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«La valeur ajoutée du marché doit aller jusqu’au producteur»

Le Conseil national de la FNPL s’est réuni le 26 novembre. Ce rendez-vous annuel, auquel ont participé quelque 120 délégués de toute la France, a été l’occasion de revenir sur une année 2015.

De g. à dr. : Serge Papin, président du Système U, et Thierry Roquefeuil, président du FNPL.
De g. à dr. : Serge Papin, président du Système U, et Thierry Roquefeuil, président du FNPL.
© AAP

Tout au long de l’année, alerte, action, mobilisation, à Bruxelles et à Paris, la FNPL et son réseau ont fortement contribué à l’obtention du plan d’urgence complété par des fonds européens complémentaires de gestion des marchés. Malgré cela, la crise n’est toujours pas résorbée et le commissaire européen reste aveugle et sourd aux difficultés des éleveurs laitiers français et européens.
Grâce à la mobilisation de son réseau, la FNPL a aussi axé son action sur le seul levier qui pouvait permettre d’agir sur le prix du lait : le marché intérieur des PGC. Les deux tables rondes du 24 juillet et du 1er octobre ont pu déboucher sur des engagements forts de la distribution et des entreprises. Plus de 120 millions d’euros ont été concrètement réinjectés sur le prix payé aux producteurs. De ce fait, le prix français est nettement supérieur à celui de la plupart de nos collègues européens.
Cette action n’est pas terminée. Non seulement la FNPL constate une perte en charge du retour attendu et une forte absence de transparence du dispositif, mais la crise persiste et l’on constate déjà des fissures dans l’édifice, chaque intervenant semblant déjà se préparer à une lutte sans merci pour les négociations 2016. Cela, la FNPL et les éleveurs laitiers ne pourront l’accepter !

Mise en place d’une charte
«Nous ne sommes pas là que pour éteindre les incendies, a affirmé Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, et nous devons effectuer un travail prospectif sur la chaîne alimentaire et le retour de valeur pour les éleveurs.» L’intervention d’un grand témoin, Serge Papin, PDG de Système U, a été l’occasion d’examiner les pistes telles que celles de relations tripartites où les producteurs ne seraient plus la seule résultante de négociations commerciales, mais en seraient, au contraire, l’un des acteurs.
Mais le pas de temps de ce travail n’est pas en adéquation avec la situation actuelle, et surtout celle du début d’année 2016. Les résultats obtenus en 2015 doivent se poursuivre en 2016. Seul le marché intérieur a capacité à atténuer l’impact de la crise sur les autres marchés.
C’est pourquoi la FNPL proposera dans les prochains jours une charte que devront signer les acteurs afin de poursuivre leurs engagements sur les conditions tarifaires de 2016 et les retours aux producteurs.
C’est l’une des conditions nécessaires pour tenir jusqu’au bout de cette crise. La FNPL et son réseau seront proactifs dans cette démarche vitale pour les éleveurs, et seront inflexibles envers ceux qui ne s’y associeraient pas.


REACTION

Olivier Thibaut, président de l'UPLP
Lait : gardons courage !

Chacun sait que la filière laitière traverse une crise profonde. La volatilité des prix, on a beau s’y préparer dans nos têtes, quand les prix sont bas et qu’on a du mal à voir le bout du tunnel, on ne l’accepte pas. Faut-il pour autant se résigner et se décourager ? Observons les tendances mondiales et constatons que les équilibres fondamentaux sont toujours là, avec un besoin en produits laitiers qui continuera à croître à l’échelle planétaire. Reconnaissons aussi que ce sont bien les cours mondiaux qui ont su nous monter vers le haut et que ce seront eux aussi qui rétabliront la situation. Notre production est à rotation lente, notre vision globale doit être à long terme. Pour autant, n’occultons pas le présent. La mobilisation syndicale, à l’échelle départementale ou nationale, a été d’une rare ampleur, et même si les fruits sont longs à venir, il y en a déjà quelques-uns. Jamais depuis dix ans, nous n’avions autant entendu de préférence nationale sur les produits alimentaires ; c’est notre priorité, car vendre et valoriser nos produits est la première source de revenu et de fierté. Les aides du plan d’urgence sont là : MSA, TFNB, FAC et autres, c’est un ensemble qui va s’avérer efficace dans plusieurs centaines exploitations du département. Sur un plan local, nous avons enrayé la machine réglementaire sur les zones vulnérables, et heureusement, car dans cette conjoncture, nous n’avons plus les moyens pour des investissements tout aussi inutiles pour nos fermes que pour l’environnement. Quant à la modernisation des élevages, car il faut toujours voir l’avenir, elle aura rarement été autant soutenue au travers du plan de compétitivité des filières agricoles, largement boostée avec nos actions syndicales de cet été. La mobilisation ne doit pas baisser ; les événements nationaux, tragiques, nous obligent à avoir des formes d’actions aménagées. Pour autant, la pression sur la grande distribution ou les industriels moins-disant ne faiblit pas et ne faiblira pas dans les prochains mois. La reprise viendra, nous le savons tous, mais quand ? D’ici là, nous devons aller chercher partout la rentabilité, en gardant une immense vigilance sur nos charges et en maintenant la pression pour nos prix. La motivation et l’unité sont indispensables en cette période à titre individuel, et collectif, et c’est précisément dans le collectif que nous devons puiser les ressources pour garder confiance. Ne baissons pas les bras ; notre profession ne l’a jamais fait ; et continuons ensemble d’avancer et de progresser.

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