La campagne de recrutement de saisonniers est lancée
Être mobile, disponible cet été, non allergique à la poussière et, surtout, motivé : voilà les conditions à remplir pour pouvoir travailler en tant que saisonnier agricole. Les coopératives et entrepreneurs recrutent dès à présent.
Chaque année, ils sont les indispensables bras qui accueillent les agriculteurs au silo, qui réceptionnent les céréales, qui pèsent les bennes et prélèvent les échantillons, qui font en sorte que le lieu de réception soit toujours propre… Les travailleurs saisonniers sont indispensables au déroulement d’une moisson. Les coopératives en ont bien conscience, et s’organisent donc en amont pour recruter le nombre de personnes suffisant.
«Certains secteurs, au milieu de la campagne, ne sont parfois pas évident à pourvoir en postes, car il faut pourvoir s’y rendre», annonce Anne Lecup, chargée de recrutement chez Noriap. Chaque année, la coopérative a besoin d’environ trois-cents saisonniers, pour assurer le bon fonctionnement de chacun de ses silos. «Des postes sont à pourvoir dans tout le territoire que nous couvrons (174 sites de collecte et de stockage, ndlr), en Hauts-de-France et en Seine-Maritime».
Natup, dont une partie de ses silos est dans la Somme - le territoire de la coopérative s’étend de Chartres à Dieppe et du Havre à Amiens -, recrute également deux-cent-cinquante saisonniers pour la période de la moisson. «Il faut simplement être titulaire du permis de conduire, disponible en juillet et en août, ne pas être allergique à la poussière et, bien sûr, être motivé», précise Marion Demouge, responsable de la communication chez Natup.
Pour la coopérative Calipso, dont le territoire s’étend à une trentaine de kilomètres autour d’Abbeville, la campagne de recrutement touche presque à sa fin. «Il ne nous reste plus que cinq postes saisonniers à pourvoir pour la moisson, annonçait Antoine Dennetière, responsable d’exploitation, en fin de semaine dernière. Le profil est cependant particulier, car nous cherchons des personnes ayant une connaissance de la manipulation des télescopiques.» Il s’agira de charger les camions et de remonter les tas de céréales dans les bâtiments de stockage. «Les contractuels bénéficieront d’une formation interne pour l’obtention d’une autorisation de conduite, mais l’expérience permet de limier les risques d’accident.»
Pour tous, le recrutement est rendu particulier cette année avec le confinement. «J’aime rencontrer physiquement les gens pour leur expliquer les contraintes (horaires, poussières…), confie Antoine Dennetière. Cette année, je procède donc à un entretien téléphonique plus poussé.»
Les légumes dès juin
Le besoin en main-d’œuvre se fait sentir bien avant la moisson dans le milieu agricole. Picardie récoltes, par exemple, recrute chaque année trente-cinq saisonniers dès le mois de juin pour la récolte des légumes, pour ses deux sites, à Etricourt-Manancourt, près de Péronne, et à Ary, près de la Baie de Somme. «La saison démarre vers le 15 juin avec les petits pois et se poursuit environ jusqu’au 15 octobre pour les haricots verts et les flageolets, explique Martial Amourette, gérant de l’entreprise. Nous vivons en fait une succession de saisons, et avons besoin de saisonniers jusque fin janvier pour les betteraves.» La possibilité, donc, de travailler entre six et sept mois consécutifs.
Le travail consiste en la conduite des récolteuses, après une formation interne. Sur chaque chantier, un titulaire encadre les saisonniers. Les compétences recherchées ? «Avoir envie de travailler, aimer la nature et être disponible, car le travail peut s’effectuer de jour, de nuit, parfois les week-ends. Les équipes sont organisées par poste.» Le salaire est établi selon la grille de la convention collective, avec paiement des heures supplémentaires et majoration des heures de travail de nuit. Pour Picardie récoltes également, le recrutement n’est pas si facile. «Nous avons plus de difficulté à trouver de la main-d’œuvre du côté de la Baie de Somme, même si nous ne savons pas expliquer pourquoi, constate Martial amourette. Le confinement n’aide pas. Le courrier ne nous arrive pas toujours et nous procédons surtout par téléphone. Rencontrer les gens est pourtant mieux.» Mais l’entreprise s’adapte, comme tous les recruteurs de main-d’œuvre saisonnière du milieu agricole.
- Coopérative Noriap : par mail : recrutement@noriap.fr, ou sur le site www.noriap.com, dans l’onglet «recrutement». Des annonces spécifiques ont été postées sur la page Facebook de Noriap.
- Coopérative Natup : sur le site www.recrutement.natup.group
- Coopérative Calipso : sur le site www.calipso-agri.fr/internet/recrutement-1419.aspx, via la page Facebook calipso.agri ou par mail : abbeville@calipso-agri.fr
- Picardie récolte : sur le site www.picardierecoltes.com, par téléphone : 03 22 86 43 90, ou sur la page Facebook Picardie récoltes
Sébastien, saisonnier : «la motivation est indispensable»
«Un travail accessible à tous ceux qui veulent vraiment travailler, car il demande beaucoup d’énergie», résume Sébastien. L’étudiant dans le milieu agricole à Lille vivra cet été sa deuxième période en tant que saisonnier, au silo Natup de Domeliers (60).
Conduite du télescopique pour remonter les tas et charger les camions, accueil des agriculteurs, bascule, tâches administratives… Les tâches qui lui ont été confiées sont variées. «Ce job m’a offert un gain d’autonomie, de responsabilité et d’efficacité, confie-t-il. Il faut être réactif. Parfois, dix tracteurs font la queue pour décharger, alors qu’il est 19 h et qu’on a faim, mais il faut savoir donner la priorité au travail.» Il faut aussi accepter les longues journées, qui peuvent finir tard la nuit, de travailler six jour sur sept, et parfois le dimanche… Pour Sébastien, il faut aussi avoir conscience de la valeur des choses qui sont confiées : «on a du matériel coûteux entre les mains, et on manipule une récolte qui a elle aussi une grande valeur.»
Bien que connaisseur du milieu, puisque fils d’agriculteurs, Sébastien avoue avoir appris des choses. «C’est un travail plus manutentionnaire qu’intellectuel, mais il demande un peu de logique. J’étais curieux et je me suis intéressé au fonctionnement du silo. J’ai ainsi appris comment on mesurait la pureté du colza, ou encore quelle cellule était ouverte en fonction que telle ou telle qualité de grain.» Et puis le contact direct avec les agriculteurs est toujours formateur, y compris pour les personnes non issues du milieu. Cela permet «d’ouvrir sa façon de penser». «Pour quelqu’un qui a une vision négative des pesticides, par exemple, le job permet de comprendre pourquoi et comment ils sont utilisés.» La réussite dans les missions est possible, même sans expérience. «L’année dernière, un collègue, qui avait tout juste le bac en poche, n’était pas du tout issu du milieu agricole. Il était motivé et s’est révélé doué !»
La météo fait le salaire
Être saisonnier dans un silo est surtout le moyen de se faire un peu d’argent. «Le salaire dépend varie selon les années, précise Sébastien. Nous dépendons forcément de la météo et de la possibilité de moissonner ou non.» Lorsque celle-ci se montre clémente le week-end, et que l’hygrométrie ne se présente pas le soir, les agriculteurs poursuivent leur récolte, et ces heures sont majorées. L’ambiance familiale, elle, permet d’oublier la fatigue. «Avec les titulaires, nous sommes vraiment intégrés en formons une équipe Nous faisons des repas ensemble… Ça crée des liens !»