La leçon de betteraves de Christiane Lambert à Yannick Jadot
Lors du débat « L’économie au secours de l’écologie, et vice-versa ? » organisé par le Medef le 27 août dernier, Christiane Lambert a sèchement recadré l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot sur le sujet des néonicotinoïdes.
Sur les réseaux sociaux, c'est une vidéo qui est en train de devenir virale. Dans un extrait de 2 minutes 17 du film qui rend compte du débat « L’économie au secours de l’écologie, et vice-versa ? » organisé par le Medef le 27 août dernier, on y retrouve une présidente de la FNSEA très en forme face à l'eurodéputé Yannick Jadot. La raison de leur « prise de bec » ? Le recours aux néonicotinoïdes pour protéger la culture de la betterave du virus de la jaunisse ; lequel compromet le rendement betteravier de la prochaine campagne et ses conséquences sur l'économie de la filière betteravière.
Assurer la pérennité d'une filière
Pour Yannick Jadot, la possibilité d'une ré-autorisation de l'utilisation des néonicotinoïdes en enrobage pour la protection de la betterave pour une durée de trois ans ne passe visiblement pas : « On se bat pour mettre l'agroécologie au cœur du bazar (sic) et à la fin, on revient sur les néonicotinoïdes dans les betteraves » a-t-il dit.
Mais pour Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, empêcher une filière d'utiliser des moyens efficaces pour garantir sa pérennité est tout autant un non-sens. « Est-ce que la France va laisser filer ses 450 000 hectares de betteraves ? », a-t-elle interrogé. Bio ou pas, « les betteraves sont aussi jaunes » a ensuite souligné Mme Lambert, avant d'inviter son contradicteur à « venir voir ».
Car pour la présidente de la FNSEA, « venir de l'Aisne – Yannick Jadot revendique régulièrement ses origines axonaises, il est né à Clacy-et-Thierret -, ce n'est pas un doctorat en betteraves. Etre né au milieu des betteraves ne vous donne pas le fait de tout savoir sur le sujet (…) Une aberration ou une bêtise répétée 10 fois ne devient pas une vérité ». « La betterave n'est pas une plante mellifère. Elle ne fleurit pas et les abeilles n'y vont pas. Disons-nous le. Ça vous embête M. Jadot, mais c'est comme ça ! »
Prendre en compte le principe de réalité
Dans sa lancée, elle a ensuite rappelé que la France a été le seul pays européen à avoir inscrit leur interdiction dans une loi. « Sur 19 pays producteurs de betteraves, 14 pays ont réintroduit les néonicotinoïdes pour des raisons d’urgence sanitaires et économiques », a-t-elle également défendu. « C’est une question de souveraineté (...) Pourquoi Teisseire et Coca-Cola se sont-ils installés dans le Nord de la France ? Parce qu’il y a du sucre. Les Belges et les Allemands n’attendent qu’une chose. L’arrêt de la production sucrière en France pour fournir ces entreprises (…) Il y a un principe de réalité qu'il faut regarder ».
Egalement partie prenante du débat, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a justifié quant à elle les récentes annonces du ministre de l'Agriculture en pointant du doigt « l’échec collectif » sur le dossier des néonicotinoïdes, faisant remarquer qu’on « avait quatre ans devant nous. La filière n’a pas fait le travail, l’Etat non plus, la recherche non plus et à la fin, on doit prendre une décision très douloureuse ».