Lactalis : les enseignes avouent la vente des produits contaminés
Leclerc, Auchan, Intermarché, Système U, Carrefour et Casino : ces six chaînes de supermarché font le tour des médias. En cause : la vente de lait contaminé aux salmonelles, dans leurs rayons, malgré un rappel des produit le 21 décembre.
Après avoir reçu les distributeurs, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire rencontre ce vendredi le groupe laitier. Selon lui, ce dernier a «gravement failli» dans la crise du lait potentiellement contaminé à la salmonelle.
Il a déclaré : «l'Etat a dû se substituer à une entreprise défaillante». Dans une conférence de presse, le 11 janvier, il annonçait que 2 500 contrôles de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont montré la présence de lots de produits infantiles, pourtant interdits à la vente, dans 91 établissements dont 30 grande et moyenne surface, 44 pharmacies, 12 hôpitaux, 2 crèches et 3 grossistes. «J'ai demandé 2500 contrôles supplémentaires par les agents de la DGCCRF et des procès-verbaux seront établis auprès des enseignes» ayant mis en vente ces lots interdits. «Les sanctions encourues par Lactalis seront définies par la justice. Cela ne nous appartient pas», a-t-il continué, après avoir dressé toute la chronologie des faits depuis le 1er décembre, date de l'alerte donnée par l'Agence nationale de santé publique sur un nombre de cas anormalement élevé de salmonelles détectées chez des nourrissons.
Lactalis affirme «avoir toujours travaillé en parfaite collaboration avec les autorités»
Michel Nalet, porte-parole de Lactalis, a affirmé le même jour que le groupe avait «toujours travaillé en parfaite collaboration avec les autorités». Pour ce faire, il a redonné une chronologie des faits au sujet de la contamination par des salmonelles de produits infantiles issus de l'usine de Craon depuis le 1er décembre. Il a également renouvelé ses excuses auprès des parents, évoquant qu'au coeur de l'entreprise, «nous sommes tous des parents ou des grands-parents». Il n'a pas donné de date de remise en route de l'usine de Craon. Il s'est voulu rassurant auprès des producteurs de lait dont la collecte n'a pas cessé, expliquant : «Ce dossier est très difficile pour notre groupe». «J'ai plus de 28 ans d'ancienneté dans ce groupe et je n'ai jamais vu cela», a-t-il déclaré. Pour l'heure, à sa connaissance, sur la trentaine de pays hormis la France où il y a eu des retraits de lots, aucun cas de salmonelle sur des nourrissons en lien avec la consommation de produits infantiles du groupe n'a été rapporté.
Lactalis : B. Le Maire annonce des contrôles électroniques systématiques en caisse
Bruno Le Maire, ministre de l'économie, a annoncé le 11 janvier qu'à l'avenir, «un contrôle électronique systématique en caisse» permettra de «garantir qu'aucune boîte de produits infantiles» du groupe Lactalis, issue de l'usine de Craon et contaminée par des salmonelles, ne sera vendue. En effet, plusieurs distributeurs (Auchan, Intermarché, E. Leclerc, Cora, etc) ont reconnu le 10 janvier avoir vendus des produits infantiles qui étaient inscrits sur la liste des produits à retirer de la vente, définie par la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) et le groupe Lactalis lui-même. Face à cela, Bruno Le Maire et Stéphane Travert ont choisi de réunir les distributeurs le 11 janvier. Ces derniers se sont engagés, selon Bruno Le Maire, à «sensibiliser chacun des directeurs de magasin pour qu'ils examinent leur stock» et qu'ils gèrent «de manière adéquat les retours des boîtes suspectes». Quant à Stéphane Travert, il a «lancé un appel aux consommateurs» afin qu'ils vérifient si les produits infantiles achetés «pourraient faire l'objet d'un retour».
Historique...
Mardi, la chaîne de supermarché Leclerc a été la première a reconnaître avoir vendu près d'un millier de produits Laclalis.
Auchan a ensuite annoncé, mercredi, avoir vendu 52 boîtes de lait infantile Lactalis qui auraient dû être retirées de ses rayons, selon un communiqué : «Malgré le retrait effectif de 36 000 produits, 52 produits supplémentaires - des boîtes de lait infantile - ont échappé à la vigilance de nos équipes et ont été vendus après la date du rappel sur 28 magasins (hypermarchés et supermarchés)». Le groupe se dit «consterné et présente ses excuses pour ces erreurs subies par ses clients».
Les clients, eux, ont été contactés et informés pour permettre le rappel des produits incriminés. «les derniers clients sont en train d'être identifiés et contactés. Le numéro consommateurs Auchan (03.5930.5930) est à la disposition des consommateurs qui auraient des questions», poursuit Auchan.
Système U faisait une annonce à son tour, mercredi : le groupe de distribution expliquait avoir vendu 384 boîtes de lait infantile Lactalis qui auraient dû être retirées de ses rayons. Un numéro est à disposition des consommateurs: 09 69 36 69 36.
Dans la foulée Carrefour a également indiqué mercredi, dans la soirée, avoir vendu 434 produits Lactalis après le rappel. «Dès que Carrefour a été alerté par son fournisseur Lactalis, l'enseigne a aussitôt procédé au rappel des lots concernés dans ses magasins, soit le retrait effectif de 94.959 produits», a indiqué l'enseigne. Carrefour, qui contacte chacun des clients concernés, a mis en place un numéro d'information au consommateur : 0 805 900 022.
Casino, ce jeudi, reconnaissait avoir vendu 352 articles. Dans l'hypothèse «extraordinaire» où des produits concernés seraient encore dans les rayons, «ils ne peuvent plus être vendus», Casino ayant mis en place une procédure de blocage en caisse des produits concernés par le retrait, a annoncé son porte-parole.
Et Intermarché ?
Le groupe Intermarché est également pointé du doigt. Le groupe a ouvert une enquête après le signalement de plusieurs clients. À ce stade, Intermarché se dit incapable d'assurer qu'il n'y a pas de produits incriminés dans ses rayons. Mercredi, le groupe a annoncé arrêter définitivement la vente de laits infantiles de la marque Milumel. Thierry Cotillard, le PDG, explique une «gestion chaotique de la crise» par Milumel. Une situation que le patron raconte n'avoir «jamais vue».
Pour Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, il s'agit «d'un dysfonctionnement majeur dans la procédure de retrait/rappel par les opérateurs, dont c'est la responsabilité». Il appelle «chacun, industriels, intermédiaires, et distributeurs», à faire « toute la lumière sur les défaillances qui ont été constatées et (qu'ils) s'assurent que plus aucun des produits concernés ne sont sur le marché et ne se trouvent dans les magasins».
Un problème national
Depuis ces annonces, l'Association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles reçoit de nombreux appels de consommateurs qui signalent qu'il y a encore des boîtes dans les rayons de plusieurs enseignes. «On reçoit des appels minute par minute, assurait à Europe 1 Quentin Guillemain, le président. Les gens disent qu'ils ont retrouvé tel ou tel lot dans le magasin d'à côté, avec une photo de la boîte et une photo de la facture. Et ce n'est pas une enseigne localisée dans une région, c'est partout en France.»
En Rhône-Alpes, une jeune maman a annoncé qu'elle allait porter plainte contre Leclerc, après avoir acheté du lait Lactalis contaminé.
Chômage partiel au site Lactalis de Craon
Suite à la contamination, le site de Craon (53) de Lactalis est à l'arrêt depuis le 8 décembre 2017. Un arrêté préfectoral a été pris le 9 décembre confirmant la décision d'arrêt des activités sur le site. Les 327 salariés de l'usine sont touchés.?Pour les maintenir en activité, le groupe a annoncé ce jeudi que le chômage partiel a été mis en oeuvre, et cela jusqu'au 4 février prochain. Cette demande, acceptée par la Direccte, concerne 250 salariés. Elle est effective depuis le lundi 8 janvier. Le reste des collaborateurs est mobilisé sur le site pour les travaux de maintenance en vue du redémarrage des activités. Lactalis indique aussi que près de 70 salariés acceptent des missions sur d'autres sites à proximité avec une prise en charge de leurs frais de déplacement.?La demande de chômage partiel pourra être renouvelée sous réserve de l'avancée de la situation et des résultats des analyses réalisées par le Centre national de recherche des Salmonelles, l'Institut Pasteur.