La Pologne, nouveau géant européen de la volaille
En dix ans, la Pologne est devenue le premier producteur avicole européen, devant la France, grâce à des coûts de production favorables et une consommation locale en hausse.
La Pologne est devenue «un acteur incontournable de la volaille en Europe», constate le réseau des chambres d’agriculture (APCA) dans sa lettre économique de mai. Non contente d’être incontournable, elle est tout simplement, en 2014, le premier producteur européen de volailles, devant la France. Depuis son intégration dans l’Union européenne en 2004, le pays a plus que doublé sa production, avec 1,8 million de tonnes en 2014, relève Viviane Pons-Thévenot dans une note.
«C’est une filière très dynamique», confirme Alexandre Martinez, conseiller agricole à l’ambassade de France en Pologne. L’expansion de la production avicole tient à un petit nombre d’exploitations récemment modernisées. De gros projets ont déjà vu le jour dans le pays, comme un complexe de dix bâtiments de 55 000 places de poulets. Un autre projet de 40 bâtiments (de la même capacité chacun) serait également dans les cartons, assure Alexandre Martinez.
Coûts de production optimisés
Mais l’aviculture polonaise est composée de petits producteurs «qui optimisent très bien leurs coûts de production grâce à des bâtiments amortis et des charges de structures faibles», explique le conseiller. Plusieurs facteurs concourent à l’essor de cette production en Pologne : la compétitivité du coût de l’aliment et le coût de la main-d’œuvre.
Regain de consommation
Ces dernières années, la production de grain de bonne qualité était enclavée dans certaines régions, et donc localement bon marché, et le coût de la main-d’œuvre locale oscille autour de 3 euros de l’heure, selon l’ambassade, toutes charges comprises.
L’aviculture a également pu se développer grâce au regain de consommation de viande de volaille en Pologne (38 millions d’habitants), au détriment des viandes de porc et de bœuf – la production porcine suit d’ailleurs une trajectoire inverse à l’aviculture. Depuis peu, la Pologne devient également un exportateur important, notamment en Europe. Elle est le quatrième fournisseur de viande de poulet de la France derrière la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ses exportations sont essentiellement destinées aux autres pays de l’UE (80 % des volumes), avec l’Allemagne, la République tchèque et le Royaume-Uni comme principaux clients.
Pas d’euro
L’agriculture n’est pas le seul secteur en croissance en Pologne. Le pays est celui qui, dans l’Union européenne, affiche le «profil de croissance le mieux orienté depuis quelques années», analyse l’économiste Thierry Pouche, dans la lettre économique des chambres d’agriculture (APCA). C’est même le seul pays parmi les 28 à «ne pas avoir connu de récession lors de la crise de 2008-2009», constate-t-il. Les secrets de cette «locomotive» ?
Selon Thierry Pouch, ils résident d’abord dans l’usage des fonds structurels européens, dont la Pologne a été le premier pays bénéficiaire sur la période 2007-2013 (source APCA). L’autre ressort de cette bonne santé, c’est «le fait que la Pologne n’ait pas rejoint la zone euro», ce qui lui «a procuré un degré de liberté monétaire dont elle a habilement usé en dépréciant au moment opportun sa parité vis-à-vis de l’euro», explique Thierry Pouch.
Moins de viande rouge, plus de viande blanche
Pour l’Europe des 15, le constat est le même que pour la France : un recul de la consommation de viandes rouges au profit d’une augmentation de la consommation de viandes blanches depuis plusieurs années. FranceAgriMer note également, dans un rapport intitulé «Impact de la crise économique sur la consommation de viandes et évolutions des comportements alimentaires» de juin 2015, que malgré une certaine tendance à l’homogénéisation, les «habitants des pays du Nord de l’Europe consomment plus de quantité de porc» et ceux du Sud plus de viande ovine et de volaille.