A la découverte du métier de salarié agricole
Une trentaine de demandeurs d’emploi a participé à la première journée de l’emploi en élevage organisée par la chambre d’agriculture, l’Asavpa et Pôle emploi.
Mardi 25 juin, 9h30. 32 demandeurs d’emploi ont déjà pris place dans les mini-bus qui les emmènent visiter deux exploitations d’élevage samariennes. Ils vont avoir l’occasion d’y rencontrer des salariés agricoles et d’échanger avec eux sur leur métier. Si certains d’entre eux ont déjà travaillé dans une ferme, la plupart d’entre eux ne connaissent pas du tout ce secteur d’activité. Et c’est justement dans l’objectif de faire découvrir ce métier que la chambre d’agriculture a organisé cette première «journée de l’emploi en élevage», en partenariat avec l’Asavpa et les agences Pôle emploi de Doullens, Abbeville, Friville-Escarbotin et Amiens-Millevoye.
«Le métier de salarié agricole, en particulier en élevage, a beaucoup évolué, rappelle aussi Stéphane Verscheure de la chambre d’agriculture. Le besoin en main d’œuvre est bien réel et si on veut susciter des vocations, il faut en montrer les atouts».
Or-ga-ni-sa-tion
C’est un sous un soleil propice aux échanges que Jean-François Bernard, l’exploitant, et Yves Liébert, l’un des quatre salariés, accueillent d’abord le groupe à Long. «Organisation» et «anticipation» sont les maîtres-mots dans cette exploitation de polyculture-élevage comptant bientôt 150 vaches et 700 brebis à viande. Les plannings sont fixés six mois à l’avance : «Il est plus facile de modifier un planning que de s’organiser à la dernière minute», explique Yves.
La situation est un peu différente au Gaec Grancher-Louchet à Bussus, la seconde visite de la journée. Il faut compter là-bas un salarié pour trois associés. «Ce n’est pas facile d’avoir trois patrons !», explique Frédéric Lucquet, 30 ans, le salarié de l’exploitation. C’est pourquoi, tous les matins une demi-heure est consacrée à l’organisation de la journée autour d’un café. «Je suis pompier bénévole et notre organisation me permet de conserver des astreintes», complète Frédéric.
L’intégration du salarié dans la vie de l’exploitation a aussi beaucoup intéressé les visiteurs. Démonstration à l’appui, c’est Yves Liébert qui assure lui-même les inséminations. De son côté, Frédéric Lucquet a été partie prenante des décisions lorsque une nouvelle stabulation a été conçue avec l’aide d’une ergonome.
Le salariat, une solution à la surcharge de travail
Au terme de la journée, les demandeurs d’emploi avaient pu ainsi découvrir quelques facettes du métier de salarié agricole et connaître les différents partenaires de l’emploi (voir encadré). Une quinzaine d’entre eux se sont montrés d’ores et déjà intéressés pour suivre une formation et travailler en élevage. «Ils ont appris qu'ils pouvaient encore trouver un emploi durable ou saisonnier en agriculture», commente Laurence Malherbe de Pôle emploi Abbeville. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs déjà laissé leur CV à la bourse d’emploi et au service de remplacement.
Reste à convaincre les éleveurs les plus réticents à l’embauche. Mais cette journée, avec le témoignage des éleveurs et de leurs salariés, prouve que le salariat est une des clés pour résoudre la surcharge de travail dans les élevages.
ILS ONT DIT
Daniel Roguet, président de la Chambre d’agriculture
"Je me félicite de voir des élevages qui maintiennent ou développent l’emploi salarié. Le salariat est l’un des leviers pour pérenniser de l’élevage. Il nous faut l’encourager".
Gérard Blondel, président délégué du Comité d’orientation emploi-formation
"Ces journées sont importantes pour créer des liens entre les différents organismes et les différents comités qui œuvrent pour l’emploi salarié".
Jean-François Bernard, exploitant à Long
"Etant le seul agriculteur sur mon exploitation, m’appuyer sur des salariés m’a permis de développer mon entreprise et de créer de la valeur ajoutée. Sans salariés, je n’aurai pas pu maintenir les ateliers d’élevage. Ils sont indispensables au développement de l’exploitation".
Yves Liébert, salarié de Jean-François Bernard
"Je suis salarié agricole depuis plus de dix ans et j’ai commencé à travailler avec Jean-François Bernard en 2008. Sur l’exploitation, je m’occupe des vaches laitières. Au fil des ans, nous avons rôdé notre organisation. C’est essentiel pour être efficace dans son travail, mais aussi pour permettre à chacun d’avoir du temps pour sa vie familiale et les congés.