La Safer de Picardie tire sa révérence !
Vendredi dernier s’est tenue la dernière assemblée générale de la Safer de Picardie à Doullens (80) aux allures de nostalgie : la nouvelle fusion avec le Nord-Pas-de-Calais ainsi que le départ à la retraire de sa directrice emblématique, Marie-Andrée Dégardin.
Pour son ultime sortie en publique, la Safer de Picardie a présenté aux invités un rapport d’activités pour l’année 2016 ainsi que les six premiers mois d’activité de l’année 2017 (pour cause de fusion) riche en chiffres. En effet, sur l’année 2016, la Safer de Picardie a acquis près de 1 700 hectares, essentiellement à l’amiable : 177 hectares dans l’Aisne, 439 hectares dans la Somme et 1 084 hectares dans l’Oise. Sur ces acquisitions, environ 0,3 % de propriétés bâties, 43,7 % de parts sociales et le solde de 56 % pour des terres agricoles. L’année 2016 a connu plus de préemptions pour révision de prix que les années précédentes.
Intermédiation locative
Cette année 2016 a également été marquée par l’intermédiation locative, activité développée de plus en plus par la Safer de Picardie. Il est important de différencier la rétrocession de parcelles agricoles acquises par la Safer de l’intermédiation locative.
Par l’intermédiation locative, le futur cédant fait appel aux services de la Safer pour la prise en charge de sa cession de A à Z, mais reste «décideur» du choix de son repreneur. Ainsi, en 2016, 521 hectares ont été cédés dans le cadre de l’intermédiation locative au niveau de la Somme et de l’Oise (rien à signaler dans le département de l’Aisne).
Concernant la Somme, l’intermédiation locative a représenté 465 hectares dont seize consolidations d’exploitations pour 197 hectares et cinq installations représentant près de 268 hectares, et dans l’Oise 56 hectares pour une installation.
De plus, à noter que cinq jeunes agriculteurs ont déjà été installés par la Safer en Picardie sur la période du 1er janvier au 30 juin 2017.
Par ailleurs, Marie-Andrée Dégardin a précisé que «la Safer a un rôle important en matière d’installation dans un contexte difficile pour les jeunes agriculteurs», et, par le biais des rétrocessions, treize jeunes ont pu être installés l’année dernière. Ces installations sont de plus en plus facilitées par la présence en hausse d’apporteurs de capitaux ; ces personnes qui investissent dans le foncier. La directrice a insisté sur le fait que «les apporteurs de capitaux aident soit à maintenir des agriculteurs en place, soit à installer des jeunes, et ont un rôle très important».
Baux Safer
Le rapport d’activités a également été étoffé par l’évocation des conventions de mises à disposition Safer et des baux Safer. Ces pratiques qui ne sont pas soumises au statut du fermage sont utilisées pour la gestion du foncier dans l’attente d’un changement d’usage (terrain à bâtir, boisement), de compensation d’emprise ou dans l’attente par le propriétaire de l’installation d’un descendant. En Picardie et sur l’année écoulée, 844 hectares sont concernés par ces pratiques, à savoir : 87 hectares dans l’Aisne, 212 hectares dans l’Oise et 545 hectares dans la Somme. Cette location est variable d’un à six ans, et reste précaire pour le preneur en place puisqu’elle n’est renouvelable qu’une fois, soit douze ans au maximum.
Par ailleurs, le président de la Safer de Picardie, Monsieur Versluys, a introduit son rapport moral pour sa dernière assemblée générale en précisant que le contexte de l’année était difficile avec la crise traversée par les exploitants et que nombreux d’entre eux commençaient à décapitaliser leur foncier en vendant les terres, afin d’obtenir de la trésorerie pour «faire face» aux problèmes financiers. Celui-ci a également évoqué le «lourd» dossier Safer du moment, une exploitation de 750 hectares située dans l’Oise qui a été reprise par la Safer au cours de l’année en achat global à l’amiable ; le but étant de contrer l’arrivée d’investisseurs étrangers, comme ce fut le cas l’an dernier, avec les investisseurs chinois dans le département de l’Indre. La gestion et la continuité de l’exploitation sont assurées aujourd’hui par un conseiller foncier de la Safer, Pascal Bouchart, et avec les salariés de l’exploitation dans l’attente de l’attribution prochaine par le comité technique de la Safer.
L’assemblée générale a été également l’occasion d’aborder les grandes tendances des marchés ruraux pour l’année 2016. Force est de constater une augmentation des transactions de terres et pâtures d’environ 6 % avec en corrélation une progression constante des prix depuis l’année 2010.
Le paysage agricole subit une mutation profonde qui s’explique par la diminution des exploitations agricoles, le faible renouvellement des générations, la marginalisation progressive du modèle familial, le développement des grandes exploitations sociétaires ainsi que le recours croissant au travail à façon.
Fusion Hauts-de-France
Aujourd’hui, on parle de Safer Hauts-de-France dont le nouveau directeur est Hubert Bourgois, originaire de la Somme. Le siège social est maintenu à Boves (80) et le siège administratif, quant à lui, est fixé à Lille (59).
Concernant la Picardie, c’est Olivier de France qui devient le nouveau chef de service et restera basé dans les locaux situés à Boves.
Le nouveau président de la Safer Hauts-de-France fraichement élu, Sylvain Versluys, ancien président de la Safer Picardie, est exploitant agricole à Thieux (Oise) sur une exploitation de type polyculture-élevage.
Toute l’équipe de la FDSEA souhaite une excellente retraite à Marie-Andrée Dégardin, et réussite dans ses nouveaux projets.
Composition bureau Safer Hauts-de-France
Président : Sylvain Versluys
1er vice-président : Denis Bollengier
Vice-présidents : Xavier Flinois, Christophe Brancourt, Jérôme Muselet, Damien Carlier, Francis Vermersch
Agriculteurs en «difficulté passagère» : la possibilité de la vente à réméré
Les articles 1659 et 1660 du Code civil abordent le thème de vente à réméré, qui offre la possibilité au vendeur du bien de le racheter dans les cinq ans suivant la vente.
Par ce moyen et dans le contexte économique actuel, la Safer a alors la possibilité d’aider les agriculteurs en difficulté qui sont à la recherche de trésorerie.
En pratique, l’exploitant agricole-propriétaire dans le besoin pourrait vendre des terres agricoles à la Safer qui stockerait les parcelles pendant cinq ans maximum.
Au bout de ces cinq années, l’exploitant pourrait alors racheter ses terres agricoles.