Prévention
L’assurance récolte commence à s’implanter
Groupama a présenté le 27 mars à Paris, ses premières analyses sur les souscriptions d’assurance récolte après que celle-ci est entrée en vigueur le 1er janvier dernier.
Groupama a présenté le 27 mars à Paris, ses premières analyses sur les souscriptions d’assurance récolte après que celle-ci est entrée en vigueur le 1er janvier dernier.
Avec un brin de déception dans le timbre de voix, Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles de Groupama, regrette qu’il n’y pas eu « de choc assurantiel ». En tout cas pas celui auquel les assureurs pouvaient s’attendre depuis l’application de l’assurance récolte au début de l’année. « Ce n’est pas le déploiement massif que nous avions espéré », a-t-il ajouté. Pourtant les résultats sont loin d’être négligeables pour Groupama qui voit ses surfaces brutes assurées augmenter de plus de 550 000 ha dans toutes les filières.
Le futur président, François Schmitt, y voit « l’impact des nouvelles règles qui présentent une réelle attractivité pour les agriculteurs », sous l’effet des demandes de la profession agricole, notamment représentée par le Conseil de l’agriculture française : une franchise à 20 %, une subvention à 70 M et un fonds de solidarité national qui se déclenche automatiquement à 50 % de perte pour les grandes cultures et la viticulture et à 30 % pour les autres filières.
C’est en partie ce qui explique que le groupe assurantiel enregistre 2 700 contrats souscrits depuis le début de l’année, pour plus de 270 000 ha de prairies et près de 220 millions d’euros (M€) de capitaux assurés. Et ce, malgré les réticences de certains éleveurs qui ont fait part de leurs doutes sur l’indice satellitaire qui sert de base à l’indemnisation en cas de sinistre (sécheresse notamment). Pascal Viné ne nie d’ailleurs pas que « la carte a questionné les éleveurs, car l’indice ne percevrait pas la sécheresse de l’été dans toutes les zones ». Il a cependant rappelé que cet indice a « été doublement validé par les scientifiques et le gouvernement » et que « le satellite voit la sécheresse ». En revanche, « quand on la compare et qu’on la cumule à la moyenne olympique, en relatif, la pousse de l’herbe sur la partie nord de la France a été supérieure, en 2022 », a-t-il souligné.
Coût supportable
Les dirigeants de Groupama qui auraient espéré plus d’élan dans les souscriptions ont rappelé que le dispositif n’est pas obligatoire et que les agriculteurs font aussi des arbitrages, en fonction de leurs productions mais aussi du coût de l’assurance. La moyenne olympique, impactée par plusieurs mauvaises années successives, « peut être défavorable », a précisé Pascal Viné. Elle peut en effet mécaniquement et mathématiquement réduire le potentiel d’indemnisation.
Groupama reste toutefois confiant pour l’avenir et a bon espoir d’augmenter de 30 % le nombre d’agriculteurs assurés dans toutes les filières, même s’il reste encore quelques détails à régler comme la mise en place d’un interlocuteur agréé qui sera choisi par l’agriculteur pour qu’il évalue le taux de perte sur son exploitation et la mise en place d’un groupement d’assureurs. Celui-ci doit mettre en commun des données qui permettront à chaque exploitation de trouver une offre attractive.
En plus de cette « universalité de l’offre, nous devons partager la sinistralité pour avoir un coût d’assurance supportable », a souligné François Schmitt. Ce groupement devrait être finalisé avant le mois de juillet pour une mise en œuvre en 2024. Groupama souhaite aussi que les agriculteurs s’engagent encore plus dans l’adaptation au changement climatique. « Car l’assurance protège des à-coups. Elle ne protège pas des tendances », a précisé François Schmitt. Que ce soit pour la souscription ou l’adaptation, « il nous faut encore faire de la pédagogie », a conclu Nadia Roignant-Creis, directrice des marchés agricoles.