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SANITAIRE
La FCO inquiète les éleveurs picards : la réponse est la vaccination

Le GDS Picardie a organisé jeudi de la semaine dernière une visioconférence pour faire le point de la situation sanitaire dans la région. Deux vétérinaires, belge et français, et la DDPP (Direction départementale de la protection de la population) ont apporté les informations nécessaires et répondu aux nombreuses questions des éleveurs bovins et ovins. Presque 300 personnes se sont connectées.

Clément Dusart, vétérinaire à Crèvecœur-le-Grand et premier intervenant, rappelle que la FCO a déjà sévi en 2006-2008, venue également du Nord. La fièvre catarrhale ovine est une maladie due à un virus et elle est vectorielle, c'est-à-dire transmise entre animaux par la femelle d'un moucheron culicoïde qui pique les ru-. Il n'y a donc pas de transmission directe entre animaux et c'est le vent qui transporte les moucherons, parfois jusqu'à des dizaines de kilomètres, d'où la diffusion rapide de la maladie. 27 sérotypes de virus de la FCO sont connus et c'est le 3 qui sévit dans le Nord de la France, le 8 dans le Sud. La connaissance du sérotype incriminé permet de choisir le vaccin adéquat.

Signes cliniques et restrictions

Les signes cliniques sont les plus visibles chez le mouton et c'est sur cette espèce que la FCO est la plus mortelle, avec parfois 20 à 30 % de mortalité (voir signes cliniques sur les photos). Chez les bovins, les signes sont plus discrets, la maladie cause peu de mortalité et, chez les caprins, les signes cliniques sont absents. «Un animal qui s’isole, semble abattu, des membres raides, des ulcères dans la bouche, une hypersalivation, de la température... sont des signaux d’alerte chez l’ovin. Chez le bovin, on remarque plus un écoulement nasal, de l’œdème, mais aussi une hypersalivation et des ulcères sur les gencives», pré-vient le vétérinaire. Dans tous les cas, seul un dépistage par prélèvement sanguin permettra d’en avoir le cœur net. 
La Picardie étant en zone régulée, des mesures ont été prises pour freiner l’avancement de la maladie le temps de la vaccination. Les mouvements à l’intérieur de la zone sont permis. Bien entendu, les animaux ayant des signes cliniques ne peuvent pas sortir de leur élevage. Les mouvements vers l’abattage sont permis s’il est effectué sous 24 heures. De même, les animaux de moins de 70 jours peuvent aller vers un atelier d’engraissement à condition de subir une désinsectisation 14 jours avant le départ, de même que le véhicule de transport avant le chargement.
Pour sortir de la zone, les animaux doivent être désinsectisés et 14 jours plus tard, un test PCR doit être effectué. S’il est négatif, les animaux pourront sortir de la zone régulée après une deuxième désinsectisation, 14 jours maximum après.
Les éleveurs de la zone régulée qui souhaitent participer à un concours en zone indemne doivent contacter l’organisateur pour en connaître les modalités.

La lutte contre la FCO

Pour ce qui est des mesures de prévention, Clément Dusart indique qu’elles concernent la prolifération des culicoïdes dont l’activité est optimale au delà de 20°C. En deça de 12°C, les vols sont arrêtés. L’élimination des gîtes larvaires et la séquestration des troupeaux dans des bâtiments avec moustiquaires à mailles serrées s’avèrent inefficaces. La désinsectisation n’est efficace qu’une ou deux semaines.
Reste donc la lutte contre le virus lui-même et là, il existe des armes, les vaccins adaptés au sérotype 3. Pour les ovins, c’est le Bultavo 3, injection unique d’1 ml, efficace au bout de 3 semaines.
Pour les bovins, c’est le Bluevac 3, en deux injections à 3 semaines d’intervalle avec une efficacité au bout de 3 semaines après la seconde injection. Le conseil du vétérinaire est clair : «vaccinez !» D’autant plus que le vaccin est gratuit s’il est commandé auprès d’un vétérinaire sanitaire. L’éleveur peut lui-même procéder à la vaccination. L’objectif est de diminuer les signes cliniques et de prévenir la mortalité, le vaccin est particulièrement recommandé dans les élevages ovins. Néanmoins, beaucoup d’éleveurs s’interrogent sur les possibles effets du vaccin sur la fertilité des mâles, mais aucune étude n’a été réalisée pour les mesurer.
Pour gérer un foyer, un dépistage par prélèvement sanguin sur animal malade ou mort doit être effectué ; le résultat est connu en moins d’une semaine. «Pour détecter les animaux malades au sein du troupeau, dans un premier temps, on procède à un examen à distance : animaux isolés, perte d’appétit, puis un examen plus rapproché est opéré : mesure de la température corporelle, ouverture de la gueule pour repérer des ulcères...», précise Clément Dusart.
En cas de FCO avérée, il n’y a pas de traitement, on peut juste soulager, notamment avec des anti-inflammatoires et des antibiotiques en cas de surinfection. On pourra également faire un traitement insecticide, mais le message du praticien est clair une nouvelle fois : le vaccin est fortement recommandé.

L’expérience des voisins belges

François Claine, vétérinaire dans le Sud de la Belgique, rappelle que la FCO, venue des Pays-Bas à la faveur des vents favorables aux culicoïdes, a causé la mort de plus de 40 000 ovins et 4 000 bovins en 2023, «la partie visible de l’iceberg» selon le praticien.
Depuis mai 2024, la Belgique dispose de 3 vaccins autorisés pour une durée d’un an. «Dans le cas d’une vaccination à temps et à double dose chez les ovins, les effets protecteurs sont indéniables : maintien en bâtiments, animaux non tondus moins malades, gestion du parasitisme, notamment d’Haemonchus contortus. Pour les caprins, généralement peu touchés, le maintien d’un bon état général est nécessaire pour lutter contre la FCO. Pour les bovins, le mufle rose et une inflammation du bourrelet coronaire sont des signes remarquables fréquents. En cas de FCO chez les bovins, la baisse de production laitière peut être importante. Cette fin d’été, en Belgique, on constate une forte hausse de la mortalité en bovins jeunes et adultes ainsi que de nombreux avortements, c’est la partie cachée de l’iceberg qui apparaît.»
Les pertes productives et reproductives seront évaluées grâce à une enquête épidémiologique qui sera lancée chez les éleveurs. Cela permettra de dresser un tableau clinique en Belgique. François Claine plaide pour la mise en place d’un réseau de fermes sentinelles avec pose de pièges à insectes pour évaluer la progression des virus (FCO ou Schmallenberg) via les culicoïdes repérés sur le territoire. Cela permettrait de prévenir les éleveurs des vols de moucherons, ce qui leur donnerait le temps de mettre en place des mesures de prévention.
En France ou en Belgique, l’épisode FCO n’en est manifestement qu’à ses débuts. Le conseil du GDS reste la vaccination.

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