La stratégie de la Région pour toutes les agricultures
Région Hauts-de-France et Etat s’opposent sur la répartition des aides à l’agriculture et le soutien au développement du bio.
Faire adopter en séance plénière une stratégie régionale pour l’agriculture, c’est sans doute une manière pour le Conseil régional des Hauts-de-France d’inscrire dans le marbre un certain nombre des orientations prises depuis dix-huit mois et de tracer une feuille de route. Fin de semaine dernière, les six enjeux et dix-sept priorités voulus par la Région ont été approuvés.
Dans les grandes lignes, il s’agit de soutenir le développement des exploitations et la professionnalisation des agriculteurs ; de mieux valoriser les productions agricoles du territoire ; de développer la qualité et la diversification des productions ; de soutenir les industries agro-alimentaires et l’agro-industrie ; de favoriser l’innovation ou encore de valoriser le métier d’agriculteur et l’image de l’agriculture.
Désengagement de l’Etat
Pour la vice-présidente du conseil régional en charge de l’agriculture, Marie-Sophie Lesne, cette politique agricole servie par un budget qui avoisine les 22 millions d’euros s’adresse «à toutes les agricultures, sans dogmatisme, aux filières courtes, comme aux filières longues qui sont parfaitement complémentaires». S’appuyant sur le constat d’une production agricole déficitaire en Hauts-de-France par rapport à la demande, la Région se dote également d’un plan de développement du bio.
Concrètement, il s’agit de mettre en place un guichet unique destiné à accompagner les agriculteurs conventionnels qui souhaiteraient se convertir au bio. Il prévoit aussi un observatoire de la bio conçu comme un «espace de dialogue pour toute la filière, du distributeur au consommateur», et permettant «de s’assurer de l’équitable répartition de la valeur ajoutée entre tous les acteurs».
Bertrand demande de la transparence
La mise en œuvre de ce plan intervient dans un contexte de «désengagement de l’Etat sur ses aides au maintien de l’agriculture». Et les élus régionaux, en tête desquels on retrouve ceux qui composent la commission Agriculture, de regretter «un nouveau manque à gagner de deux millions d’euros pour l’agriculture des Hauts-de-France après le transfert de crédits cet été du premier au second pilier de la Pac, qui a déjà coûté trente millions d’euros à nos agriculteurs».
Pour conclure le volet agricole de la séance plénière, le président de la Région, Xavier Bertrand s’en est pris au gouvernement en demandant «une opération clarté» ; autrement dit, «qui fait quoi ?», «à qui sont dus les retards de versement de certaines aides ?». Lui en est convaincu : «Il faut que l’Etat assume sa part de responsabilité et tienne ses engagements. Les complexités que l’on peut rencontrer ne sont pas au niveau de la Région, mais de l’Etat».
Des Etats généraux de l’alimentation sans les Régions
Dans l’avalanche de coups portée par le président du Conseil régional des Hauts-de-France vis-à-vis de l’Etat et du gouvernement lors de sa séance plénière, il en est un qui retient particulièrement l’attention des acteurs de l’alimentation au sens large : la fin de la participation des Régions de France aux Etats généraux de l’alimentation. Vice-présidente en charge de l’alimentation et de l’agriculture de la région Hauts-de-France, Marie-Sophie Lesne a justifié cette décision politique par «les coups de boutoir que nous recevons de l’Etat, en particulier le transfert des aides Pac et la baisse des dotations aux collectivités». La veille, Xavier Bertrand s’était illustré parmi d’autres présidents de Région en participant au retrait des Régions de France à la tenue de la Conférence nationale des territoires.
Ce boycott des Etats généraux nationaux de l’alimentation conduit la Région Hauts-de-France à ne plus assurer sa présence lors des deux prochaines rencontres organisées le 20 octobre à Amiens (agroressources) et le 14 novembre à Oignies (politique de l’alimentation). Pour Marie-Sophie Lesne, la décision est «regrettable, mais nous n’avons pas d’autres moyens de nous faire entendre (…) Nous continuerons quoi qu’il en soit d’entretenir de bonnes relations avec la Draaf et de travailler ces sujets».