Lact’Union recherche des producteurs de lait bio
Acteur de la filière bio depuis 1997 dans la région, Lact’Union souhaite collecter 5 millions de litres de lait bio d’ici deux ans, soit un doublement de sa collecte actuelle. Sa stratégie.
Ce n’est pas un scoop. Depuis des années, la coopérative laitière Lact’Union recherche des producteurs de lait bio pour augmenter sa collecte et répondre ainsi aux besoins croissants du marché. Aujourd’hui, sur les 20 millions de litres de lait bio qu’elle traite, cinq millions proviennent de sa collecte (la moitié auprès de ses adhérents et l’autre moitié de la Prospérité Fermière) et les quinze autres millions de lait sont achetés principalement à Biolait.
Sur les 700 adhérents de la coopérative, huit actuellement produisent du lait bio, auquel s’ajoute une dizaine d’autres éleveurs, mais qui ne sont pas adhérents de Lact’Union. L’objectif est donc d’atteindre une collecte propre de cinq millions, voire six millions d’ici deux ans. Tel est le cap, et un cap jugé «plus que faisable», selon son président, Olivier Vermes.
De toute façon, pour inciter les éleveurs à se lancer dans ce créneau, il n’y a pas dix mille recettes. Lact’Union le sait bien. Le prix payé est l’élément déterminant. Or, la coopérative a pour objectif d’ici deux ans de doubler sa collecte de lait auprès de ses adhérents et non adhérents. D’autant que la demande en lait bio continue à progresser, de l’ordre de 7 à 8 % chaque année. Autre raison : la volonté de sécuriser son approvisionnement face à un marché en progression, qui attire donc de plus en plus l’attention d’autres coopératives, et encore plus avec les crises laitières à répétition de ces dernières années.
Incitation financière et suivi technique
Pour l’atteindre, elle a fixé cette année le prix du lait bio à 450 €/1 000 litres alors que le prix de base du lait conventionnel oscille depuis le début de l’année entre 270 et 300 €/1 000 litres, avec une baisse d’un mois à l’autre. «Le prix moyen depuis cinq ans est autour de 440 €/1 000 litres en bio, précise Elodie Guilbert, technicienne chez Lact’Union. Et pour ceux qui sont en conversion, le prix est calculé à partir du prix conventionnel, fixé lui à 330 €, auquel s’ajoute une prime à la conversion de 30 €, soit un prix total de 360 €, le prix plancher en dessous duquel Lact’Union ne descend pas.» «La prime est maintenue, quoi qu’il arrive», ajoute Olivier Vermes.
La conversion n’étant pas chose aisée, et l’investissement de la coopérative pas neutre sur le plan financier, cette dernière doit s’assurer de la viabilité économique et de la pertinence agronomique du projet des éleveurs tentés par la conversion. Pour les accompagner au mieux, Lact’Union a embauché dernièrement une conseillère technique dédiée à la conversion en bio et à l’accompagnement des producteurs bio.
La stratégie semble payante, puisque une dizaine d’éleveurs sont déjà dans les starting-blocks dans le sud de la Somme, l’Oise, le Pas-de-Calais et en Thiérache). Par ailleurs, une étude a été lancée avec la Chambre d’agriculture de la Somme pour voir les possibilités de conversion dans les Bas Champs. Le diagnostic sera rendu d’ici quelques mois. «C’est une façon de sortir par le haut des agriculteurs qui sont dans des zones très difficiles. Les gens, dans tous les cas, semblent intéressés. Cependant, s’ils n’obtiennent pas les aides en lien avec les zones difficiles, cela va être très compliqué», relève Olivier Vermes.
Mises en garde
Mais, «attention, prévient-il aussitôt, la conversion en bio n’est pas le remède à tous les maux. Il faut que ce soit possible au niveau du parcellaire, de l’autonomie alimentaire et de la technicité de l’éleveur.» D’autant qu’il faut passer le cap difficile des deux années de conversion. «Il faut des gens motivés, convaincus du projet et carrés. La conversion en bio, ce n’est pas un engagement à la légère», insiste le président de la coopérative. D’ailleurs, si le projet ne tient pas la route, la coopérative ne suit pas.
Autre paramètre important : la localisation du producteur qui doit être cohérente avec le périmètre actuel. «Actuellement, nous avons une forte dispersion sur le territoire des producteurs de lait bio entre le Pas-de-Calais, le sud de la Somme et l’Oise. D’où l’intérêt à trouver des arrangements avec les autres coopératives sur la collecte de lait bio», précise Olivier Vermes. Dernier élément à garder aussi à l’esprit : si le prix du lait conventionnel remonte très haut, on parlera beaucoup moins du bio. «C’est une raison supplémentaire pour ceux qui décident de partir sur le bio d’avoir un projet solide et abouti», conclut-il.
Lact’Union et le bio
La coopérative a été la première sur ce créneau dans la région. «En 1997, Carrefour nous a sollicités pour du lait bio et une gamme de produits infantiles. C’est ainsi que nous avons commencé», raconte Olivier Buiche, directeur de Lact’Union. Faute de producteurs faisant du lait bio à la coopérative, celle-ci se tourne alors vers Biolait pour se fournir en lait bio. Un partenariat que la coopérative compte bien poursuivre, même si elle souhaite augmenter sa collecte de lait bio.
Les premières collectes, quelques années plus tard, sont minimes, autour de 4 000 à 5 000 litres de lait, le samedi, «de temps en temps», précise-t-il. Pour valoriser l’excédent de matière grasse généré par le lait bio de consommation, la coopérative adapte son outil industriel à Abbeville. Outre le lait de consommation, elle se lance aussi dans la fabrication de barattes de beurre, puis dans le développement de gammes spécifiques en lait infantile. «On a aussi développé une gamme de lait de croissance biologique», ajoute-t-il.