La plainte contre Tereos pour terrorisme est classée sans suite
Le Parquet de Paris a classé sans suite la plainte déposée par des coopérateurs du leader français du sucre Tereos, lundi 8 avril.
Retour en arrière. Le 19 mars dernier, huit adhérents de la coopérative, dont l’identité n’a toujours pas été révélée, avaient déposé une plainte contre X pour «actes de terrorisme et de complicité d’actes de terrorisme», au sujet de livraisons de sorbitol, un dérivé du sucre potentiellement utilisable comme propulseur d’engins explosifs lorsqu’il est mélangé à du nitrate de potassium.
Dans cette plainte, les plaignants rappelaient la découverte, fin 2016, de sacs de sorbitol estampillés Tereos dans les entrepôts de Daech, au Levant. Si le groupe a admis, au terme de vérifications, que ce produit provenait bien de ses usines picardes, il assurait, l’année suivante, avoir suspendu toute livraison dans les zones dites à risques, dès l’alerte lancée par l’association CAR (Conflict armement research), pour éviter tout détournement de ses produits. Le groupe sucrier a été écarté de tout soupçon, et n’a donc fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
Selon les plaignants, qui se basent sur une enquête interne de l’entreprise, deux autres livraisons à destination de la Syrie auraient été réalisées en février et juillet 2017. Ils décident de porter plainte auprès de la section antiterroriste du Parquet de Paris.
Le Parquet a tranché
En moins d’un mois, ce qui est rare pour la section antiterroriste du Parquet, la plainte a été traitée. «L’examen de cette plainte n’a pas révélé (…) l’existence d’une entente ou d’un groupement susceptible d’avoir réuni la société Tereos et l’organisation terroriste Etat islamique ou toute autre organisation terroriste, y compris de façon indirecte», détaille le Parquet, dans sa décision du 8 avril. Le ministère public estime donc que l’association de malfaiteurs n’est pas établie, et classe sans suite la plainte.
«On savait que c’était une issue possible, mais on n’imaginait pas que le Parquet allait rendre sa décision aussi vite. Pour nous, nul doute, le Parquet a pris conscience de son instrumentalisation. C’est sans doute pour cela aussi qu’il a rapidement statué», commente Raphaël Delpech, porte-parole du groupe Tereos. Et de dénoncer de nouveau la campagne de «déstabilisation», dont Tereos fait l’objet depuis presque deux ans. Puis de se demander pourquoi cette plainte contre X est intervenue deux ans après les faits ? Pour rappel, les plaignants et la direction du groupe s’opposent depuis fin 2016 dans une crise interne au conseil de surveillance de Tereos, sur fond d’effondrement des cours mondiaux.
La suite ? Le même jour de la plainte déposée par les huit coopérateurs de Tereos contre leur groupe, ce dernier portait plainte contre X pour dénonciation calomnieuse. «Nous irons jusqu’au bout. Ce délit est passible de cinq années d’emprisonnement et de 45 000 e d’amende», rappelle François Leroux, président du conseil de surveillance. A présent que la section antiterroriste du Parquet de Paris a classé sans suite la plainte contre Tereos, celle de Tereos va pouvoir être instruite. Affaire à suivre.