La récolte 2021 a mis les nerfs à rude épreuve
Au moins six semaines de récolte entre les gouttes, des rendements décevants, des PS et taux d’humidité problématiques… La moisson 2021 a agacé tout le monde. Un gros travail du grain et de négociation est désormais nécessaire.
Au moins six semaines de récolte entre les gouttes, des rendements décevants, des PS et taux d’humidité problématiques… La moisson 2021 a agacé tout le monde. Un gros travail du grain et de négociation est désormais nécessaire.
Une petite parcelle de blé gris par ici. Une autre de colza pleine de liseron… En ce début du mois de septembre, les quelques pièces qui restent à récolter dans la Somme sont les témoins d’une moisson usante. La météo capricieuse, qui a forcé les moissonneuses à sortir en pointillés, a agacé tout le monde. «Au printemps, on s’attendait à une très bonne récolte, à hauteur de 90 voire 95 qx/ha pour le blé. La moyenne de la coopérative atteint tout juste 80 quintaux dans le Vimeu-Ponthieu et 83 qx/ha dans le Sud et l’Est du département. Surtout, le PS (poids spécifique) et le taux d’humidité sont mauvais», analyse Philippe Florentin, DGA et directeur de la commercialisation des céréales chez Noriap.
C’est «la douche froide par rapport au potentiel», ajoute Jean-François Florin, directeur de la coopérative Sana Terra, basée principalement dans le Santerre. Elle compte 86 qx/ha de blé en moyenne, «mais cette moyenne ne veut rien dire, tellement l’hétérogénéité est forte». À l’Ouest de la Somme, le résultat n’est pas plus glorieux pour la coopérative Calipso. «80 qx/ha de moyenne, avec un PS à 72 kg/hl», regrette Antoine Dennetière, directeur d’exploitation. Aux établissements Charpentier, dans le Doulennais, secteur le plus tardif de la Somme, - 25 qx/ha sont même à déplorer par rapport à l’année dernière (90 à 95 qx/ha à l’époque). «Nos terres profondes qui résistent bien à la sécheresse ont trinqué cette année. Le PS, parfois descendu à 69 kg/hl, est le résultat de grains qui n’en peuvent plus d’avoir été usés par l’eau», se désole Jean-Jaques Charpentier.
Gros travail du grain
Pour valoriser tout cela au mieux, «un gros travail du grain est à réaliser», assure Jean-François Florin. «Chez nous, au moins trois semaines de séchage seront indispensables pour les milliers de tonnes de grain trop humide», ajoute Jean-Jaques Charpentier. Le triage sera aussi souvent de mise, avec le souci de réduire les déchets au maximum. Le temps de chute de hagberg, néanmoins, ne peut pas être amélioré.
Même si les coopératives et négoces du secteur sont bien équipés pour cela, personne ne pourra faire de miracle. «Cette année est particulière. Nous ne disposons pas de hauts PS pour relever les bas PS», note Philippe Florentin, chez Noriap. Ce PS, qui n’est autre que la manière dont les grains se rangent dans un volume, est pourtant un critère essentiel pour les industriels, puisqu’il traduit le rendement usine. «Il faudra être inventif et persuasif pour mettre en place des accords avec nos clients. L’enjeu est d’arriver à transformer la collecte qui ne répond pas à la demande actuelle en une matière qui pourra les satisfaire.»
Une qualité meunière pénalisée
S’il s’avérait qu’une partie plus importante que prévue de la récolte était déclassée des filières de meunerie vers le fourrager, la décote serait certaine. «Du blé fourrager se vend forcément moins cher que du blé meunier. En plus de cela, les principaux acheteurs de blé fourrager à l’export sont les destinations lointaines, comme l’Asie du sud est. Or, la cotation du fret est en hausse.» Tous veulent cependant rester optimistes. «Notre chance, c’est que la qualité meu-nière a été pénalisée partout en France et dans le monde», relève Philippe Florentin.