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«La chambre se doit d’être au plus près des agriculteurs»

Suite à la première session de la nouvelle Chambre d’agriculture de la Somme, le 21 mars, interview de sa présidente, Françoise Crété.

«Il est nécessaire de sortir des sentiers battus, d’être à l’écoute et réactif.»
«Il est nécessaire de sortir des sentiers battus, d’être à l’écoute et réactif.»
© F. G.

Vous avez souhaité revoir l’organisation de la chambre. Pourquoi ?

La campagne que nous avons menée était construite autour de trois items : des élus au cœur de la chambre, la chambre au cœur des OPA, et la chambre au cœur des territoires. Pour coller au programme et répondre aux attentes de ce qui nous ont élus, l’organisation se devait d’être revue. Par ailleurs, au cours de la campagne, on s’est rendu compte que l’accompagnement que propose la chambre d’agriculture était méconnu sur le territoire, ainsi que son rôle, souvent assimilé à celui de l’Etat. En remettant les élus au cœur de la chambre, le message sera porté dans tout le territoire. La chambre se doit d’être au plus près des agriculteurs.

 

Pour ce faire, quelles sont les modifications dans l’organisation que la chambre vient de voter en session ?

Nous avions deux options, soit la mise en place de commissions, soit celle de comités d’orientation. Les commissions présentant l’inconvénient de ne pouvoir être composées que d’élus de la chambre, nous avons donc opté pour les comités d’orientation afin de pouvoir y intégrer des personnes qui ne sont pas élues, mais peuvent apporter beaucoup par leur expertise et leurs qualifications. De la sorte, nous serons en capacité d’avoir des projets en phase avec les attentes des agriculteurs, ainsi qu’avec celles de la société.

Ces comités existaient déjà, mais ne fonctionnaient pas ainsi. Nous en avons aussi profité pour regrouper certains d’entre eux afin de gagner en cohérence. Nous avons, par exemple, regroupé l’aménagement du territoire, l’eau et l’environnement, ainsi que l’emploi et la formation avec l’installation.

En droite ligne de cette ouverture affichée et de notre volonté de transparence j’ai, par ailleurs, choisi d’associer huit personnes supplémentaires à la session. Nos débats seront ainsi ouverts aux représentants des consommateurs, de la chasse, des élus territoriaux et de l’agro-alimentaire. Ils auront la possibilité d’être également actifs au sein des comités de leur choix.

Vous proposez également que soient constitués des groupes éphémères. De quoi s’agit-il ? Et quels seront leur rôle ?

Pour gagner en réactivité et en souplesse, et ne pas mobiliser l’ensemble des membres des comités sur toutes les questions, des groupes éphémères pourront être constitués en leur sein. Ils seront composés de membres compétents sur des problématiques choisies, avec des objectifs précis et réalisables dans des délais raisonnables. Sans objectif, pas de groupe. Les propositions d’action de ces groupes seront discutées au sein du comité d’orientation, puis présentées au bureau et, enfin, débattues et validées en session. Ces groupes éphémères seront dissous une fois leur objectif atteint. A titre d’exemple, un groupe pourra travailler sur la problématique de l’abattoir de Montdidier, un autre sur les filières courtes, etc.

 

Autre nouveauté : une session supplémentaire à l’année, soit quatre au lieu de trois. Pourquoi ?

Je souhaite que soit mise en place une session avec les autres chambres consulaires -  la CCI et la Chambre de métiers et de l’artisanat - où nous inviterons également des consommateurs, les administrations, les salariés, les maires, etc. Pour que tout le monde puisse être présent, la session sera sans doute organisée le soir et autour d’un thème.

C’est important d’avoir ces échanges avec les autres chambres consulaires, car nous partageons des problématiques communes telles que le droit du travail, la formation, l’aménagement du territoire ou encore le déploiement de la fibre, pour ne citer que quelques exemples. La chambre d’agriculture se doit d’organiser toutes les synergies pour porter vers le haut l’agriculture samarienne. D’où cette volonté d’élargir la concertation au-delà du monde agricole.

 

Quels sont les enjeux auxquels la chambre est et sera confrontée demain pour porter l’agriculture samarienne vers le haut ?

Les enjeux sont multiples. Je commencerai par le renouvellement des générations, et ce, à tous les niveaux : chefs d’exploitation, salariés de la production et des services, salariés des filières, du machinisme, de la recherche, etc. Mais, pour assurer le renouvellement des générations, il nous faut travailler sur l’attractivité de nos métiers. Ainsi, l’un des premiers objectifs concrets pourrait être de visiter les classes de 6e et 5e pour faire la promotion de nos métiers.

L’autre enjeu est celui de la formation. La chambre doit être en capacité de créer des partenariats pour proposer une large gamme de formations afin de répondre à des besoins variés et parfois surprenants. Qui aurait parié sur une formation viticulture dans la Somme ? Personne, et pourtant cette formation va avoir lieu. En mettant l’accent sur cette formation, je cherche à dire qu’il est nécessaire de sortir des sentiers battus, d’être à l’écoute et réactif.

L’innovation est également un enjeu important à relever, mais à la condition de la mettre à la portée de tous. La Ferme 3.0 a l’ambition d’y contribuer en produisant des références, en testant des systèmes innovants, en apportant des réponses opérationnelles et validées, et en les diffusant au plus grand nombre.

Enfin, la santé économique de nos filières longues ou courtes, végétales ou animales, est un autre des enjeux. Il faut avant tout sécuriser la production et faire en sorte que l’eau, un des facteurs essentiels pour l’équilibre économique de nos exploitations, puisse rester accessible aux agriculteurs du département. La diversification dans les exploitations doit être, à mon avis, au cœur des pratiques des agriculteurs. Il faut vraiment les inciter à chercher de nouvelles pistes et entreprendre, des comportements que nous avons un peu perdus avec la Pac.

 

En termes d’enjeux immédiats, l’agriculture samarienne se trouve confrontée à la fermeture de l’abattoir et à celle programmée de la sucrerie d’Eppeville. Que peut faire la chambre ?

En ce qui concerne l’abattoir, nous avons, à de nombreuses reprises, évoqué ce sujet, sans trouver de solutions adaptées. Une ultime enquête sur les besoins en cours auprès des agriculteurs de la Somme et de l’Oise a été lancée. Mais, soyons clairs sur le sujet, seule une forte implication des éleveurs permettra de redémarrer un nouveau projet. Sans engagement, nous ne pourrons rien faire, et nous n’aurons ni le soutien de l’Etat, ni celui des collectivités.

En ce qui concerne la sucrerie, la CGB réfléchit à différentes pistes si l’usine d’Eppeville ferme en 2020. Le gouvernement met aussi la pression sur Südzucker pour qu’il revoit son plan de fermeture ou bien cède l’outil, ce qu’il refuse de faire pour le moment. D’autres rencontres et discussions sont prévues dans les semaines à venir.

De notre côté, pour l’heure, j’ai choisi de faire voter un vœu à la session de la chambre, qui demande au groupe Südzucker et à sa filiale française, Saint Louis Sucre, d’étudier et de chiffrer tout scénario alternatif et de revenir sur la décision de fermer la sucrerie d’Eppeville. Nous demandons aussi aux ministères de l’Agriculture, de l’Economie et du Travail d’assurer le suivi et l’harmonisation des actions à l’échelle régionale, en détachant, par exemple, un membre de leurs services.

Intervention de la préfète sur l’abattoir

Si la question du devenir du personnel est la première préoccupation de l’administration, Muriel Nguyen, préfète de la Somme, relevait que, s’il y a deux ans, un projet de nouvel abattoir faisait consensus face à la vétusté de celui de Montdidier, force était de constater qu’il n’y avait plus de projet, ni de repreneur. Face à ce constat, elle propose donc «d’ouvrir une autre page, mais pour une courte période, en relançant la réflexion à l’échelle départementale, mais en lien avec les autres territoires, notamment l’Oise, pour définir les besoins des éleveurs. La question est la suivante : quels sont les besoins du terrain et les engagements que peut tenir la filière ? Si les besoins existent, chacun doit alors prendre ses responsabilités».

L’enquête en cours (cf. ci-dessus) devrait confirmer les besoins tant sur le territoire samarien qu’isarien, ce qui devrait, normalement, ouvrir de nouvelles pistes. «S’il est démontré une capacité d’engagement des éleveurs, un projet porté par les industriels, un travail avec l’Oise et le développement des circuits courts, sachez que vous pourrez compter sur le soutien de l’Etat et des collectivités territoriales, parce que la question qui est au bout du bout est bel et bien le maintien de l’élevage dans le département. Nous n’avons aucun a priori. Toutes les propositions peuvent être étudiées, mais à la condition sine qua non qu’il y ait un réel engagement de la profession», insiste Muriel Nguyen.

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