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L’atelier lait du Paraclet pourrait disparaître demain

La vice-présidente de la Région des Hauts-de-France en charge des lycées, Manoëlle Martin, rencontrait la direction du Paraclet, le 7 octobre dernier, à Cottenchy. Au menu : le projet de relocalisation de l’exploitation.

Un bâtiment d’exploitation dans un état de vétusté qui saute aux yeux.
Un bâtiment d’exploitation dans un état de vétusté qui saute aux yeux.
© AAP



Quand on met les pieds dans le bâtiment d’élevage de l’exploitation du Paraclet, on éprouve une sensation étrange : celle d’un lieu où le temps se serait arrêté aux années 1980. «Je n’ai pas été dépaysé. C’est à l’identique de ce que j’avais vu quand j’étais venu ici il y a plus de dix ans pour visiter l’établissement», reconnaît Jean-Michel Serres, élu régional, également présent lors de la rencontre de vendredi dernier. Toit en fibrociment, des tubulaires soudés et ressoudés, tremblant sur leurs bases, puis d’autres équipements tout aussi vétustes. Bref, un site loin des équipements modernes et fonctionnels des bâtiments d’élevage de ces dernières années.
C’est ce qu’a pu voir également Manoëlle Martin, vice-présidente de la Région des Hauts-de-France, en charge des lycées, lors de sa visite au Paraclet, ce même jour. A l’ordre du jour de sa venue : la question de la relocalisation du bâtiment avec la création d’un nouvel atelier laitier, à l’identique de celui qui existe, et pour un effectif de quarante vaches laitières. Une décision qui revient au Conseil régional des Hauts-de-France, puisque le Paraclet est propriété de ce dernier. C’est donc à lui de donner le feu vert et de financer l’intégralité de l’investissement, qui est estimé à 1,6 million d’euros hors taxes selon une étude récente de la Chambre d’agriculture. La réponse devrait tomber après le vote du budget 2017 de la Région, prévu à la mi-décembre.

Une réflexion vieille de quinze ans
Retour en arrière. Hormis quelques mises aux normes, quelques an­nées après sa reconstruction, rien d’autre n’est entrepris sur l’atelier lait, d’autant que sa localisation géographique, soit juste à côté de la rivière Noye, empêche toute extension. Suite à l’obligation d’une nouvelle mise aux normes en 2001, la question de la relocalisation revient d’actualité. Deux options sont sur la table : effectuer les travaux ou relocaliser le bâtiment. Une étude de 2005 donne l’avantage à la relocalisation. Ce sera enfin l’occasion de pouvoir agrandir le bâtiment et les stabulations, et avoir des équipements plus attractifs pour attirer les jeunes dans cette filière.
Le temps passe, mais aucune décision technique, pas plus que politique ne sont prises. «Le bâtiment a été victime de son attentisme, relève Marie-Odile Souplet, la nouvelle directrice du Paraclet. Comme l’établissement attendait la relocalisation, aucun aménagement n’a été fait. Tout s’est donc détérioré au fur et à mesure, ce qui fait que nous arrivons aujourd’hui à une situation qui n’est pas acceptable.» Une lueur d’espoir naît en 2013, quand l’ex-Région Picardie inscrit dans son Programme pluriannuel d’investissements le budget de la relocalisation du bâtiment. Mais le budget n’est finalement pas voté. «Nous avons été victimes d’effets d’annonce et de l’absence de décisions», ajoute Hervé Drouvin, membre du conseil d’administration du Paraclet et président de la coopérative Cobévial.

Fin de l’attentisme ?
La direction du Paraclet a donc décidé de présenter deux scénarios à Manoëlle Martin : le financement de la relocalisation du bâtiment juste à côté du centre équestre ou l’arrêt de l’atelier lait, avec cependant le maintien de l’élevage bovin viande. «Nous partirions sur des vaches allaitantes sur le site du conservatoire en système biologique conventionnel, mais ce n’est pas notre objectif. C’est juste une solution par défaut pour pouvoir garder de l’élevage bovin au Paraclet», précise Marie-Odile Souplet.
Et Hervé Drouvin de rappeler qu’il serait «fortement souhaitable que la production laitière soit maintenue sur le Paraclet. Il ne faut pas rester sur le fait que la conjoncture de la filière lait de ces derniers temps n’est pas favorable. Certes, il y aura moins d’éleveurs demain, mais cela ne signifie pas qu’il y aura moins de production et moins de vaches. On aura toujours autant besoin de formations scolaires, et ce, d’autant qu’on va gagner en technicité.»
Il y a une cohérence, selon Jean-Michel Serres, car «dans l’ancienne Picardie, nous avons un seul autre établissement qui fait de l’élevage laitier dans l’Aisne, mais rien dans l’Oise. Par ailleurs, l’atelier pourrait aussi servir à la formation des personnes qui se lancent dans l’élevage. La Région se doit de donner une réponse d’ici la fin d’année.»
Ce qui est sûr, c’est que «l’on ne peut plus continuer à at­tendre», indique Xavier Bortolin, directeur du CFPPA. «Il faut aussi considérer la prégnance des données économiques de l’exploitation au regard des ressources de l’établissement. De même, il est urgent d’être au rendez-vous des évolutions techniques et humaines des exploitations», renchérit Bertrand Alix, directeur du CFA agricole de la Somme.
«Il y a une réelle attente des jeunes, du personnel et de la profession sur le sujet», martèle André Leblanc, directeur adjoint du Paraclet. «Comme il faut donner une réponse aux salariés agricoles de l’atelier sur leur devenir. On ne peut les laisser dans l’incertitude indéfiniment», dit Dorothée Beernaert, secrétaire générale du Paraclet.
Il leur faudra pourtant attendre la décision finale du Conseil régional à la mi-décembre. Ce n’est qu’après qu’un planning et un calendrier pourront être définis. «Nous espérons fortement que le Paraclet ait au pied de son sapin de Noël le cadeau espéré», souhaite Bertrand Alix. La liste au «Père Noël» a été donnée. La balle est désormais dans le camp du «Père Noël»...

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L’exploitation du Paraclet est à bout de souffle

Cela fait plus de quinze ans qu’aucun euro n’a été consacré à la rénovation des lieux. Des solutions, il y en a. Seront-ils entendus ?


L’exploitation du Paraclet ne manque pas d’atouts : un atelier lait de 42 vaches, doté d’un contrat lait de 305 000 litres, une plaine de 200 ha, une production de 140 cochons, une autre de 3 000 volailles, un magasin et un troupeau nantais allaitant bio de 16 mères. De quoi offrir aux apprenants un bel éventail des différents métiers de l’agriculture. Tout irait bien dans le meilleur des mondes s’il n’y avait pas l’atelier lait qui est dans un état de décrépitude, faisant dire au directeur de l’exploitation, Michel Bellanger, que «l’on ne peut pas accueillir des gamins comme ça. Ce n’est ni intéressant pour les élèves ni pour ceux qui y travaillent. Il n’y a pas trente-six solutions. Soit on investit, soit on arrête. Il faut cesser de tourner en rond».Construite en 1982, la bâtisse s’est vu équiper d’une salle de traite 2x4, puis 2x5. Tout y était alors fonctionnel. Mais sans un seul centime investi depuis, tout est allé à vau-l’eau. «C’était déjà comme ça quand j’ai passé mon bac, il y a plus de vingt ans. Et là, on est arrivé au pied du mur. C’est d’autant plus rageant que sous le bâtiment, il y a un potentiel génétique intéressant de vingt-cinq ans. Tout n’est pas mauvais. On arrive encore à travailler et à motiver des élèves, mais c’est sport», reconnaît Alain Za­nardo, technicien d’élevage. Et la passion ne suffit pas. L’atelier tourne à perte.
Des solutions existent Pourtant des solutions, il y en a, selon eux, pour rendre non seulement l’outil viable économiquement, mais aussi pour offrir un support d’enseignement digne de ce nom aux élèves. Selon Michel Bellanger, «il faut investir, pas forcément sur le nombre de vaches, mais sur un modèle de production différent tel que la transformation pour être rentable». Pour Alain Zanardo, «on peut monter à 60 vaches en réaménageant le bâtiment et gagner en autonomie alimentaire». Mais si les solutions existent, «le problème, c’est qu’on ne les maîtrise pas», déplore ce dernier. Seule la Région peut changer la donne.           F. G.

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