La fibre : la France, leader mondial du marché
L’Hexagone est le premier producteur au monde de lin fibre et entend bien garder cette position grâce à une démarche prospective et collective.
En décembre dernier, l’interprofession Cipalin a répondu à la demande du président de la République, dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation, de s’engager pour le développement de la filière afin de répondre à une quadruple performance environnementale, sociale, économique et sanitaire. «La filière lin a des objectifs clairs, à savoir le maintien de sa croissance, l’augmentation de la consommation finale du lin en se plaçant sur le haut de gamme de la fibre naturelle. Elle se doit aussi de garder le leadership mondial de la production de lin et pérenniser sa culture dans des systèmes d’exploitation résilients» précise Bertrand Gomart, président du Cipalin.
Depuis avril 2017, la filière s’est engagée dans une démarche prospective et collective pour établir un plan décliné en six axes stratégiques cohérents avec les attentes des EGA : les pratiques culturales, la qualification des matières, les pratiques de teillage, la garantie de l’approvisionnement, le suivi des marchés et les prospectives, la promotion, communication et le développement. «Ces ateliers sont animés par des professionnels européens en activité. Il y a des agriculteurs, des teilleurs, des Français, des Belges et des Hollandais, l’institut technique Arvalis, des organisations européennes comme la Confédération européenne du lin et du chanvre, l’ABV pour la Belgique, VLAenHENNEP pour les Pays-Bas», souligne Bertrand Gomat. Et de conclure : «Le bilan de la première année est positif puisque les avancées sur l’amélioration des pratiques et de la production de fibre de lin, tant en qualité qu’en quantité, sont très encourageantes.»
Il existe près de cent variétés de lins cultivés, rassemblés par les botanistes sous le nom de Linum usitatissimum. Il s’agit d’une plante herbacée annuelle de la famille des Linaceae cultivée principalement pour ses fibres, mais aussi pour ses graines oléagineuses. Le lin est produit dans plusieurs pays du monde : Chine, Russie, Pologne, Lituanie, Biélorussie, Ukraine, mais aussi en Europe de l’Ouest : France, Belgique, Pays-Bas et en Afrique avec l’Egypte le long du Nil. En Europe, la répartition est la suivante : France 80 %, Belgique 15 % et Pays-Bas 5 %. La surface totale européenne est de 107 000 hectares pour une production de 143 820 tonnes de fibres teillées avec 12 000 emplois. Le lin d’Egypte a été rendu célèbre avec les vêtements des pharaons et les bandelettes de tissu recouvrant les momies.
Vingt-quatre teillages français
Le classement des pays est très différent selon qu’on prenne en référence les surfaces ou la production de fibre de qualité. En effet, par exemple, la France produit beaucoup de lin en quantité et qualité alors que la Chine produit peu sur de plus grandes surfaces. C’est donc la France qui produit le plus de fibre et la Chine qui possède le plus de surfaces. La France dispose d’une superficie de 89 000 hectares pour une production de 115 780 tonnes de fibres teillées, et compte 5 000 exploitations agricoles employant une main-d’œuvre spécialisée, cinq fois plus importante que pour la culture du blé, par exemple. L’Hexagone totalise vingt-quatre teillages employant plus de 1 000 salariés.
Le lin n’apprécie pas les fortes chaleurs et le manque d’eau. Les cultures se trouvent donc essentiellement en bordure maritime dans la région «grand Nord» de la France. C’est en Haute-Normandie, et en particulier en Seine-Maritime, que l’on trouve le plus de lin. La France est réputée pour produire les lins de meilleure qualité.
La Russie, la Biélorussie, l’Egypte et la Chine représentent des surfaces conséquentes, et produisent des lins dont les rendements en fibres sont trois à quatre fois moindres qu’en Europe de l’Ouest et dont la qualité est bien inférieure. Par ailleurs, les productions russes et biélorusses sont autoconsommées en quasi-totalité. Depuis de nombreuses années, la demande mondiale en fibres de lin se situe autour de 200 000 tonnes, soit moins de 1 % de l’ensemble des fibres textiles. 85 % sont à destination des filateurs chinois, le reste se partageant entre les filatures européennes et les nouveaux débouchés (matériaux composites). En revanche, ce sont les filatures européennes qui maintiennent une activité importante de création et d’innovation. Le développement de la maille de lin en est un exemple. Les rendements moyens se situent autour de 1 600 kg de lin teillé par hectare.
Une filière européenne biosourcée
Le label European Flax est le lien de la filière lin fibre européen «du producteur au consommateur final» de qualité premium tous débouchés. Il préserve, valorise et sauvegarde une exception agricole et industrielle européennes, son origine territoriale et des savoir-faire non délocalisables. La Charte European Flax, signée par l’ensemble des producteurs de lin, garantit une agriculture de proximité respectueuse de l’environnement : zéro irrigation, zéro OGM, zéro déchet. Elle s’inscrit parfaitement dans le cercle vertueux des bonnes pratiques environnementales prônées par le label Craddle to Craddle. Ses utilisateurs s’engagent à respecter les objectifs de la marque : certifier une garantie de transparence et de sécurité pour chaque étape de production - de la graine à la fibre ; être une marque tous débouchés : un visa qualitatif du lin fibre européen qui anticipe et accompagne l’ouverture de nouveaux marchés mode, art de vivre, maison et débouchés techniques ; accompagner l’ouverture vers de nouveaux marchés géographiques ; préserver le produit agricole ; confirmer le lin comme une fibre végétale naturelle participant à la protection des écosystèmes par les bonnes pratiques de sa culture, ainsi que les règles de labellisation, exclusivement sur les produits, dont la partie lin est composée à 100 % de fibre European Flax, et de composition finale 100 % lin ou majoritaires lin (mélange > 50 % lin). Les mélanges peuvent intégrer au maximum 50 % d’autres fibres, mais pas de lin non-labellisé.