La SCL O’Lait à la pointe de la technologie
Durant deux jours,
les sept associés
de la SCL O’Lait
à Hautvillers-Ouville ont ouvert leurs
portes au public.
La visite des installations est libre et vous emmène rapidement vers deux robots de traite Delaval, installés côte à côte, dans un premier bâtiment qui sent encore le neuf. L’exploitation est organisée et finement menée sur deux étables. Une première, neuve de 2015, où sont regroupées les vaches en milieu et fin de lactation, les génisses dès cinq mois en parcs, puis dès le début de la gestation en logettes et les taries. Une deuxième étable ancestrale et rénovée, équipée de trois robots de traite, abrite un laboratoire Herd Navigator (analyse de lait : progestérone, cétone et infections) pour des vaches en début de lactation et jusqu’à la confirmation de gestation. Les aires de déplacement entre les logettes sont nettoyées sans relâche par un robot racleur et les tables d’alimentation remises en ordre par robot rabatteur. A cela, il faut ajouter les ventilateurs brasseurs d’air et les brosses rotatives pour un investissement d’environ un million d’euros.
Cette aventure a été possible grâce à l’esprit mutualiste de dix agriculteurs qui, dans les années 1990, ont créé la Cuma des Villages. Ce regroupement, né d’une réflexion sur la mécanisation des exploitations, a rapidement tourné à plein régime et, après une mise en commun de l’assolement, a posé quelques problèmes d’organisation. En effet, certains des agriculteurs étant aussi éleveurs, il fallait, pour optimiser le travail, regrouper les ateliers lait, ce qui fut le cas en 1993 avec la création d’un Gaec partiel. Chemin faisant, en 2003, les éleveurs décident de créer la SCL O’Lait qui regroupent alors environ 180 vaches en lactation. La société continue alors de s’agrandir avec, en 2010, la construction du deuxième bâtiment, qui sert d’abord d’aire de stockage pour les fourrages et de lieu d’élevage pour les génisses. En 2015, avec la reprise d’une activité laitière par Martin Lévèque et Marc-Alexandre Delcourt, l’espace commence à faire défaut et le bâtiment est alors converti en étable robotisée.
Travail réparti
Les sept associés font toujours partie de la Cuma et, côté organisation, le travail est rodé. Tous les lundis matins, les dix agriculteurs et éleveurs se réunissent pour faire le point sur les travaux. Les responsables des secteurs sont bien définis : trois personnes à la culture des pommes de terre, deux sur le lait, Pascal Lévèque à l’atelier et la plaine, sur laquelle des binômes, voire des trinômes, s’organisent selon les travaux de culture.
Enfin, quatre réunions par an, entre les associés de la SCL, permettent de faire le point sur les activités et les objectifs de la société. Dans ces derniers, l’accroissement du troupeau jusqu’à 250 têtes est prévu d’ici la fin de l’année, mais Martin Lévèque temporise. «Nous sommes prudents sur les volumes. Nous ne souhaitons pas faire tourner à plein régime les robots.» En effet, à l’heure d’aujourd’hui, ils tournent chacun tranquillement sur quarante vaches par jour.
Une société entourée
Les associés s’appuient sur une équipe de conseillers pluridisciplinaires, et tous présents aux portes ouvertes. De la génétique avec Gènes Diffusion, en passant par l’élevage avec Avenir conseil élevage jusqu’à la conception des bâtiments et robotisation avec Delaval, AMBS et Bulcke. La société est aujourd’hui à la pointe de ses performances, ce qui lui permet de «passer la crise sans être trop impactée», souligne Pascal Lévèque. Performant sur les charges, leur coût alimentaire est aussi maîtrisé et les associés continuent de travailler dessus : 95 Ä/1 000 litres pour cet hiver et 125 Ä/1 000 litres en moyenne sur l’année écoulée, vaches et génisses comprises. Avec une ration basée sur le maïs ensilage et 90 ha de pâturage, l’exploitation se situe encore en dessous du meilleur quart en système maïs sur la même période (135 Ä/1 000 litres).
Lourdeurs des démarches
Comme n’importe quelle installation, les associés déplorent la lourdeur des démarches administratives. Un projet d’agrandissement du bâtiment de stockage traîne. «Nous avons déjà le permis de construire, mais pour une petite modification, faire pivoter le bâtiment d’un quart de tour, on est repartis pour huit mois d’attente», explique Pascal Lévèque. Lorsqu’on leur pose la question des zones vulnérables, la même révolte que sur les visages des autres éleveurs se lit. «Aucun d’entre nous n’a besoin de nouvelles réglementations. Cela décourage tous nos jeunes. Il faut arrêter.»
Si plusieurs élus ont fait le déplacement jeudi sur l’exploitation, Daniel Roguet président de la Chambre d’Agriculture de la Somme et les élus territoriaux des intercommunalités, Pascal Lévèque nuance : «La rencontre a été cordiale et pleine d’échanges mais, maintenant, nous attendons qu’ils agissent.»
Malgré la conjoncture, avec une équipe de passionnés à son service, la SCL O’Lait a encore de beaux jours devant elle.