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L'apiculture dans la région des Hauts-de-France

Les trafiquants font leur miel dans la région, mais les apiculteurs locaux persistent. Le plus dur reste néanmoins de produire, avec des abeilles de plus en plus menacées.

L’apiculture est une pratique assez récente dans la région. Les apiculteurs du Nord de la France savent pourtant se démarquer avec leur excellent Miel de tilleul de Picardie.
L’apiculture est une pratique assez récente dans la région. Les apiculteurs du Nord de la France savent pourtant se démarquer avec leur excellent Miel de tilleul de Picardie.
© © APPNP/CPIE 80


Plus de gloutons que de miel dans la région Hauts-de-France. Grégory Dussenne, responsable régional de la filière apiculture à la chambre d’agriculture et salarié de l’APPNP (Apiculteurs professionnels en pays du Nord-Picardie), est formel. «Il n’y a aucun problème de commercialisation du miel en France, comme dans la région, parce qu’il y a plus de demande que d’offre. Le plus dur est de produire.» La production française ne représente en fait qu’un quart de la consommation nationale.
Les Hauts-de-France, eux, abritent 2 134 détenteurs de ruches. Parmi eux, 2 047 sont des apiculteurs de loisir et 87 sont professionnels et pluriactifs, avec plus de cinquante ruches à leur charge. «Un apiculteur est considéré professionnel à temps complet à partir de deux cents ruches», précise Grégory Dussenne, lui-même apiculteur à Condé-sur-l’Escaut (59). Ce rapport loisir/professionnel n’a rien d’étonnant, puisqu’à l’échelle nationale, en 2016, 49 840 apiculteurs étaient recensés, et 92 % avaient moins de cinquante ruches (source FranceAgriMer). Notre région n’est pas une très grosse région apicole : 465 tonnes de miel produit en 2016 contre 3 495 tonnes en Occitanie, première région apicole de France, avec 22 % de la production nationale. Mais elle a de quoi se défendre en termes de qualité, avec de très bons miels de printemps, d’acacia, ou encore de tilleul estampillé «Miel de tilleul de Picardie».

Des ruchers à la mode
Une pratique pourtant très jeune : «L’apiculture a commencé à se développer dans les années 1990 chez nous, assure Grégory Dussenne. Il y a un véritable engouement pour l’apiculture, car les ruchers sont à la mode. En témoigne la longue liste d’attente des ruchers écoles.» En production, les apiculteurs régionaux sont assez bons, avec une moyenne de 20 kg de miel par ruche pour un apiculteur sédentaire et le double pour celui qui pratique la transhumance. Et ce, malgré la faible quantité de fleurs sauvages.
L’atout de la région : elle souffre très rarement de sécheresse, et l’humidité est indispensable à la formation du nectar que les abeilles butinent. Mais, cette année a été particulièrement désastreuse : «Nous n’avons pas échappé à la sécheresse cette fois ! Pas un kilo de miel de tilleul, notre plus grosse miellée d’ordinaire, car la floraison, en juillet, a été vite grillée par les fortes températures et le manque d’eau.»
Pour commercialiser ce fameux miel, deux débouchés existent : celui du pot, essentiellement pour la vente directe ou pour le demi-gros (l’apiculteur met en pot et vend à un revendeur), et celui du vrac, qui consiste à vendre le miel en fût, à un revendeur ou aux industriels. En région, près de la moitié du miel produit est vendue en pot, en direct au consommateur.

«Un marché opaque et vérolé»
Mais les apiculteurs doivent faire face au trafic, leur plus grand combat. «Le marché du miel est opaque et vérolé ! Il y a énormément de trafic», témoigne Grégory Dussene. La source du problème : une règlementation très légère sur l’origine des produits. «Un négociant belge peut acheter du miel des fermes usines de Chine, d’Europe de l’Est ou d’Amérique du Sud (les trois plus gros exportateurs, ndlr) et ne pas le stipuler sur l’étiquette de leurs pots. Pour l’acheteur, c’est du miel belge.»
Même dans les marchés, du miel importé peut être confondu avec un étiquetage leurre. Mais alors, comment savoir si le vendeur est bien un producteur local ? «Si l’étal comporte beaucoup de produits dérivés, comme des bougies, du savon, des bonbons, des sucettes, de la gelée royale, il faut se méfier. De même, la gamme de miel est révélatrice. On ne trouvera pas de miel de lavande ou de thym chez nous !»
Difficile également de conserver ses ruches en bonne santé. «Leur disparition est inquiétante. On parle beaucoup de l’impact des pesticides et insecticides sur les abeilles. Mais le problème numéro un est le varroa, un parasite présent partout en Europe, qui affaiblit les abeilles et véhicule des virus.» Grégory Dussenne avait prévenu. Le plus dur est bien de produire.

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