La coopération agricole résiliente en 2015
Si le bilan de 2016 risque d’être un peu plus dégradé, le président de Coop de France insiste sur le dynamisme du secteur.
Avec une année 2015 difficile, le chiffre d’affaires des coopératives agricoles françaises a légèrement diminué, passant de 87,5 milliards d’euros en 2014 à 85,9 milliards d’euros, en raison de la baisse des volumes et des prix (notamment du lait et du sucre). «Le chiffre d’affaires devrait également se tasser l’année prochaine», a indiqué Pascal Viné, délégué général de Coop de France, le 8 décembre.
Les coopératives s’adaptent néanmoins pour répondre aux évolutions de la concurrence internationale. Ainsi, depuis 1995, leur nombre est passé de 3 713 à 1 923, car un grand nombre d’entre elles se sont regroupées pour atteindre une «taille critique» nécessaire à certains marchés. Elles restent à 91 % des TPE et PME, pour 146 entreprises de taille intermédiaire (ETI), et seulement quinze grandes entreprises, et sont «les dernières entreprises au plus profond des territoires, les dernières à collecter le lait dans les régions difficiles», souligne Michel Prugue, président de Coop de France, ajoutant qu’elles pourraient faire le choix, plus évident, de s’approvisionner au moins coûteux et au plus rentable.
L’accomplissement de cette mission au service des adhérents est, d’ailleurs, l’une des raisons de la faible rentabilité des coopératives. Les investissements dans les outils de production sont importants, comme pour les industries lourdes, et le taux de marge (excédent brut d’exploitation/chiffre d’affaires) est faible à 3,87 %, nettement en dessous de celui des industries agro-alimentaires en général, qui atteint 7,1 %, et très loin derrière celui des services financiers et assurances
(15 %).
Renforcer la compétitivité
Cette faible rentabilité rend incontournable la question de la compétitivité. Si cet objectif fait partie du plan stratégique «Coop de France 2020», Michel Prugue estime, que côté gouvernement, «on ne peut pas passer à côté d’allègements de charges», alors que le secteur est toujours exclu du CICE sans contrepartie valable. Les coopératives entendent bien profiter de l’élection présidentielle pour remettre le sujet sur le devant de la scène, avec celui de l’allègement des normes, qui atteignent aujourd’hui «des sommets inacceptables», poursuit le président de Coop de France. «Aujourd’hui, les tâches administratives représentent 15 % du temps des agriculteurs sur leur exploitation», relève-t-il.
Un temps qui serait bien utile ailleurs, surtout en période de crise. Les difficultés de la filière pourraient accentuer les évolutions du secteur, que ce soit en matière de regroupements, mais aussi au niveau de la stratégie économique. De plus en plus d’adhérents sont d’ailleurs en demande d’accompagnement dans la gestion des risques. Les coopératives souhaitent également augmenter la création de valeur au sein des filières, grâce à une meilleure adéquation de la production au marché, à travers l’innovation, la traçabilité, la mise en avant de l’origine, ou encore l’international. Et malgré la conjoncture, «il y a dans les régions, un discours et une énergie incroyables» sur lesquels la dynamique de Coop de France pourra sans aucun doute s’appuyer, souligne Michel Prugue.