La Cobevial booste le Groupe Alliance
La Cobevial ? Une coopérative agricole de commerce de bovins et de porcs, oui. Mais ses activités sont bien plus larges, à travers sa filiale Groupe Alliance, un ensemble de PME qui ne cesse de se développer.
Nutrition animale, fabrication de produits élaborés frais et surgelés, négoce international de produits alimentaires, magasins de vente de viande au détail et demi-gros, transport et logistique, location d’espaces professionnels… Autant d’activités vivent derrière la coopérative Cobevial. Ou plus précisément derrière sa filiale, Groupe Alliance, qui détient aujourd’hui douze PME, et qui est actionnaire à 29 % du Groupe Bigard, et à 34 % de Touquet Savour, négociant et conditionneur de pommes de terre de variétés haut de gamme.
Un intérêt pour les cent vingt-cinq agriculteurs (soit 6,5 % du capital) actionnaires, puisque leur prise de risque financier est rémunérée par des dividendes versés par l’entreprise à chacun des propriétaires d’actions, mais surtout par l’appréciation en bourse de la valeur du capital investi.
Pour que ces PME soient compétitives, le groupe oriente sa politique vers quatre axes : la démarche qualité (toutes les entreprises sont certifiées dans leur domaine), la compétitivité, qui consiste, chez Alliance, à se faire connaître par le produit lui-même, l’innovation, et la satisfaction du client. «Ce dernier point peut paraître quelconque et commun à toutes les entreprises. Il est pourtant primordial aujourd’hui, assure Hubert Parry, président du directoire du groupe. L’économie connaît une révolution, car les critères d’authenticité et de qualité sont devenus des priorités. Le consommateur va plus vite que le distributeur n’est capable de s’adapter. Nous devons donc opérer à une veille permanente des attentes du marché et de ses évolutions.»
Parmi les entreprises en pleine évolution, Alliance a nommé Gelaé, implantée à Foucarmont (76), à la frontière de la Somme, spécialisée dans les produits élaborés à base de viande, de légumes et de produits de la mer. Son produit phare est le légume farci. Salariés : quatre cent vingt personnes dans ce site, et quatre-vingts autres dans l’atelier déporté de Bercq. Chiffre d’affaires : 95 millions d’euros, qu’Alliance compte bien faire évoluer dès cette année.
«Nous créons une nouvelle ligne, qui devrait être opérationnelle en juillet, pour développer les portions individuelles élaborées cuites», précise Hubert Parry. Un investissement d’1,6 M€ nécessaire pour augmenter la production, puisque la ligne existante pour ces produits était à saturation. Il y a deux ans, le groupe avait déjà investi 800 000 € pour une ligne de snacking. Pas d’emplois créés cependant, car Gelaé mène en parallèle de ce développement une «politique de diminution de la pénibilité du travail grâce à la mécanisation». Entendez par là que les robots effectuent une partie des tâches.
S’adapter à la demande
O’Guste, basée en Vendée, est la petite dernière, achetée en décembre 2017. Elle est spécialisée en viande sur-mesure crue, cuite, élaborée et cuisinée, 100 % surgelée (steaks, cubes, rôtis, brochettes, marinés, chipolatas, viande confite…). «Nous voulons élaborer d’autant plus la viande piécée, comme les brochettes montées main», explique Hubert Parry. Là encore, la satisfaction du client est au centre de la réflexion. «La consommation de viande diminue. La seule croissance est avérée sur la viande qui ne déçoit pas le consommateur, soit une viande tendre, avec une qualité régulière. Nous y répondons avec ce type de produit.»
D’autres PME du groupe connaissent des évolutions : Bahier, «spécialiste de la rillette», dans la Sarthe, aussi leader français du boudin noir et blanc, va connaître «une phase de croissance externe par une acquisition». Interpal-Ulysse, expert dans le négoce international de produits de la mer, de viandes exotiques et de gibiers, investit dans une filiale nommée Armement Tahiti Tuna, une famille tahitienne qui développe sa flotte de tonniers. «On veut pouvoir maîtriser l’amont, connaître les fournisseurs et comment ils garantissent la fraîcheur et le respect absolu des espèces.» Un premier bâteau devrait être agréé en juillet, et un deuxième devrait l’être l’année prochaine.
Le groupe compte bien poursuivre sur sa lancée. «Depuis trois ans, nous opérons une reprise de la conquête. Nous voulons développer d’avantage les secteurs d’activités sur lesquels nous sommes déjà, en élargissant la zone géographique en France, et pourquoi pas ailleurs en Europe.» La cible type est une entreprise de taille moyenne (entre 15 et 100 M€ de CA), avec un dirigeant en place et une spécificité produit. Un petit doigt nous a soufflé qu’un projet pourrait aboutir prochainement en Espagne…
Le circuit court depuis toujours
Le circuit court ? C’est une pratique développée «depuis toujours» dans certaines PME du Groupe Alliance. «Seulement, jusqu’ici, on n’en parlait pas, car les consommateurs n’y accordaient pas d’importance. L’intérêt était principalement économique. Aujourd’hui, cela fait partie de notre discours marketing», explique Hubert Parry, président du directoire du groupe.
Des légumes farcis élaborés dans l’entreprise Gelaé, par exemple, proviennent en partie de la région : «Voilà trente ans que nous travaillons avec des producteurs de choux et de courgettes situés à moins de 50 km de l’usine.» Une méthode plus difficile pour les tomates, en revanche, car la production n’est pas très développée dans le secteur. «Mais c’est en train de changer. Des serres voient de plus en plus le jour.»
Centrale frais poursuit son projet
Centrale frais, c’est quatre magasins de vente de boucherie traditionnelle au détail, à Abbeville, Amiens Ailly-sur-Somme et Luneray (76), et un atelier de découpe à Amiens, à disposition des éleveurs qui pratiquent la vente à la ferme. Cet atelier de découpe fait justement l’objet d’un projet de développement. «Nous allons déménager du 51, rue de Sully, au 55, de la même rue. L’atelier de découpe actuel est presque à la limite de sa capacité (300 t par an en moyenne, ndlr) et il est vieillissant», rappelle Gérald Decayeux, gérant.
Avec ce nouveau bâtiment de 550 m2, soit 200 m2 de plus que l’ancien, qui pourra être étendu si besoin, le groupe espère atteindre 450 t par an. Il pourra également poursuivre les évolutions opérées cette année. «Depuis six mois, nous proposons aux éleveurs une solution clé en main. Nous ramassons les bovins et les porcs en ferme, nous les transportons dans un abattoir partenaire (Formerie, Le-Nouvion, Saint-Pol-sur-Ternoise), puis nous nous chargeons de la découpe. Nous pouvons même effectuer le retour ferme.» Autre nouveauté : un atelier saurisserie a vu le jour. Cette année, il est aussi possible d’acheter de la viande de bœuf locale dans les magasins Centrale frais. «Nous achetons trois bêtes sur pied à la Cobevial chaque semaine.»
La mise en service du nouvel atelier est prévue en septembre. Pour l’instant, pas d’embauche à la clé. «L’aménagement, très fonctionnel, doit nous permettre plus de productivité sans main-d’œuvre supplémentaire. Si l’objectif de 450 t par an est atteint, nous pensons tout de même embaucher un boucher.»