La filière brassicole s’inquiète d’une baisse du taux de protéines
Un souci pour les transformateurs, des réponses possibles côté amont.
«Après avoir craint une teneur en protéines trop élevée dans les orges, on arrive à des niveaux parfois insuffisants», a noté le président de la commission orges de l’Agpb (Association générale des producteurs de blé) Rémi Haquin, le 15 avril au 16e colloque d’Arvalis consacré à cette production. «C’est un enjeu crucial pour la filière : un taux faible ou excessif pose problème. La solution globale voulue par la réglementation n’est pas une réponse satisfaisante. Il faut aller vers un pilotage des cultures basé sur la bonne dose au bon moment. Des outils sont pour cela nécessaires».
Une «machine infernale» à faire baisser le rendement
Selon l’ingénieur d'Arvalis Alain Bouthier, l’explication de cette baisse de la protéine ne vient pas du climat. Elle n’est pas non plus à chercher dans l’évolution variétale.
Ce qui est en cause, c'est l’évolution des pratiques culturales et des contextes de production. Or, pour les brasseurs, la qualité idéale reste la même : 9,5 à 11 de protéines en orge d’hiver, 10 à 11,5 en orge de printemps.
Les producteurs en arrivent à cette question, relayée par Dominique Romelot (Axéréal) : «N’est-on pas allé trop loin dans la maîtrise des protéines en appliquant des doses d’azote trop faibles ?» Une contrainte vient de la réglementation liée à la directive nitrates. L’apport d’engrais est alors calculé selon la méthode du bilan. «La moyenne historique de rendement détermine la dose, a déploré Rémi Haquin. Pas de souci quand l’azote n’est pas un facteur limitant. s’il l’est, en cas d’année favorable, le rendement se trouve pénalisé. C’est une machine infernale. La moyenne de l’exploitation ne peut que baisser». «La bonne réponse à la problématique du taux de protéines tient à des pratiques agricoles prenant en compte l’agronomie, le climat, a-t-il ajouté. Ce n’est pas avec des dispositions réglementaires volontairement restrictives».
Il faut remettre à l’ordre du jour les outils de pilotage comme Jubil, N Tester, a estimé Alain Bouthier, convaincu que des marges de progrès existent dans la gestion des doses d'azote et l'efficacité des apports. «Il serait judicieux de remettre un peu de souplesse dans la détermination de la dose d’azote», a renchérit le technicien d’Axéréal Dominique Romelot, en regrettant le passage d’une dose conseillée, jusqu’au début des années 2000, à une «dose obligatoire» résultant d’un paramétrage normalisé.