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La Région veut booster la compétitivité de l’agriculture

Le 15 février, la vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture, Marie-Sophie Lesne, faisait le point sur la politique régionale en faveur de l’agriculture.

De gauche à droite : Jean-Michel Serres, président de la commission agriculture et agroalimentaire, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l’agriculture.
De gauche à droite : Jean-Michel Serres, président de la commission agriculture et agroalimentaire, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l’agriculture.
© F. G.

A une semaine de l’ouverture du Salon international de l’agriculture, la Région Hauts-de-France a décidé de faire le point sur sa politique en matière agricole et le contexte actuel. Négociations commerciales obligent, dans le cadre de la loi Egalim de surcroît, la question de la filière lait a été abordée d’entrée de jeu. Pour mémoire, en 2016, après la fin des quotas laitiers l’année précédente, et un prix du lait en chute libre, la Région lançait un premier plan d’urgence d’aide à l’élevage de cinq millions d’euros. Dans ce plan était compris, entre autres, le dispositif audit-conseils, d’un million d’euros, destiné à mille éleveurs en difficulté. Un dispositif toujours actif, qui sera relancé, mais avec un financement ne dépassant pas probablement les 200 000 €, selon la vice-présidente en charge de l’agriculture, Marie-Sophie Lesne.
«Si le prix du lait atteint aujourd’hui les 350 les 1 000 litres, voire les 380 les 1 000 litres, loin donc des 220 les 1 000 litres comme auparavant, des doutes persistent encore sur la capacité des industriels à rémunérer les producteurs aux prix d’aujourd’hui. Par ailleurs, même si l’on n’enregistre plus autant d’arrêts d’exploitation comme les années précédentes, des inquiétudes persistent, notamment par rapport au renouvellement des générations», commente-t-elle.
En revanche, le prix de la viande bovine, lui, est toujours au plus bas, ce qui s’explique, entre autres, par la baisse de la consommation de la viande depuis une dizaine d’années. Mais pas seulement. Seul point positif : la loi Egalim devrait jouer plus en faveur de cette filière, car la dépendance aux industriels, dans le cadre des négociations commerciales, est moins forte que dans la filière lait.

Danger sur la filière betteravière
Autre filière en tension : la filière betteravière, avec l’annonce, le 14 février, de la fermeture de l’usine de Saint Louis Sucre, à Eppeville, programmée pour 2020. «Une fermeture n’est pas toujours aussi simple et limpide que cela paraît. Pour le secteur de Ham et d’Eppeville, cette annonce a fait l’effet d’une vraie douche froide, d’autant avec les difficultés sur le marché de l’emploi qu’il rencontre. Des doutes persistent sur le maintien des emplois permanents et leur transfert à la sucrerie de Roye. Même si toute la production sera transférée à Roye, celle-ci ne pourra pas tout traiter. Autrement dit, on va perdre des volumes, ce qui représente une perte de production et de valeur ajoutée pour la région», s’inquiète Jean-Michel Serres, président de la commission agriculture et agroalimentaire de la Région. A défaut de pouvoir intervenir directement, le président de Région a demandé que tous les acteurs concernés se mettent autour d’une même table pour voir quelles solutions pouvaient être trouvées pour limiter la «casse» ou faire en sorte que la fermeture ne soit pas effective. Mais si la Région n’a aucun levier sur ce sujet, elle peut, en revanche, intervenir en soutien, dans d’autres filières agricoles pour que l’agriculture des Hauts-de-France soit et reste compétitive.

Politiques régionales
Avec un budget annuel de 21 millions d’euros, la Région a mis en place divers dispositifs pour soutenir les projets agricoles qui émergent sur son territoire. Parmi les derniers dispositifs créés, celui d’une avance remboursable a été voté en octobre dernier. Le principe ? Un taux à 0 % pour un remboursement sur cinq ans, dont une année de différé, pour des montants pouvant aller de 30 000 € à 500 000  €. «Cette avance remboursable est comprise entre 20 et 30 % de l’investissement, avec une bonification de 10 % dès lors qu’il s’agit d’élevage, que nous tenons à soutenir de manière plus tangible», précise Marie-Sophie Lesne. Sont éligibles les agriculteurs, seuls, en Cuma ou en GIE, de toutes les filières. Les dépenses éligibles concernent la création ou la rénovation de bâtiments et de serres. Trois millions d’euros ont été budgétés pour cette aide.
Autre aide : le fonds régional de garantie, voté en même temps que l’avance remboursable. Cet outil existait déjà dans l’ex-Région Nord-Pas-de-Calais pour le secteur économique, mais ne comprenait pas l’agriculture. Il a été réactivé avec la nouvelle Région et comprend désormais le secteur agricole. Le montant de financement à garantir a été fixé à 100 000 €, et peut aller jusqu’à un million d’euros. Le taux maximum de garantie est de 50 %. L’intérêt de ce système ? Renforcer la prise de risque du secteur bancaire pour de nouveaux projets agricoles. Un million d’euros a été fléché pour ce dispositif, cette année.
Offrir la possibilité aux agriculteurs d’investir, c’est bien, mais leur permettre de trouver des débouchés pour leurs produits sur les marchés locaux, c’est aussi l’autre axe important sur lequel la Région s’est penchée. Un dispositif de soutien à l’approvisionnement local a donc été mis en place. Il concerne tout projet demandant de l’ingénierie et des fonds pour démarrer. Sont éligibles les associations, les collectivités et les collectifs d’agriculteurs. Les dépenses éligibles sont plafonnées à 50 000  e, à un taux de 40 % pour les collectifs d’agriculteurs. Par ailleurs, en tant que centrale d’achats pour les lycées et les collèges, la Région a défini un cahier des charges pour l’approvisionnement en viande locale, en produits laitiers et ovo-produits, pour les établissements scolaires.
Reste que les producteurs ne peuvent pas vivre en écoulant uniquement leurs productions sur le marché local. L’export, que soutient la Région, est l’autre axe d’attaque qu’elle compte bien développer. Pour ce faire, celle-ci a décliné un plan national, en créant la «Team Hauts-de-France», pour mettre en relation tous les acteurs concernés. «De la sorte, tous les projets d’exportation sont accompagnés par un des acteurs en lice, mais à partir d’un seul guichet unique», indique Marie-Sophie Lesne. Trente entreprises sont, pour l’heure, accompagnées dans leur projet d’export. Il faut aller plus loin, selon l’élue régionale.
Autre fer de lance pour que l’agriculture reste compétitive, et que la Région veut soutenir, la bio-économie. La Région vise pas moins le leadership européen compte tenu des productions et des gisements naturels à sa disposition pour la bio-économie. «Quand on parle de bio-économie, on parle de protéines végétales, de méthanisation, de bioéthanol, etc. Nous avons un leadership avec la région Grand Est, grâce au pôle IAR, et à la présence de groupes comme Tereos et Roquette. Il nous faut être leader en termes d’innovation dans ces secteurs», conclut-elle. Autant de messages qu’elle répétera, sans nul doute, lors du Sia, au stand des Hauts-de-France.

Abattoir de Nouvion

Après l’abattoir de Montdidier, celui du Nouvion, dans l’Aisne, pourrait être confronté aux mêmes difficultés en termes de respect des normes, notamment pour ce qui est du traitement des eaux usées. Aussi, avant que cet outil industriel ne passe sous les fourches caudines de l’administration, notamment de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), les acteurs de l’abattoir, ainsi que la Région Hauts-de-France ont décidé de prendre le taureau par les cornes, en définissant un plan d’actions avant qu’il ne soit trop tard.
Un cabinet d’études a donc été mandaté pour étudier les différentes options qui permettraient à l’abattoir de ne pas s’exposer à des poursuites judiciaires, voire à une fermeture. Parmi les hypothèses présentées la semaine dernière, deux émergent : la rénovation de l’outil ou la reconstruction d’un nouvel abattoir au Nouvion, ou, pourquoi pas, à Saint-Quentin. Aucune de ces pistes n’a été arrêtée. Une nouvelle réunion est prévue courant mars pour aller plus avant sur la réflexion. Seule certitude, côté Région, celle-ci est prête à apporter sa contribution financière au projet. Pour mémoire, ce sont 8 000 t qui sont traitées dans cet abattoir, spécialisé dans l’abattage des porcs et des ovins.

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