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La Chine, absente aux achats de lait en 2023 ?

La Chine croule sous les stocks de poudres de lait. Ses habitants consomment moins de produits laitiers alors que la production nationale ne cesse de croître. Ce déséquilibre offre-demande ruine les élevages de dimension familiale alors que le nombre de méga fermes croît continûment. 

L’un des objectifs de la Chine, via son plan quinquennal, de produire 41 millions de tonnes (Mt) de lait d’ici 2025 pourrait être atteint dès cette année.
L’un des objectifs de la Chine, via son plan quinquennal, de produire 41 millions de tonnes (Mt) de lait d’ici 2025 pourrait être atteint dès cette année.
© Pixabay

La Chine débute l’année avec des stocks de poudres de lait très importants (175 000 t en février 2023). Les confinements à répétition de la population et l’inflation des prix des produits alimentaires ont modifié les habitudes de consommation des Chinois. Une étude publiée par l’Institut de l’élevage rapporte que les produits laitiers n’ont plus la côte auprès des consommateurs. Par exemple, leur vente en ligne a chuté de 36 % au cours des neuf premiers mois de l’année passée. 

 

Dépendance

En fait, les produits laitiers sont très chers à l’achat. Mais dans les élevages, la baisse de leur consommation rend la production de lait excédentaire. Aussi, les prix du lait ont diminué de 5 % à 55 centimes le kilogramme de lait alors que les coûts de production ont flambé (+ 25 %). Pour nourrir son cheptel élevé hors sol, la Chine importe une grande quantité de luzerne et des tourteaux des États-Unis notamment. L’an passé, le lait excédentaire a été stocké sous forme de poudre quand il n’a pas été jeté (jusqu’à 4 000 t par jour). Mais le coût de production de cette poudre était très élevé compte tenu du prix du lait payé aux éleveurs et des prix de l’énergie. Aussi, les industriels peinent, là encore, à trouver des débouchés pour écouler leurs poudres. La Chine s’est lancée dans la production laitière pour renforcer sa souveraineté alimentaire et pour réduire sa dépendance à l’égard des importations. En fait, son gouvernement tente de se prémunir des tensions géopolitiques redondantes, voire de conflits diplomatiques avec ses voisins de la région pacifique, qui pourraient affecter ses échanges commerciaux. Aussi, la filière laitière fait dorénavant partie des filières agricoles stratégiques de la Chine. Mais la conjoncture économique contrarie les ambitions expansionnistes des autorités chinoises. Aucun redressement du marché chinois n’est en vue. 

 

Subventions

Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande ne doit pas s’attendre à une reprise massive de ses exportations jusqu’à l’entrée en application l’an prochain du nouvel accord de libre-échange. Il lèvera les quotas et les droits de douane. Toutefois, cet accord pourrait de nouveau déséquilibrer le marché laitier chinois et faire disparaître les élevages peu compétitifs, quelle que soit leur dimension. La poudre importée est bien meilleur marché que celle produite à partir du lait produit en Chine. «En revanche, les produits tels que le beurre, la crème, le fromage et les poudres de lait infantile et pour séniors devraient toujours bénéficier d’une forte demande notamment à l’import», souligne l’Idele. L’assainissement du marché chinois des produits laitiers est rendu compliqué par la politique expansionniste du gouvernement chinois. Un des objectifs du plan quinquennal de produire 41 millions de tonnes (Mt) de lait d’ici 2025 pourrait être atteint dès cette année. En 2022, environ 39 Mt de lait ont déjà été collectées, soit 3 % à 7 % de plus que l’année précédente. En fait, le gouvernement chinois pousse les provinces à subventionner l’essor de l’élevage laitier. «Dans la province de la Mongolie intérieure (première productrice de lait), 23 méga fermes (+ 5 000 vaches) ont été construites en 2021, entraînant une hausse du cheptel de la province de + 80 000 vaches, explique l’Idele. L’an passé, 41 nouvelles fermes de plus de 100 000 vaches ont été construites. Et pour 2023, quinze fermes sont en cours de construction».

Le prix du lait recule en Europe

Dans l’Union européenne, le prix des 1 000 litres de lait a chuté de 66 € depuis le mois de décembre dernier, rapporte l’Institut de l’élevage dans sa dernière note de conjoncture mensuelle. Au mois de mars dernier, les 1 000 litres ont été payés 518 € en moyenne. Mais le prix des 1000 l reste supérieur de près de 60 €/1 000 à son niveau du mois d’avril 2022. Cependant, le prix du lait diminue dans tous les pays, même en France où il est pourtant un des moins élevés de l’Union européenne. Les 1 000 litres ont ainsi été payés près de 45 € de moins entre les mois d’avril 2022 et janvier 2023. Hors de l’hexagone, les prix chutent davantage dans les pays où ils étaient les plus élevés, selon la Commission européenne. En Irlande, les 1 000 litres, achetés aux producteurs jusqu’à 715 € en décembre dernier, n’ont été payés que 491 € en mars dernier, soit 225 € de moins en trois mois. En Allemagne, la diminution de 124 €/1 000 l en quatre mois réduit l’écart de prix avec la France à 40 €/1 000 l environ contre plus de 120 €/1 000 l au mois de décembre dernier. Mais au Pays-Bas, le prix des 1 000 litres est dorénavant inférieur à son niveau d’avril de 2022. Il est même inférieur de 10 € à celui payé aux éleveurs français (environ 470 €/1 000 l). 
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