Irriguer mieux pour irriguer plus
Un pilotage plus fin de l’irrigation et une utilisation d’outils d’épandage plus efficients peuvent contribuer à la nécessité de maîtriser les volumes d’eau prélevés.
Un pilotage plus fin de l’irrigation et une utilisation d’outils d’épandage plus efficients peuvent contribuer à la nécessité de maîtriser les volumes d’eau prélevés.
Si vous produisez des légumes ou des pommes de terre, il est fort probable que vous fassiez partie des 674 irrigants samariens. Avec 967 forages, l’irrigation est devenue un levier indispensable pour la résilience de nombreux systèmes de production. Les perspectives du changement climatique montrent également les risques de rencontrer à l’avenir des périodes de sècheresse plus sévères et fréquentes. L’enjeu est donc de taille : continuer à recourir à l’irrigation tout en limitant son impact et les prélèvements dans les nappes. L’amélioration de l’efficience de l’irrigation est un des leviers à mettre en œuvre pour y parvenir.
Contraint par des problématiques d’organisation et d’équipement de plus en plus prégnantes, le tour d’eau est principalement basé sur la pluviométrie. Mais il prend encore trop peu souvent en compte la sensibilité de la variété et le niveau de la réserve réelle en eau du sol de la parcelle.
Différents types d’OAD de pilotage sont aujourd’hui disponibles et permettent d’apporter l’eau au plus près des besoins de la plante.
La méthode la plus classique est celle du bilan hydrique à la parcelle. Il permet d’estimer l’état hydrique du sol. Il prend en compte le type de sol, ainsi que le stade de développement et d’enracinement de la culture. Il suffit alors de rentrer les caractéristiques de la parcelle (types de sol, date de plantation, ...) et le logiciel calcule le niveau de la «Réserve utile du sol» en fonction des pluviométries et de l’évapotranspiration quotidienne. Il détermine aussi les passes d’irrigation à effectuer. Cette méthode permet de s’adapter au plus près des besoins de la plante. L’utilisation de sondes tensiométriques ou capacitives peut également apporter des informations pour affiner le pilotage en complément du bilan hydrique, notamment grâce à la possibilité de visualiser en temps réel l’eau présente dans le sol (cf. encadré).
Traditionnellement, on cherche à maintenir sa parcelle à un niveau non limitant en eau pour optimiser son rendement et sa qualité. Des expérimentations mises en place ce printemps par la chambre d’agriculture sur pommes de terre et financés par l’Agence de l’Eau Artois Picardie (programme Eff’irrig), cherchent à démontrer les effets d’un stress hydrique maîtrisé à différentes périodes du cycle. L’idée est de limiter volontairement l’apport d’eau à certaines périodes afin de pouvoir économiser de l’eau sans impacter sur le potentiel de la parcelle.
Rampes et micro-irrigation en test
En plus de la chasse aux fuites, le matériel utilisé peut également être une source d’économie d’eau.
En effet, contrairement au canon classiquement utilisé dans la Somme, la rampe d’irrigation et les systèmes de micro-irrigation en fond de buttes ou sur buttes semblent apporter une vraie différence et plus d’efficience, au moins au niveau de la répartition des apports d’eau. Certaines publications annoncent des économies d’eau possibles de l’ordre de 20 à 40 % suivant les systèmes. Ce qui reste, bien sûr, à démontrer dans nos conditions d’utilisation. Un essai comparatif mené par la chambre d’agriculture a pour objectif de quantifier ces différences et de mesurer les contraintes d’utilisation. L’objectif est de donner aux irrigants tous les éléments nécessaires à leur décision d’investissement.
Deux types de micro-irrigation seront notamment testés : la micro-irrigation en sommet de butte, plutôt adaptée pour les variétés destinées au marché du frais, et la micro-irrigation en fond de butte, utilisée pour les variétés industrielles. Ce matériel connaît un regain d’intérêt depuis deux ans. En utilisant ces systèmes, on limite les pertes par évaporation et on s’affranchit des contraintes de vent limitantes pour l’enrouleur. Ce matériel nécessite néanmoins une main-d’œuvre importante pour la pose et la dépose et requiert un investissement plus élevé (2 500-4 000 €/ha). Le Plan de relance de ce début d’année 2021 a encouragé les agriculteurs à s’équiper avec ces types d’irrigation.
La technique de l’irrigation ne répondra pas à elle seule à la maîtrise de la consommation en eau. D’autres voies d’études comme la réutilisation des eaux usagées ou la réalisation de stockage hivernaux sont également à entreprendre.