tonnes aujourd’hui), en termes de prix et de volumes. Dans un communiqué, la FNSEA annonçait que deux nouveaux sites étaient occupés à Saint-Jean de Bray dans le Loiret et à Saint-Pierre des Corps, dans l’Indre et Loire. Ce qui portait à dix-huit le nombre de sites concernés.
A l’issue de la rencontre de mardi, le ministre de l’Agriculture s’était, lui, dit «plutôt optimiste» pour trouver une «voie de levée des barrages» tout en reconnaissant des points de frictions. «Sur un certain nombre de points, nous ne sommes pas parvenus à nous mettre d’accord, mais sur la question des engagements internationaux, sur la question des normes, sur la question du travail que nous faisons pour défendre nos filières, nous sommes au rendez-vous», avait assuré Stéphane Travert.
Voir le verre à moitié plein
Mais ce mercredi, le ton des syndicats avait changé : «Il y a eu des points d’avancée, des points de déception et des engagements à travailler plus», a expliqué la présidente de la FNSEA avec le patron des JA, Jérémy Decerle, lors d’une conférence de presse. «Tout ne s’arrête pas aujourd’hui, on continue à travailler mais l’affirmation que nous attendions, c’est la reconnaissance des distorsions de concurrence», a-t-elle ajouté. Dans une lettre adressée aux directeurs des FDSEA et FRSEA, elle justifie notamment que «la négociation avec le ministre de l’Agriculture, mandaté par le gouvernement pour gérer cette situation de crise, fut âpre, dure, intense. Et comme dans toute négociation, il y a des avancées, il y a des déceptions ; c’est rare de gagner sur tous les tableaux. Et la lecture qui en est faite obéit soit au verre à moitié plein, soit au verre à moitié vide. Nous avons choisi d’être lucides, de rester déterminés et intransigeants».
Parmi les satisfactions : un nouvel étiquetage sur plus de produits «qui informent et protègent les consommateurs.» Un comité de rénovation des normes en agriculture doit par ailleurs se réunir le 13 juillet.
Quatre revendications étaient portées. La première : l’interdiction de toute importation «distorsive». Cette exigence, grandement partagée par les consommateurs et l’opinion publique, a conduit le ministre à rappeler «les lignes rouges de la France dans les accords internationaux», comme le Mercosur ; à s’engager à œuvrer pour «plus d’homogénéité des règles européennes».
La FNSEA et les JA demandaient ensuite que le Corena retrouve un fonctionnement normal après plus d’un an d’interruption. «L’engagement est réel, la lettre de mission est signée, une date est programmée. Avec le Corena, nous avons un levier pour éviter les surtranspositions franco-françaises, pour dénoncer les conséquences économiques de telle ou telle norme absurde sur le plan technico- économique», assure Christiane Lambert.
Les syndiats demandent aussi une compensation de la suppression du CICE pour les employeurs de main d’œuvre saisonnière, mais a subit une déception : «Nous n’avons pas obtenu la mesure mais nous considérons que la porte reste ouverte puisque, si le ministre n’a pas le levier budgétaire, nous irons le chercher là où il est au gouvernement ; et nous avons l’engagement d’un travail technique qui mette en lumière les difficultés spécifiques des exploitations fortement employeuses de main d’œuvre saisonnière.»
Soutien aux filières de biocarburants
Quant au grand plan d’investissement, pas de miracle sur le montage financier. Mais Stéphane Travert assure que «ce plan servira à accompagner les investissements des plans de filières et que des réunions de travail auront lieu avec elles d’ici fin juin pour discuter de leurs priorités.»
Le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, présent au premier round de discussions a enfin apporté des réponses à la question des importations d’huile de palme : «engagement de la France sur l’encadrement européen des importations ; soutien réaffirmé aux filières de biocarburants, autorisation du B10 et du B100.»
«L’huile de palme, une démarche cohérente»
«Avons-nous besoin de handicaper gravement notre agriculture ?». C’est en ces termes que Christian Jacob, président du groupe LR de l’Assemblée nationale a fait écho le 12 juin lors de la séance des questions au gouvernement, aux manifestations de la FNSEA et des JA suite au projet de Total d’importer de l’huile de palme. En réponse, Édouard Philippe insiste sur le fait que «la décision d’adapter l’outil industriel de la Mède a été prise en 2015, afin de trouver une solution qui permettrait durablement de sauver des emplois» et «garantir une production française d’agrocarburants». Ainsi, le gouvernement est «dans une démarche cohérente et rationnelle en tenant un engagement pris par d’autres». De plus, le premier ministre affirme que «cette installation de la Mède» permettra «de tenir les engagements de produire 7 % de la totalité des carburants en biocarburant». Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique, confirme que «l’objectif est de substituer une production française à des importations contenant de l’huile de palme» car la France importe aujourd’hui des agrocarburants fabriqués à partir d’huile de palme. Pour rassurer la filière, elle assure que la Mède utilisera «50 000 tonnes de colza français».