L’agriculture, une chance pour la France
Le président de la République a inauguré le 50e Salon de l’agriculture, le 23 février. Compte-rendu d’un marathon de plus de dix heures.
Arrivé de très bonne heure, à l’heure de la traite, François Hollande, président de la République, a entamé un marathon de dix heures ce samedi 23 février pour montrer l’intérêt qu’il portait au secteur agricole du pays. Dès 7 h 30, il a entamé des discussions avec les éleveurs et les professionnels du secteur, ponctuant ces rencontres par la remarque suivante : «ce sont les éleveurs qui sont dans la situation la plus difficile mais le pire est derrière».
Origine des viandes
Une heure plus tard, le président sacrifiait au traditionnel discours d’ouverture du SIA en évoquant d’entrée de jeu l’actualité du moment. «Je veux qu’on arrive à un étiquetage obligatoire des viandes dans les plats cuisinés. Mais toutes les démarches volontaires, en attendant cette obligation pour tous, seront les bienvenues. Je rappelle aussi que les labels existent et autour de ces labels, les consommateurs peuvent avoir confiance».
Un peu plus tard, sur le stand d’Interbev, l’interprofession des viandes, et dans la bousculade, François Hollande recueille la signature d’une charte Carrefour France qui s’engage à n’acheter que de la viande bovine et porcine origine France pour ses plats cuisinés frais et pour ses surgelés. Pour la FNB, Guy Hermouet estime que ce genre d’initiative permet «de sortir par le haut de cette crise, avec une mobilisation de toute la filière, distribution comprise. Au même titre que VBF avait ramené de la confiance en 96, cette initiative va redonner de la confiance aux consommateurs». Les groupements Intermarché ont également indiqué une démarche de ce genre, tout comme Système U.
Entre temps, le président avait visité le stand Inaporc. Jean Michel Serres, président de la FNP, a rappelé que le propos présidentiel est dans la droite ligne de ce qui s’était dit au Space et que des propositions devaient voir le jour en mars. Il y a urgence aussi dans le secteur porcin. «Il faut arrêter l’hémorragie de la baisse des parts de marché du porc français en Europe. Il faut savoir parler avec les ministres concernés, dont celle de l’écologie, afin de redonner l’envie d’investir».
Dans la foulée, François Hollande a visité le stand Reconquête ovine. Ici, les responsables de la FNO lui ont fait part d’un travail qui visait à mettre en place un fond d’investissement qui permettra de favoriser la formation et l’installation de jeunes. Comme il y aura appel public à l’épargne, le fond est en attente d’un agrément de la part de l’autorité des marchés financiers.
La visite se poursuit au gré des races bovines, notamment les races en conservation. Les spécialistes de la génétique animale et certains professionnels ont pu, au passage, expliquer au président l’importance de la recherche génétique sur les caractères fonctionnels et pas seulement de production.
Végétal, bio et proximité
Direction ensuite le stand des Brasseurs de France et de l’Odyssée végétale : là, Eric Lainé, le président de l’Odyssée et de la Confédération générale des planteurs de betteraves, exprime sa satisfaction concernant la position française sur la PAC mais souhaite que le gouvernement français revoie sa position sur les biocarburants de première génération.
Sur les espaces réservés aux fruits et légumes, le président rencontre Jacques Rouchaussé, le nouveau président de Légumes de France. Le sujet de la compétitivité y est également abordé. «Le crédit d’impôt, c’est important mais il faut aller beaucoup plus loin. L’idée est de pouvoir réinsérer des gens, peu ou pas qualifiés, au chômage depuis longtemps pour leur redonner une chance de travail. Le président s’y est montré favorable et a demandé à ce que la Fnsea fasse l’inventaire des filières ayant besoin de main d’œuvre». Sur les intrants et dans le cadre d’Écophyto, Jacques Rouchaussé a demandé de lever le pied notamment lorsque certaines molécules qui doivent être retiré sont sans substitution possible.
Sur le pavillon des vins, François Hollande a précisé que le vin était «un bon modèle culturel mais il faut exporter davantage. C’est en tout cas la première fois qu’un président de la République prend autant de temps autour des produits de la viticulture. C’est une vraie forme de reconnaissance des métiers et des territoires concernés. Le président s’est déclaré favorable à l’éducation et à l’information autour des produits de la filière» a précisé Jérôme Despey président du comité vin chez FranceAgrimer.
Pas de grande déclaration sur le bio mais l’assurance que la commande publique pourrait désormais utiliser un outil qui lui permettra d’adresser les producteurs bio et de proximité. Cet outil, c’est Agrilocal, mis au point par le département de la Drôme et ses partenaires et qui deviendra un outil national à partir du mois de mars.
La matinée présidentielle se terminera par une visite sur les stands dédiés à l’enseignement, fer de lance d’une partie de la politique de François Hollande : former et éduquer les jeunes pour les diriger vers les métiers agricoles et aval de l’agriculture, des secteurs très demandeurs en termes d’emplois.
Soutien aux producteurs de lait
Lors de son discours inaugural du 50e SIA, le président de la République a quelque peu surpris son monde.
Cela s’est passé à la fin de sa prise de parole.
Auparavant, il avait rencontré des éleveurs laitiers notamment, qui n’avaient pas manqué de lui faire comprendre la difficulté de leur situation. Afin de montrer qu’il les avait entendus, François Hollande a immédiatement souligné la position «très délicate» des producteurs de lait.
Avant d’enchaîner : «Nous les soutiendrons de façon exceptionnelle». Surprise du ministre de l’agriculture mais aussi des responsables professionnels et syndicaux.
La FNPL a donc contacté le conseiller technique de l’Élysée en charge du dossier qui a précisé la pensée présidentielle. Il n’y aura pas de déblocage d’une somme d’argent sonnante et trébuchante mais dans les dispositifs déjà existants (PAC, LME, fiscalité…) ou à venir (loi sur la consommation), des mesures seront ciblées en direction de la profession laitière. Certaines améliorations seront possibles par la prise simple de décrets d’application.
À suivre…