La nouvelle répartition des pulpes Tereos fait grincer la campagne
Tereos a décidé une nouvelle méthode de répartition des pulpes et une nouvelle grille de tarifs dès la prochaine campagne betteravière. «Une décision injuste», scandent les éleveurs, «une meilleure équité pour nos coopérateurs», rétorque
la coopérative.
Tereos a décidé une nouvelle méthode de répartition des pulpes et une nouvelle grille de tarifs dès la prochaine campagne betteravière. «Une décision injuste», scandent les éleveurs, «une meilleure équité pour nos coopérateurs», rétorque
la coopérative.
«Le conseil de surveillance de Tereos constate une forte pression sur le marché de la pulpe surpressée (…) Tereos s’engage donc sur un tonnage équivalent à 60 % du tonnage de pulpes surpressées livrées au cours de la campagne betteravière 2020-2021.» Pour Jean-Michel Dochy, éleveur bovin à Montmarquet (Lafresguimont-Saint-Martin), comme pour tous les éleveurs non coopérateurs de Tereos, le courrier reçu en juin a été un choc. «On ne fait plus rien pour l’élevage. Plus ça va, pire c’est», regrette-t-il.
L’exploitation produisait des betteraves pour la coopérative sucrière jusqu’à la fermeture de la sucrerie d’Abbeville, en 2007. «On m’a fait comprendre que j’étais à 100 km de Boiry, et que je n’étais plus très intéressant. J’ai tout de même continué d’acheter des pulpes pour mon troupeau d’allaitantes.» Pour ses 150 mères blondes d’Aquitaine, ainsi que la suite engraissée, l’exploitation consomme 1 300 t de pulpes surpressées par an. «L’année dernière, par solidarité, je n’en ai commandé que 1 200 t. Aujourd’hui, ce pourcentage est calculé sur cette base. Il me manque donc 580 t», regrette-t-il. En plus de la quantité, il y a aussi l’histoire du prix. Pendant dix ans, l’éleveur a bénéficié des tarifs des planteurs, à 5,37 €/t pour le transport. En 2017, cet accord est arrivé à son terme, et le prix du transport est grimpé à 11,90 €/t, pour des pulpes à 22 €/t. Aujourd’hui, le prix a été annoncé entre 24 et 28 €/t, et sera vraisemblablement de 28 €/t pour les non coopérateurs.
Un droit à restitution
Pour les coopérateurs, assurés d’être livrés 100 % de leurs volumes commandés historiquement, la grille de prix est différente. «Nous avons décidé de mettre en place un droit à restitution des pulpes pour les coopérateurs, qu’ils soient éleveurs ou méthaniseurs. Il équivaut à 18 t de pulpes surpressées à 25 % de MS ou 5 t de pulpes déshydratées pour 100 t à 16° de betteraves livrées», présente Émilien Rose, éleveur à Houplin-Ancoisne (59), administrateur en charge des coproduits. Le prix (17,50 €/t de pulpes surpressées) a été calculé en fonction du prix panier moyen (19,50 €/t) - 2 €/t, déterminé sur la base du prix du blé, du maïs et des pulpes déshydratées. Le coopérateur peut commander un tonnage de pulpes supérieur à son droit à restitution. Le prix est alors ajusté en trois paliers, selon le volume commandé. Le troisième palier, au-delà de trois fois le droit à restitution, sera compris entre 21 et 24 €/t. «Nous ne voulions qu’aucun coopérateur ne paie plus que 30 €/t, transport compris», justifie Émilien Rose.
Une répartition elle aussi critiquée par la plupart des éleveurs coopérateurs. «Le principe n’est pas mauvais, mais ce droit à restitution est trop faible, estime Jean-Michel Régnier, éleveur à Gentelles. Je cultive une dizaine d’hectares de betteraves et j’ai besoin de 3 000 t de pulpes par an pour mon atelier d’engraissement. J’ai à peine droit à 300 t aux prix des premier et deuxième paliers. Ça fait très cher.»
«Rétablir la préférence coopérateur»
Ce choix a pourtant été fait «pour rétablir une préférence envers nos coopérateurs», justifie Émilien Rose. «L’année dernière, nous avons voulu satisfaire tout le monde, mais la jaunisse est passée par là et les volumes ont été inférieurs à ce qu’on espérait. On a dû réduire de 5 à 10 % l’ensemble des commandes en pleine campagne. Nous ne voulions pas revivre une pareille situation.» Quand à la livraison des négociants en nutrition animale, pour la plupart français, mais dont quelques belges ? «Eux ont vu leurs volumes réduits de trois quarts. Nous ne pouvons cependant pas nous en passer totalement, car lors de pics de travail en plaine, ce sont les seuls qui viennent nous débarrasser de nos pulpes.»
L’administrateur se veut rassurant envers les non-coopérateurs. «Les 40 % de volume manquant par rapport à l’année dernière pourront être livrés si la récolte est suffisante. Le calcul a été fait d’après une hypothèse de rendement inférieure à la moyenne olympique. Il ne faut pas faire de plan sur la comète, mais les parcelles de betteraves sont plutôt prometteuses pour l’instant.»
De son côté, Jean-Michel Dochy anticipe un éventuel manque. «J’ai acheté un camion d’Amyplus pour compenser cette année. J’ai aussi emblavé 11 ha de luzerne, ray-grass et trèfle pour produire du fourrage. Des cultures adaptées à mes terres blanches», présente l’éleveur. Avec ce système, la surface de céréales a diminué, donc le volume de paille aussi. «On tourne en rond !» L’éleveur n’écarte pas l’hypothèse de planter à nouveau des betteraves et de rejoindre la coopérative en 2022 pour bénéficier des préférences coopérateurs. «L’un des buts de la réforme est bien de motiver les agriculteurs à produire de la betterave», avoue Émilien Rose.
La FDSEA80 fait un état des lieux des volumes manquants de pulpes déshydratées et surpressées, chez les éleveurs non-planteurs. Répondez au questionnaire en ligne sur www.fdsea80.fr, sur la page Facebook et Twitter FDSEA80 ainsi que sur la Lettre hebdomadaire qui vous parviendra samedi matin sur votre boite mail.
Contact : Julie Potel, animatrice syndicale, 03 22 53 30 65.
Chez Cristal Union, deux ans sans changement
Quant aux prix, les coopérateurs bénéficient d’un tarif tranche 1, calculé sur le volume de betteraves livrées. Le tarif tranche 2 est appliqué aux volumes de pulpes supplémentaires et aux non coopérateurs. Ces prix subissent une augmentation de l’ordre de 3 à 4 %. «Avec 80 % de planteurs non utilisateurs de pulpes, nous faisons le choix de tout mettre en œuvre pour un prix de betteraves le plus rémunérateur possible», justifie Vincent Caille.
Nous ne sommes pas parvenus à échanger avec Saint Louis Sucre sur le sujet.