La région Nord-Picardie a perdu près de 5 000 truies
Premier bilan de la mise aux normes «truies gestantes» dans la région. 66 % des élevages du Nord-Pas de Calais sont en conformité avec la réglementation.
Malgré un léger soubresaut en 2012, la production porcine régionale a baissé de 6 % depuis 2005. «Elle devrait fortement chuter en 2013 également», assurent Christophe Dusannier et Jean-Michel Serres, respectivement président de l’Union régionale des groupements de producteurs de porcs (URGPP) et président de l’interprofession porcine nord-picarde, En effet, l’assemblée générale des 2 structures, qui s’est tenue le 15 novembre à Arras, a permis de dresser un premier bilan régional de la mise aux normes bien être «truies gestantes», entrée en vigueur le 1er janvier 2013.
Un trou d’air dans la production
En novembre 2012, 363 élevages porcins du Nord-Pas de Calais étaient concernés par cette mise aux normes. À l’heure actuelle, les deux tiers d’entre eux (238) sont aux normes ; 53 sites ont l’intention de s’y mettre mais n’ont pas encore terminé les travaux, et une dizaine d’élevages ont préféré diminuer leur cheptel de truies à moins de 10 afin de se soustraire à la réglementation. «Il s’agissait de petits ateliers de 15-20 truies», précise Gwendoline Desailly, directrice de l’URGPP et InterPorc Nord-Picardie. Aussi, par rapport à novembre 2012, 62 sites ont arrêté leurs activités porcines ou leur atelier de naissage (41). Ce qui représente une perte substantielle de plus de 8 % du potentiel de production régional sur une année, avec 38 757 truies présentes dans le Nord-Pas de Calais en 2013 (contre 42 248 en 2012).
Concernant la Picardie, sur les 75 sites concernés par la mise aux normes en novembre 2012, 44 l’ont réalisée. Une dizaine souhaitent se mettre en conformité, mais leurs travaux ne sont pas encore achevés ; tandis que 5 élevages ont opté pour la réduction du cheptel de truies gestantes. Par rapport à novembre 2012, une dizaine de sites porcins ont définitivement arrêté leur production et 5 élevages ont fait de même avec l’atelier naissage. Parmi cette dernière catégorie, 3 sites se sont néanmoins engagés dans un projet de maternité collective. Là encore, le potentiel de production est en net recul avec 9 797 truies présentes dans les élevages picards en 2013 (contre 11 085 en 2012), soit une baisse des effectifs de plus de 11 % sur l’année.
Globalement, entre novembre 2012 et novembre 2013, 119 élevages se sont mis aux normes sur la grande région. Cependant, le bassin de production nord-picard a perdu 4 779 truies en 2013 (3 491 pour le Nord-Pas de Calais et 1 288 pour l’ensemble des départements picards), soit une baisse de près de 9 % du potentiel de production en Nord-Picardie. Un chiffre qui s’avère nettement plus important qu’au niveau national, où le cheptel de truie n’a reculé que 2,1 %. Sans compter que 29 sites ont arrêté définitivement leur activité porcine. Avec la mise aux normes, Interporc Nord-Picardie prévoyait une baisse d’environ 10 % du nombre d’éleveurs et le maintien du nombre de truies. Toutefois, on constate également que le recul du cheptel de truies concerne aussi les élevages qui sont aux normes. En clair, les effets sur la production se feront ressentir dans les années à venir.
«Le couperet va tomber au 31 mars 2014»
Si la totalité des élevages ont été contrôlés dans le département du Pas-de-Calais, une vingtaine doivent encore l’être par l’administration dans le Nord. «Au niveau national, 1 500 dossiers ont pris du retard, précise Jean-Michel Serres, président d’InterPorc Nord-Picardie.
Les causes sont diverses : blocage de la procédure d’installation classée, difficultés financières, retraite imminente de l’éleveur qui tente de poursuivre son activité sans faire la mise aux normes, des éleveurs qui cherchent à vendre mais qui ne trouvent pas de repreneur, d’autres qui ont des problèmes de santé ou alors les délais de réalisation des travaux».
En tout, 1 100 mises en demeure ont été envoyées. «Le couperet va tomber au 31 mars 2014», insiste Jean-Michel Serres. Les éleveurs porcins français ont donc jusqu’à cette date pour se mettre en conformité avec la réglementation. Dans la région, 19 élevages ont été mis en demeure dans le Pas-de-Calais et 32 dans le Nord.
Or, plusieurs dossiers rencontrent aujourd’hui des difficultés dans l’obtention de leur permis de construire ou doivent faire face à des recours de tiers. Comment les pouvoirs publics vont-ils les traiter d’ici fin mars ? D’après un représentant de l’administration, «il ne devrait en rester que 3 ou 4 qui poseront des difficultés, chaque dossier sera étudié au cas par cas». Et de souligner : «Il faut bien avoir en tête que le calendrier sanitaire et celui de la réalisation des travaux afin de bénéficier des aides sont distincts.
Ce n’est pas parce que l’éleveur est autorisé à terminer ses travaux jusqu’à fin 2014, qu’il peut pour autant continuer son activité après le 31 mars 2014 sans être aux normes. Au-delà de cette date, il devra obligatoirement conduire ses truies dans le respect de la législation en vigueur».
Quid du taux d’aides ?
S’agissant des aides, elles s’élèveraient toujours à 15 % pour les travaux réalisés en 2013 et à 10 % pour ceux terminés en 2014. Le taux de subvention est défini en fonction de «la date de réalisation des travaux appréciée par rapport à la date d’émission de la facture».
Par contre, pour que le paiement soit versé à l’éleveur, celui devra acquitter au préalable sa facture. En clair, il est possible de bénéficier du taux de 15 % si la facture est datée de décembre 2013 et payée en janvier 2014.