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La plaine maritime picarde au cœur d’un programme d’actions

Concilier rentabilité de l'élevage et respect du milieu : les premiers résultats du projet «maintien de l'agriculture dans les zones humides».

L'enjeu est de concilier la productivité et le respect de la biodiversité.
L'enjeu est de concilier la productivité et le respect de la biodiversité.
© AAP

L’Europe, les collectivités locales, l’Agence de l’eau Artois Picardie interviennent pour le maintien de l’élevage en plaine maritime Picarde tout en protégeant l’environnement du milieu remarquable que représente la baie de Somme. Il ne vous a pas échappé en longeant la côte picarde en période estivale, que cette baie était occupée par les touristes certes, mais aussi par les bovins et ovins pâturant tranquillement les nombreux parcelles d'herbe. 35 % de la surface est constituée de pâturages. Que seraient cette plaine maritime picarde et son merveilleux paysage, si elle n’était pas entretenue par les éleveurs.
Entretien, le mot est lâché, les éleveurs ne sont pas là pour entretenir le paysage mais pour vivre de leur travail. Mais depuis toujours, les deux se confondent au profit de la collectivité locale. Les milieux humides sont stratégiques du point de vue de la faune et de la diversité floristique locale, ce qui est parfois difficilement compatible avec l’exigence de rentabilité des activités agricoles.

Programme Interreg WOW
C’est dans ce contexte que la chambre d’agriculture accompagne les éleveurs en partenariat avec le Syndicat mixte de la Baie de Somme. Ce projet est conduit dans le cadre du programme Interreg WOW (Values of Working Wetlands : valeurs du travail sur les zones humides) et avec le soutien financier de l'Agence de l'eau Artois Picardie. Ce programme a deux objectifs : d'une part définir et promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement tout en préservant la viabilité économique des exploitations d'élevage; d'autre part situer et comparer les performances techniques et économique des élevages et mesurer la productivité des prairies.

Handicap ou opportunité ?
A ce jour, la chambre d’agriculture s’est investie à un travail de fond pour établir une photographie du territoire de la plaine maritime Picarde et déterminer quel est le handicap naturel subi par les éleveurs qui exploitent des prairies dans ce secteur. Handicap naturel ou opportunité ? Voilà comment la situation pourrait aussi se définir.
Rares sont les éleveurs dont toutes les prairies sont humides. De plus qu’est-ce qu’une prairie humide ? Une prairie inondée en hiver ou inondable occasionnellement, ou humide au sens propre du terme… Bref, tout existe en plaine maritime Picarde. De plus, certaines prairies sont drainées et productives en période sèche.
N’oublions pas aussi les nombreuses mares, les linéaires de haies et fossés, les saules et autres bosquets qui enrichissent le paysage et la diversité environnementale mais empiètent sur les surfaces productives.

Caractériser l'impact du milieu sur les résultats
Parmi les 223 exploitations que compte la plaine maritime, 54 d'entre elles ont été enquêtées (31 élevages en bovins viande, 23 en bovins lait) afin de caractériser l'impact des zones humides sur le travail et sur la marge. 85 % des éleveurs interrogés estiment que les prairies humides ont une répercussion sur la pénibilité du travail. La sortie tardive et la rentrée précoce des animaux, les faibles chargements et la difficulté d'accès aux parcelles sont les contraintes qui pèsent le plus sur les élevages. Ces entretiens ont également permis de situer pour la première fois les performances techniques et économiques des élevages en milieu humide. Ils ont été comparés à un groupe hors plaine maritime picarde, de manière à vérifier la réalité du handicap. Charges, produits et marges ont été passés à la loupe et les résultats sont sans appel (voir encadré).

Des aides... mais aussi de la technique
Le maintien de l’élevage en zone humide se fera parce que les éleveurs y retrouveront une rémunération de leur travail en lien avec des difficultés inhérentes au terroir. Néanmoins les aides financières ne sont pas la seule solution pour pérenniser l’élevage. Il faut aussi aider les éleveurs à améliorer leurs résultats techniques. D’ailleurs certains éleveurs refusent de rentrer dans le système des aides et de l’extensification de leurs prairies, et sont souvent très bons techniquement.
En parallèle, la pesée des génisses en début et fin de pâturage est menée chez une vingtaine d'éleveurs du groupe. Le but est de mesurer la productivité des prairies et de déterminer ainsi la croissance au pâturage. Cette analyse permettra d'ajuster la conduite des génisses et de calculer la quantité de viande produite par hectare. Il s'agit aussi d'évaluer l'impact de la flore présente sur la production fourragère.
Bien que réalisé sur un échantillon, les résultats de la comparaison des marges des élevages révèlent que des éleveurs vivent très mal du fruit de leur travail sur l'élevage et que les tendances sont plutôt en dessous des moyennes. D’autre part la notion de territoire est à défendre, car bonne ou mauvaise marge, c’est bien l’ensemble des éleveurs qui œuvrent pour préserver le cadre de leur environnement. Les études technico-économiques ainsi que les pesées sont reconduites en 2014 afin de confirmer les résultats.

ZOOM

Des marges brutes inférieures en plaine maritime Picarde

Pour les éleveurs allaitants, on constate en moyenne une marge brute inférieure de 21 % en système naisseur et de 7 % en système naisseur-engraisseur.
Le handicap existe mais il est réparti inégalement sur le territoire, certains ont des marges négatives alors que d’autres se situent parmi les meilleurs du département.
Il existe des naisseurs plutôt en zones difficiles localisés majoritairement sur le sud de la baie de Somme et des naisseurs engraisseurs disposant de bonnes ressources fourragères plus sur le nord. Les résultats sont parfois mauvais en lien avec les difficultés du milieu naturel mais aussi parfois en raison de déficiences techniques. Quand ces deux situations cohabitent, l’éleveur perdrait de l’argent si les aides, Pmtva, DPU et MAE n’existaient pas.
En lait, la marge brute est inférieure de 17 %.
De grandes marges de progrès sont possibles sur l'utilisation des concentrés. Le taux de mortalité des animaux y est supérieur à la moyenne. Enfin les frais vétérinaires représentent un surcoût de l'ordre de 4 € au milles litres soit 1 700 € par an et par exploitation en moyenne.

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