La santé des vaches est dans l’assiette… distribuée automatiquement et connectée
Les robots d’alimentation font tout doucement leur entrée dans les élevages. À Martigny (02), Sophie et Hervé Woimant sont équipés du Lely Vector depuis un an pour leurs laitières et leurs allaitantes. Témoignage.
Les robots d’alimentation font tout doucement leur entrée dans les élevages. À Martigny (02), Sophie et Hervé Woimant sont équipés du Lely Vector depuis un an pour leurs laitières et leurs allaitantes. Témoignage.
Pour Sophie et Hervé Woimant, la question du matériel d’alimentation s’est posée lorsque la mélangeuse est arrivée en fin de carrière. «J’envisageais d’investir dans une automotrice. Et puis on m’a parlé du robot. Je me suis renseigné et je me suis décidé», explique Hervé. Depuis avril 2021, le robot d’alimentation Lely Vector nourrit donc les 250 bovins de l’exploitation de Martigny, au nord-est de l’Aisne, dont une centaine de laitières et cinquante charolaises. Un bijou de technologie qui a coûté 150 000 €, plus 50 000 € de travaux (il a entre autres fallu supprimer les marches aux entrées des trois bâtiments), que les éleveurs comptent amortir dans quelques années.
Le premier avantage est la réduction de la pénibilité du travail. Fini, les deux heures passées chaque jour à nourrir les animaux, à monter et à descendre sans cesse du tracteur. Désormais, le remplissage de la cuisine d’alimentation ne prend plus qu’une demi-heure quotidienne du temps d’Hervé. De jour comme de nuit, presque sans arrêt l’hiver quand tout le monde est au bâtiment, le grappin va et vient au-dessus de la cuisine sur son rail. Il se sert en quantité précise de maïs, pulpes de betteraves, paille, foin broyé ou ensilage d’herbe selon les animaux nourris, puis les dépose dans le bol de mélange et d’alimentation, doté d’une cuve et d’une vis de mélange. Celui-ci, autonome grâce à ses batteries, rejoint alors les bâtiments d’élevage. Il repousse la ration à l’auge et mesure sa hauteur. En fonction de son analyse, il déclenche ou non une nouvelle distribution. «Un bol permet de distribuer 10 t de MS/jour», précise la marque.
Moins de gâchis
Cette mesure de la hauteur de la ration est un vrai atout pour Hervé. «Il y a beaucoup moins de gâchis.» Le fait de broyer la paille et le foin est un peu contraignant, puisqu’une entreprise vient le faire chaque mois, et que l’activité génère de la poussière, mais le résultat est évident : «Tout est mangé. Il n’y a plus de refus.» Surtout, chaque lot de bovins a une ration qui correspond à ses besoins physiologiques. «Avant, je simplifiais avec trois rations différentes seulement. Aujourd’hui, six rations sont programmées.» Chez Lely, l’amélioration de la santé des animaux est un des arguments utilisés : «Une ingestion actionnée en de nombreux repas peu copieux tout au long de la journée stabilise le pH du rumen. Or, si le pH est bas, la flore microbienne devient inefficace. Ainsi, les bovins utilisent efficacement le fourrage qu’ils ingèrent.»
Les résultats sont-ils palpables ? «Du jour où on a monté le robot, on a gagné 2 l de lait par vache et par jour. Au début de la mise à l’herbe, on est même monté à 34 l», se réjouit Hervé. La marque assure que les professionnels gagnent en précision dans le suivi des bovins grâce au Lely Vector, puisque celui-ci est connecté à un logiciel de gestion du troupeau. Il génère des «indicateurs clés de performance» (KPI) qui fournissent des informations en temps réel sur l’ingestion de matière sèche et des quantités d’aliments selon les groupes d’animaux.
D’après Lely toujours, des économies doivent également être faites sur la dépense énergétique. «Les éleveurs ont rarement conscience de la consommation de carburant du tracteur qui sert à nourrir, mais c’est énorme. La consommation électrique du Lely Vector est estimée à 1 €/jour pour 100 UGB», annonce Antoine Dhaine, conseiller Lely. Plus de 4 000 l de fioul seraient ainsi économisés chaque année. Hervé et Sophie relativisent tout de même. «On est au-dessus de ça. Notre installation électrique est d’ailleurs vite saturée. Il n’est pas rare que ça saute quand on est en train de traire.» Enfin, les agriculteurs apprécient la propreté de leur cour. «Quand on multipliait les aller et retour en tracteur, il y avait une boue permanente l’hiver.»
Prochaine étape : les ventilateurs ?
L’inconvénient, parce qu’ils en voient un, c’est l’alarme. «Si une vache donne un gros coup de tête dedans, par exemple, il se bloque et mon téléphone, connecté via l’application sonne… Y compris en pleine nuit !» Pas de quoi détourner les éleveurs de l’innovation cependant. Ces jours-ci, la production de lait a baissé, la faute aux températures élevées et au stress thermique qu’elles provoquent sur les animaux. «Je réfléchis à l’installation de ventilateurs», confie Hervé.