Aller au contenu principal

La filière laitière se mobilise

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, le programme proposé par l’interprofession laitière permet en dix ans, de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre.

La réduction des gaz à effet de serre passe par de nombreux leviers  qui ne doivent impacter ni le revenu, ni les conditions de travail.
La réduction des gaz à effet de serre passe par de nombreux leviers qui ne doivent impacter ni le revenu, ni les conditions de travail.
© J. Chabanne

Alors que la COP 21 sur la lutte contre le changement climatique s’est ouvert le 30 novembre dernier à Paris, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) a décidé d’apporter sa contribution. Avec le concours de l’Institut de l’élevage, il a mis au point un programme, la «ferme laitière bas carbone», visant à réduire de 20 % les gaz à effet de serre dans les dix ans qui viennent.
Chez les éleveurs, la mise en place de la stratégie bas carbone repose sur un outil de diagnostic et d’aide à la décision, CAP’2ER, qui mesure l’empreinte carbone dans le lait. «Nous n’avons pas voulu créer un outil descendant, conçu de haut en bas, et qui se diffuserait chez les éleveurs. Notre démarche s’appuie sur la situation et les pratiques concrètes de chaque exploitation. Car la façon d’élever des animaux et de produire du lait n’est pas identique sur le territoire français», explique Marie-Thérèse Bonneau, membre du conseil d’administration du Cniel.
Expérimenté sur près de 4 000 éleveurs, l’outil permet à chaque éleveur de calculer ses émissions de GES, d’en comprendre la raison et d’identifier les leviers d’amélioration. Les premiers résultats sur 1 700 fermes ont permis de mesurer les émissions de dioxyde de carbone (CO2) par litre de lait standard : elles atteignent 1,06 kg CO2 par litre, mais 0,99 kg par litre en bilan net, si on tient compte du stockage du carbone dans le sol. Dans les exploitations déjà engagées dans la stratégie bas carbone, les chiffres s’élèvent respectivement à 0,9 kg CO2 et 0,85 kg de CO2.

Leviers d’action
Sans bouleverser la gestion de l’exploitation, les leviers d’action portent sur les émissions de méthane (NH4) en jouant sur l’âge au vêlage, l’alimentation des animaux et la gestion des déjections (y compris la méthanisation), Celles de protoxyde d’azote (N2O) peuvent être diminuées par l’amélioration de la fertilisation et l’introduction de légumineuses.
Quant au dioxyde de carbone (CO2), il peut être réduit par des économies de fuel, d’électricité et sur les intrants (aliments et engrais notamment). Les exploitations peuvent également améliorer le stockage du carbone par l’introduction de prairies permanentes et temporaires, la plantation de haies et le développement des cultures intermédiaires dans les rotations.
Surtout, «il y a un lien entre la performance environnementale et la performance économique», insiste Marie Thérèse Bonneau, qui considère qu’il serait difficile de mobiliser les éleveurs sur un objectif de réduction des GES uniquement. La mise en place de pratiques «bas carbone» permet, en effet, de réaliser une économie de 14 €/1 000 litres le coût de production, a calculé l’Institut de l’élevage. Au printemps 2015, la «ferme laitière bas carbone» a été l’un des lauréats du concours My positive impact, imaginé par la Fondation Nicolas Hulot.
Aujourd’hui, cette initiative est retenue dans l’agenda des solutions de la COP 21 en matière agricole. En effet, elle s’inscrit parfaitement dans le programme de recherche internationale appelé «4 pour 1 000» porté par le ministre de l’Agriculture. Son objectif est d’augmenter le stockage du carbone dans le sol à hauteur de ce chiffre tous les ans. Une telle augmentation permettrait de compenser l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre de la planète.

Calcul automatisé des performances environnementales

CAP’2ER, pour calcul automatisé des performances environnementales en élevages de ruminants, comprend deux niveaux de diagnostic. Le premier dit de niveau 1 est simple et rapide. «Il a surtout pour vocation de sensibiliser aux thématiques environnementales, de positionner l’exploitation par rapport à des références et d’identifier les postes responsables d’émissions de GES. Il se subdivise en deux déclinaisons, l’une accessible à tous et gratuitement sur le Web(1) et l’autre, en passant par un conseiller qui dispose d’une licence lui donnant accès à l’application sans connexion Internet», explique Sindy Moreau, de l’Institut de l’élevage. Vingt-sept paramètres sont à renseigner. Trente minutes sont nécessaires pour réaliser le diagnostic.
L’outil se base sur la méthode d’analyse des cycles de vie qui intègre à la fois les impacts directs liés à la conduite du troupeau (émissions du bâtiment, présence de haies...) et les impacts indirects, générés par l’utilisation d’intrants (fioul, électricité, aliments...).
Le diagnostic de niveau 2 est plus complet. Un plus grand nombre de paramètres (100 à 150) est à saisir lors de la visite du conseiller. Il offre une analyse multicritères (GES, qualité de l’eau/air, biodiversité...). Les données sont stockées dans une base centrale. Ce niveau donne également la possibilité d’identifier les leviers susceptibles d’atténuer son empreinte environnementale et autorise une simulation d’un plan d’actions avec un conseiller.

(1) : www.cap2er.fr/Cap2er/

Pour en savoir plus : cap2er@idele.fr

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Christophe Boizard a engagé sa réflexion autour du développement de son atelier laitier plusieurs années en amont  de sa réalisation.
Élevage laitier : sept ans de réflexion pour ne pas se tromper

Dans un secteur où les cultures entrent en concurrence directe avec l’élevage, Christophe et Caroline Boizard sont «…

Des Picards têtes d'affiche du All star game de la pêche à Amiens

Ces 2 et 3 novembre a lieu le Sipac (Salon international des pêches aux coups) à Mégacité à Amiens. Le All star game ouvre le…

Saint-Hubert
Le jour de Saint Hubert, tout un symbole pour les chasseurs français

Le 3 novembre, les chasseurs de toute la France honorent la fête de la Saint-Hubert, une journée emblématique en l’honneur de…

Le festival de l’agriculture en Picardie maritime 2025 prend forme

Autrement connu sous le nom de Foire agricole d’Abbeville, le Festival de l’agriculture en Picardie maritime se prépare…

Avec des sols gorgés d'eau,  les risques de tassements sont importants,  surtout les tassements en profondeur,  qui peuvent persister plusieurs années.
Prévenir le risque de tassement à l'arrachage des betteraves

Pour les récoltes à venir, les conditions climatiques se sont particulièrement dégradées avec des sols qui sont désormais très…

soja Brésil lait Danone
Danone annonce renoncer au soja brésilien

Le géant de l’agroalimentaire entend montrer qu’il n’est pas responsable de la déforestation à l’échelle mondiale. 

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde