La météo contrarie l'enroulage du lin
Entre 35 et 40 % du lin est aujourd'hui enroulé, pour la coopérative Calira. Mais entre les gouttes, les fenêtres de tir sont assez restreintes pour le bon déroulement des travaux.
En cette fin du mois d’août, les liniculteurs sont sur le qui-vive : il s’agit de naviguer entre les gouttes, et de ne pas louper une fenêtre de tir afin d’enrouler le lin. «35 à 40 % de la récolte est rentrée. Mais la météo pluvieuse rend délicates nos interventions, car nous ne pouvons enrouler que les parcelles rouies et bien sèches. On essaie donc de s’organiser au mieux», expose Vincent Delaporte, directeur de la Calira (Coopérative agricole linière de la région d’Abbeville). Le nord de la Somme subit particulièrement les nombreuses averses, alors que, jusqu’ici, le Vimeu est plus épargné.
Première mesure : éliminer les parcelles dont le tonnage en paille est trop léger. Il faut dire que la culture a été impactée par les conditions climatiques trop continentales : manque d’eau, beaucoup de luminosité et vent de nord-est desséchant. «En-dessous de 3,5 t/ha, l’arrachage n’en vaut pas la peine, car s’est une charge fixe», ajoute Vincent Delaporte.
Du cas par cas
Difficile cependant d’estimer le poids juste, car les parcelles sont souvent hétérogènes. «Nous invitons tout de même tous les producteurs à nous déposer un échantillon le matin, avant d’entamer la moindre manipulation. Les décisions doivent être réfléchies, et prises au cas par cas pour éviter les dépenses inutiles.»
Une parcelle correcte en termes de t/ha peut par exemple nécessiter d’être retournée pour peaufiner l’homogénéité du rouissage. Mais, là encore, la vigilance est de mise : «les conditions venteuses sont à prendre en compte. Si le lin s’envole, il n’est plus exploitable !» Autre impact négatif de la pluie : «elle accélère le salissement des parcelles, puisqu’elle fait gerber les graines des adventices.» Le passage d’une souleveuse pour séparer les fibres des mauvaises herbes est parfois recommandé.
Cette année, plus que jamais, «le sous-équipement coûte cher à certains liniculteurs». Ceux qui dépendent de l’entrepreneur pour pouvoir intervenir dans leur parcelle peuvent parfois se retrouver coincés, lorsque celui-ci est occupé ailleurs. «Le risque, lorsqu’on attend trop longtemps pour enrouler, c’est que la fibre se dégrade, perde en résistance et que le rendement soit diminué». À l’extrême, le pourrissement de la fibre réduit la récolte à néant. La Calira encourage donc l’entraide, lorsqu’un liniculteur peut mettre sa machine à disposition une fois sa récolte terminée.
Lente reprise du commerce
La commercialisation, elle, est toujours impactée par le confinement et la fermeture des magasins de textile. «Les flux de matières sont fortement ralentis. Il faut avant tout que les dernières collections des magasins soient écoulées pour en confectionner une nouvelle», justifie Vincent Delaporte. Mais le professionnel reste optimiste. «Notre produit n’est pas périssable, et la petite récolte en cours devrait permettre de réguler les stocks assez facilement.» Quand à sa vision de la consommation future des produits en lin : «Ceux-ci répondent aux attentes sociétales, puisque la culture du lin a un faible impact environnemental. Notre filière a de l’avenir.»