Huit ans pour passer à mille méthaniseurs agricoles
Delphine Batho et Stéphane Le Foll ont présenté le plan de soutien à la méthanisation agricole.
Le plan Énergie, méthanisation, autonomie azote a été présenté officiellement, le 29 mars, lors d'une visite de Delphine Batho et Stéphane Le Foll sur le site de méthanisation de l'exploitation de Jean-Marc Onno, dans le Morbihan (voir encadré). L'ambition affichée est de faciliter l'émergence de projets de méthanisation, afin que la France compte mille méthaniseurs à la ferme, de puissance comprise entre 150 et 500 kW en 2020, contre 90 fin 2012. Mais c'est un modèle de méthanisation «à la française», que le gouvernement souhaite promouvoir, où cette activité serait «un complément de revenu qui participe à une logique vertueuse sur le plan territorial» selon les mots de la ministre de l'Ecologie. L'objectif est d'aboutir à une gestion globale de l'azote, a insisté Stéphane Le Foll.
En outre, ce sont surtout les projets collectifs qui seront encouragés. Les ministres ont proposé plusieurs pistes et outils, dont :
- conforter le fond déchet de l'Ademe pour mieux soutenir l'investissement de départ ;
- passer par les dispositifs de la Banque publique d'investissement pour garantir les emprunts et poursuivre une discussion engagée avec les établissements bancaires afin de favoriser l'emprunt pour ce genre de projets ;
- optimiser le tarif d'achat de l'électricité produite, grâce à une hausse de 35 % de la prime accordée pour l'intégration d'effluents d'élevage dans les méthaniseurs ;
- passer par un appel à manifestation d'intérêt de l'Ademe pour qu'émergent des constructeurs français d'équipements de méthanisation ;
- relever de 50 à 60 tonnes d'intrants par jour le seuil du régime d'autorisation lié à la réglementation ICPE ;
- lancer un appel à projet «gestion collective et intégrée de l'azote» doté d'un fonds de 10 millions d'euros ; travailler dans les six prochains mois sur l'homologation des digestats.
Éleveur de porcs dans le Morbihan, Jean-Marc Onno est trésorier de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France. Son unité de méthanisation, il la voit comme «un projet de territoire» et une façon de créer de l’emploi. La méthanisation des déjections de ses 280 truies lui a permis d’ouvrir une production de champignons, sur la ferme, qui utilise en partie la chaleur produite par le méthaniseur. Il compte aussi lancer une production d’algues alimentaires (la spiruline). Il se réjouit d’avoir créé plus d’une vingtaine d’emplois «tout en restant producteur de porcs». Son credo : la valeur ajoutée de la méthanisation doit revenir au territoire.