La fascine : quelques règles d’implantation pour garantir son efficacité
La fascine est un ouvrage d’hydraulique douce en pleine expansion pour lutter contre l’érosion.
La fascine est un aménagement linéaire constitué de branchages pour lutter contre l’érosion. Alors que la fascine s’est imposée depuis longtemps dans le Nord Pas de Calais et en Normandie, le nombre de ces éléments du paysage dans le département de la Somme ne décollait pas au début des années 2000. Ce n’est désormais plus le cas. La base de données «Ruissol», renseignée par l’association Somea, qui recense les ouvrages de lutte contre l’érosion à l’échelle du département, fait état en 2012 de plusieurs dizaines de fascines.
Par un financement à hauteur de 40 %, le PVE (plan végétal pour l’environnement) a favorisé la mise en place de fascines dans les secteurs à érosion. On constate que de plus en plus d’agriculteurs décident d’en implanter eux mêmes car ils disposent de la matière première (saule – noisetier…). Attention toutefois lorsque l’on ne fait pas appel à un prestataire, quelques règles doivent être suivies si l’on veut garantir l’efficacité de l’ouvrage dans le temps…
L’intérêt et le rôle d’une fascine
La fascine, constituée de branchages, a été utilisée à l’origine pour conforter les berges des cours d’eau, puis a été adaptée pour lutter contre l’érosion des sols. Positionnée en travers de l’axe de ruissellement principal, elle constitue un obstacle perméable qui freine l’eau et retient la terre (en limons battants, des mesures en Alsace ont montré que les fascines pouvaient retenir au champ jusqu’à 22 m3 de terres en quelques années). La fascine couramment implantée dans la Somme est constituée de deux rangées de pieux vivants entre lesquelles on a amassé des «fagots», souvent constitués de saule. Rapidement, les pieux et les branchages enterrés reprennent vie pour former une haie à terme.
Outre son efficacité rapide en terme de rétention des sédiments, de récentes expérimentations réalisées par l’Areas (association de recherche sur les sols basée en Normandie) ont permis d’estimer les volumes infiltrés aux abords des fascines à savoir 170 mm/heure !
Aussi, l’association haie et fascine permet de prolonger le frein au ruissellement puisqu’au bout de dix ans on considère qu’une fascine non rechargée n’est quasiment plus efficace alors que la haie dense atteindra son rythme de croisière en terme de ralentissement des flux hydrauliques.
L’implantation détermine l’efficacité de la fascine
La qualité du fagot de remplissage est fondamentale. Plusieurs règles doivent être suivies si on veut atteindre une efficacité immédiate et durable en matière de rétention des sédiments.
Il est nécessaire de :
- compacter le fagot uniformément sur toute la hauteur de la fascine sachant qu’une décompression s’opère toujours dans l’année qui suit vers le haut,
- s’assurer de l’homogénéité du remplissage en ayant une distribution régulière de tiges rectilignes de section relativement petite de 2 à 3 cm de diamètre,
- enterrer les fagots sur 35 à 50 cm pour permettre une bonne reprise,
- recharger la fascine une à deux fois dans les dix premières années.
Attention également à la pose des fagots dans le cadre de la réalisation de fascines de grande longueur. Afin d’assurer la compression des fagots dans le temps, il est recommandé de poser des tasseaux reliés aux pieux par des fils de fer. Des plançons peuvent également être disposés à l’amont pour renforcer la solidité de l’ouvrage.
L’efficacité peut être influencée par l’activité de la faune ou à cause d’un mauvais dimensionnement, de traces de roues… le ruissellement pouvant passer à côté.
Moyennant quelques règles simples, on obtient de très bons résultats en matière de diminution de l’érosion par d’implantation de fascine.
RENDEZ-VOUS
Jeudi 6 décembre à Woincourt
Visite d’aménagements anti-érosion
L’association Somea et le syndicat intercommunal pour l’amélioration de l’écoulement dans le Vimeu organisent le jeudi 6 décembre une visite d’aménagements anti-érosion (fascines, haies…) sur le bassin versant de l’Amboise et l’Avalasse.
Rendez-vous à la salle polyvalente de Woincourt (place de la mairie) à 13h30. Prévoir des bottes et vêtements adaptés pour la visite sur le terrain.
Renseignements auprès de Catherine Brandicourt au 03 22 33 64 53.