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Aménagement
La haie, ce patrimoine vivant qu’il faut restaurer !

À la veille de la 41e édition des Journées du Patrimoine, la Chambre d’agriculture de la Somme vous propose de prendre un instant pour observer et vous interroger sur le rôle des haies, ce patrimoine vivant qui rend service et fait le bonheur de la plaine !

Pour la petite histoire, la Pac 1992 va accélérer la régression des haies, les surfaces agricoles arborées ne sont pas éligibles aux primes car l’arbre et considéré comme «improductif». Dans le même temps, les remembrements agricoles successifs et l’utilisation d’engins agricoles de plus en plus larges auront raison des haies. Et pourtant, ces dernières n’ont pas dit leur dernier mot. Il faut aussi signaler les efforts entrepris par les agriculteurs samariens, dans le cadre du plan de relance, qui ont en 2021 et 2022 replanté plus de 55 km de haies dans leurs champs.

 

La haie, je t’aime moi non plus

Dans un contexte où l’agronomie doit reprendre sa place dans les pratiques agricoles, les haies sont timidement réhabilitées dans les parcellaires. Le monde agricole prend peu à peu conscience des services rendus par les haies, et ce, à tous les étages : agronomie, climat, paysage, gestion des eaux et des sols. Leur importance dans le maintien de la biodiversité en milieu agricole est aussi capitale : réservoir pour de nombreuses espèces, elles jouent aussi le rôle de corridor écologique. «On en a besoin pour réduire la consommation de produits phytosanitaires, le ruissellement des eaux, abriter les bêtes et les cultures des vents et, bien sûr, installer un certain nombre d'espèces d'oiseaux qui pourront nidifier», précise Thomas Damonneville, conseiller environnement à la Chambre d’agriculture de la Somme, qui accompagne les agriculteurs et collectivités à replanter ou entretenir leurs haies.

 

Planter une haie ne s’improvise pas

Quatre conseillers sont formés à la gestion des haies et à l’agroforesterie. En effet, la Chambre d’agriculture propose aux agriculteurs et aux collectivités désireux de réaliser un aménagement d’arbres ou de haies, de travailler sur le montage du dossier technique et administratif. Il s’agit le plus souvent de projet de plantation de haies autour des parcelles, allant de la haie basse taillée au carré à la haie libre dépassant les 2,5 m de haut. Il existe aussi des haies avec des arbres pouvant atteindre 15 m de haut. Il n’y a par ailleurs aucune limite réglementaire sur la hauteur. «Seule limite, les distances d’implantation. Si la haie mesure moins de 2 m de haut, on doit se reculer d’au moins 50 cm par rapport à la limite de propriété. Si cette dernière dépasse les 2 m de haut, on doit se reculer de 2 m minimum. La haie haute occupe logiquement plus de surface mais, encore une fois, tout dépend du projet de l’agriculteur», ajoute Thomas.

 

À chacun son projet, chacun sa haie

Avant tout démarrage de projet, respectons un principe de base : celui de se fixer un objectif. «Planter une haie pour planter une haie n’a pas de sens, il faut connaître la motivation de l’agriculteur, ce qu’il veut en tirer.» Une haie de 1,5 m de haut taillée au carré demande du travail d’entretien. Est-ce qu’on recherche une haie pour la biodiversité ou le stockage carbone ? «Sur des motivations plus pratiques comme la protection contre le vent, il vaut mieux laisser une haie libre qui fera plus de branches et qui va se développer en hauteur. Les branches hautes sont plus efficaces contre le vent et moins chères en entretien mais, à l’inverse, elles vont occuper plus de terrain. C’est une histoire de choix !» Après une année marquée par une pluviométrie exceptionnelle, sur une parcelle vallonnée, la haie vient aussi corriger les problèmes de ruissellements en fonction de son orientation. Planter des haies perpendiculairement à la pente et aux axes de ruissellement permet de ralentir les ruissellements, infiltrer une partie de l'eau, retenir les sédiments transportés par l'eau et donc limiter l'érosion des sols.

En plus des haies en périphérie de parcelle, certains agriculteurs plantent des alignements d'arbres forestiers et de haies en intra-parcellaire. C'est ce que l'on appelle l'agroforesterie. L'espacement entre ces linéaires est défini en fonction du matériel utilisé, l'orientation des alignements d'arbres et l'objectif de l'agriculteur. On peut avoir des projets avec des espacements 15 m et d'autres de plus de 100 m.

 

Concevoir son projet avec la Chambre d’agriculture

Une fois que les objectifs sont clarifiés, il s’agit d’actionner tous les leviers pour rendre la haie efficace et profiter un maximum des bénéfices qu’elle a à offrir. La Chambre d’agriculture dispose de logiciels de cartographie pour dessiner les plans d’aménagements de haies ou projets d’agroforesteries.

Pour rappel, l’accompagnement de la Chambre d’agriculture est fiancé par le Pacte en faveur de la haie, ce qui rend la prestation gratuite pour l’agriculteur. «Très concrètement, notre équipe lui fournit un plan d’aménagement détaillant le nombre de linéaires, le nombre de plans à commander chez le pépiniériste, les essences recommandées, etc. À savoir que parmi les essences subventionnées se trouvent différents chênes, charmes, merisiers, hêtres, cornouillers, érables, châtaigniers, tilleuls, troènes, noisetiers, etc.»

 

L’efficacité d’une haie, c’est d’abord soigner sa plantation

Il est recommandé de passer un petit coup de décompacteur pour faciliter le développement des racines ou de charrue pour mettre le sol au propre. Il faut aussi veiller à mettre un bon paillage au pied, pour empêcher la concurrence de l’herbe trop rapide et conserver la fraîcheur du sol. «En période de printemps sec, l’apport d’eau peut aider la plante à se développer, mais soyez vigilant, à vouloir trop aider l’arbre, il devient fainéant ! Laissez-le gagner en autonomie et profiter des ressources qu’il trouve en surface, il faut le forcer à descendre dans le sol», conseille Thomas.

 

Aide à la plantation

Le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a lancé le «Pacte en faveur de la haie». En Hauts-de-France, l'objectif fixé par le gouvernement est la plantation de 550 km supplémentaires de haies. Une enveloppe de 
5 millions d'euros a été allouée par le ministère pour 2024, afin de financer la plantation et la gestion durable des haies et des arbres intra-parcellaires. Pour atteindre cet objectif, l'État propose un financement à hauteur de 100 %. La Chambre d'agriculture de la Somme est financée pour vous accompagner dans la constitution de vos dossiers. L'investissement minimum requis est de 1 500 € HT. Ne tardez pas, la date limite de dépôt des dossiers est fixée au 29 septembre 2024. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à nous contacter.

 

L’efficacité d’une haie, c’est aussi sa densité au pied

Une haie seule a moins d’intérêt que plusieurs lignes d’arbres. En effet, plantée sur deux lignes, en quinconce, la haie est plus efficace, particulièrement sur des aménagements pour corriger l’érosion sur un chemin hydraulique ou des talwegs, autrement dit tous les points bas d’un versant qui constituent le fond de vallée. Il est important, tout projet confondu, de rechercher une grosse densité au niveau du pied. Pour ce faire, il convient de serrer les pieds à la plantation, tous les 50 cm au minimum. «Il y a une taille de formation de la haie que l’on appelle un recepage. C’est-à-dire que l’agriculteur vient recouper la haie quasiment à blanc, à 5 cm du sol l’hiver, au bout de deux-trois ans. Cette coupe franche va venir densifier le pied. Il y a des espèces qui supportent mieux que d’autres type charme, hêtre, chêne. Les arbustes la supporte très bien aussi», précise Thomas.

 

La haie, un business qui rapporte ?

La plantation de haies était subventionnée à hauteur de 80 % les années précédentes, et l’est totalement cette année, à 100 % avec le Pacte en faveur de la haie. Cependant, son entretien reste à la charge de l’agriculteur. «Une «haie érosion», même si elle ne rapporte pas grand-chose à très court terme, va permettre d’avoir moins de perte de sol, moins de travaux à prévoir en plaine si les ravinements ou les zones de dépôt diminuent. Mais c’est plus difficile à chiffrer», constate Thomas. Il s’agit une nouvelle fois d’une question de choix de l’agriculteur. Certains ont choisi de valoriser leur haie en produisant des plaquettes de bois pour alimenter leur chaudière. On estime que 1 m3 de plaquettes équivaut à 80 l de fuel. Pour aller plus loin, 1 km de haie représente 3 t de matière sèche qui représentent 155 l de fuel, soit 8 stère de bois.

En élevage, les haies présentent aussi des avantages, exemples sur le bien-être de nos amis les bêtes : points d’ombre, préservation de l’herbe, protection contre les vents desséchants ou intempéries. Certaines essences d’arbres présentent aussi des intérêts au niveau fourrager ou encore pour garnir les litières.

 

Quand et comment entretenir mes haies ?

Réglementairement, il faut intervenir entre le 15 août et le 1er mars. La taille idéale pour le végétal se réalise plutôt sur la période hivernale (novembre-février). La taille douce au sécateur ou au lamier évite les blessures aux arbres et arbustes, permet le ramassage du bois et favorise la cicatrisation des plaies. La taille au broyeur est adaptée aux jeunes pousses inférieures à 2 cm de diamètre.

 

Entretenir et valoriser les haies plus âgées

Un outil informatique a été développé par les Chambres d’agriculture. Intitulé «plan de gestion durable des systèmes agroforestiers», ce tableur fait l’inventaire de chaque linéaire de plantation de haies, arbres et bosquets isolés, tout ce qui relève de l’arbre sur l’exploitation, pour estimer le volume de bois prélevable, dans le cadre d’une valorisation. «Sur le volume de carbone additionnel, l’outil est capable d’évaluer le carbone stocké dans la haie. La haie peut donc rentrer dans le cadre de contrats de vente de carbone, sans oublier les indices de biodiversité. En fonction de ces paramètres, on peut orienter l’agriculteur vers des méthodes d’entretien qui apportent de la valeur ajoutée», explique Thomas.

La plantation de haies agricoles vous intéresse ? Vous avez un projet d’aménagement en tête et souhaitez le concrétiser ? Vous voulez recevoir des conseils sur votre projet d’agroforesterie ?
 

Contactez notre conseiller environnement Thomas Damonneville 03 22 33 69 06/06 20 03 76 52/
t.damonneville@somme.chambagri.fr

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