La Picardie, terre d'accueil de la production de semences
Plus de mille agriculteurs picards multiplient des semences et des plants sur un total de 22 700 hectares. Panorama de cette production.
Région réputée pour ses rendements, pour le savoir-faire de ses agriculteurs, la Picardie est proche des grandes maisons de semences du Nord de la France. Elle accueille également des sociétés de renommée internationale. Dans la Somme, environ 20% des agriculteurs de grandes cultures sont agriculteurs-multiplicateurs. Ils sont plus de 10% dans l’Aisne et dans l’Oise.
Proximité des obtenteurs et des utilisateurs, qualité des terres, taille des exploitations et savoir-faire des agriculteurs font de la Picardie cette terre d’accueil des productions de semences. On y trouve bien sûr et surtout des semences de céréales, mais aussi des productions de protéagineux et de fourragères ainsi que les graminées à gazon.
La Picardie, c’est aussi Parmentier et les pommes de terre. De nombreuses «maisons» françaises, mais aussi et surtout étrangères, ont choisi la Picardie comme zone de production avec sept collecteurs, cinquante-six producteurs-vendeurs et cinquante-cinq auto-producteurs de plants certifiés.
En Picardie, le lin avec les autres…
En France, le lin à fibre représente environ 60 000 hectares de culture. La Picarde participe largement à cette production. Linea, dans l’Oise, avec Terre de Lin en Seine-Maritime, sont les deux principaux obtenteurs de variétés françaises, voire européennes. Les Etablissements Laboulet les rejoignent pour la création variétale et la production de semences en lin oléagineux.
Le lin textile a un taux de multiplication très faible en semences, de l’ordre de 5 à 6 (à comparer à 60 environ pour le blé). Il faut donc beaucoup de surfaces pour approvisionner le marché. De plus, la récolte des semences de lin se fait essentiellement par une écapsuleuse, matériel onéreux et spécifique au lin. Pour le lin textile, en production de semences comme en cultures de consommation, les tiges sont rouies et récoltées pour la fibre. C’est un élément essentiel de la rentabilité de la culture.
Les liniculteurs multiplicateurs recherchent donc le meilleur compromis pour obtenir la meilleure qualité de semences et une bonne qualité de fibres. Cela demande du savoir-faire. En effet, pour les semences certifiées de lin, la norme de germination est très élevée, 92%, et en moyenne le taux de germination est de plus de 96 %. Enfin, en lin, la certification est aussi sanitaire avec des normes pour plusieurs maladies pouvant affecter la levée.
… et les potagères
Qui pourrait croire que la Picardie domine en France, en matière de production de bulbilles d’oignon ? Ce sont les petits oignons que l’on retrouve dans les filets en jardineries. Les bulbilles sont aussi très utilisées et replantées par des agriculteurs européens, voire du monde entier.
Les Néerlandais ont choisi la Picardie pour la proximité régionale, la taille des parcelles qui sont plates comme «le plat pays» et surtout indemnes de maladies. Après une ou deux années d’observation, nos voisins ont été eux-mêmes surpris de la qualité du travail et du produit fourni. Le produit «France» est ainsi à l’honneur. Les surfaces à ce jour destinées à la production de plants destinés à la reproduction représentent environ 450 à 500 hectares tous les ans, avec quelques parcelles dans le Pas-de-Calais.
Les céréales : un grand classique
La Picardie et ses régions limitrophes : Nord Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne et Haute-Normandie, sont traditionnellement des régions où les agriculteurs sont très utilisateurs de semences certifiées de céréales, bien au-dessus, globalement, de la moyenne nationale. De ce fait, on retrouve en Picardie de grosses unités de production de semences de céréales et protéagineux.
Toutefois, dans l’Aisne, sont implantées trois unités atypiques, à savoir des agriculteurs semenciers ayant des contrats de production sur leur ferme et auprès des voisins très proches.
En 2014, les surfaces en multiplication de céréales ont encore augmenté (9%) passant de 15 178 hectares à environ 16 500 hectares (céréales d’hiver et de printemps).
... avec une pointe de modernisation : les hybrides
En Picardie, deux obtenteurs créent les variétés de demain en céréales : Unisigma et Saaten Union. Ce dernier a fait le pari des blés hybrides et se développe très fortement, entraînant avec lui un grand nombre d’agriculteurs-multiplicateurs de la région. Ceux-ci produisent les parents et les hybrides. Un partenariat est assuré par les établissements producteurs de semences de la région. Les surfaces de blé hybride sont ainsi passées de 737 à 1 654 hectares pour les trois départements picards, soit une augmentation de 125%.
La Picardie voit également poindre des productions d’orge hybride pour une surface de 1 417 hectares. Soit une progression de 40% par rapport à 2013 (1 014 ha).
Economiquement, la production de semences en Picardie génère une plus-value importante pour les agriculteurs picards. Beaucoup de productions de semences et plants : le lin, les pommes de terre, les hybrides de céréales, les oignons et surtout les fourragères demandent un savoir-faire, du matériel et beaucoup de technicité. La concurrence avec les céréales et surtout leur niveau de prix pourrait «bousculer» ces activités. Toutefois, les agriculteurs multiplicateurs picards très attachés à la production de semences ont bien compris que le raisonnement de ces productions s’établissait sur le long terme.