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Chambres d'agriculture
Laurent Degenne élu président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France

Après la démission d’Olivier Dauger de la présidence de la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, c’est Laurent Degenne, agriculteur à Licourt (80) et président de la FRSEA qui reprend le flambeau. 

Charles-Édouard de Colnet, directeur de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, et Laurent Degenne, son président, élu le 16 décembre 2022.
Charles-Édouard de Colnet, directeur de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, et Laurent Degenne, son président, élu le 16 décembre 2022.
© Chambre d’agriculture des Hauts-de-France

Pouvez-vous présenter l’agriculteur et l’élu agricole que vous êtes ?

Je suis installé à Licourt, près de Nesle dans la Somme. Avec mon frère, nous avons une exploitation orientée vers les productions industrielles, avec une activité de prestation de services, et depuis peu, avec une quinzaine d’autres collègues, un méthaniseur qui sort de terre. Mon parcours d’élu est rectiligne : adhérent puis président des Jeunes agriculteurs de la Somme, puis de Picardie ; président de la FDSEA 80 puis de la FRSEA Picardie et Hauts-de-France ; membre de la Chambre d’agriculture de la Somme depuis plusieurs mandats, ainsi que de Picardie, et à présent de celle des Hauts-de-France, pour laquelle je siégeais au bureau depuis 2019.

 

Pourquoi une élection à cette période de l'année ? 

Le président en place au lendemain des élections de 2019, Olivier Dauger, a présenté au préfet sa démission pour des raisons personnelles. C’est une décision à respecter, venant d’une personne à saluer. Il fallait procéder à une réélection rapide, sous peine de voir l’État gérer les affaires courantes de la Chambre régionale. Nul ne le voulait, ni la profession, ni l’État.

 

Quelle est la composition et la répartition des rôles entre élus ? 

Il y a deux façons de voir les choses. On peut considérer la composition statutaire de la session, avec les membres qui représentent les différentes composantes de l’agriculture : la production agricole (les agriculteurs), les salariés des exploitations et ceux des OPA, la propriété, la coopération, le mutualisme, la banque, l’assurance, et les Cuma. Mais quand on est élu, il faut prendre en main les dossiers, comme l’environnement, la prospective économique, l’innovation, etc. C’est une façon plus opérationnelle et lisible une fois les élections passées ; j’y ajoute le bureau, à savoir les élus les plus impliqués pour assurer la feuille de route, en respectant l’avancement du projet et les équilibres des territoires et des filières.

 

Quelle est la feuille de route ? 

Pour avoir été président de la FRSEA en 2019, la feuille de route pour les agriculteurs des Hauts-de-France s’inscrit dans cette continuité. Il s’agissait de mettre en œuvre le plus grand dénominateur commun des projets agricoles départementaux : une agriculture collectivement créatrice de richesse et de valeur ajoutée, incarnée par un maximum d’agriculteurs. La responsabilité de chacun, c’est de faire en sorte que la réussite collective soit vécue comme l’aboutissement de la réussite individuelle. Les enjeux de structures sont secondaires face aux enjeux des fermes.

 

La régionalisation est un chantier engagé depuis fin 2019... Sera-t-elle faite d'ici la fin du mandat (2025) ?

Le processus de régionalisation des chambres d'agriculture dans les Hauts-de-France est un peu dans le creux de la vague, mais c’est un serpent de mer depuis dix ans à présent. Parler de régionalisation est parfois clivant, mais la mutualisation est en route depuis dix ans, avec des services complets. Elle devra avancer avec, comme point d’étape, le décret établi par le ministère de l’Agriculture en 2016, mais également se construire au-delà dans l’échange. Il faut également penser aux équipes, qui ont de la valeur sur l’ensemble des structures, et dont la greffe ne peut se faire à coup de hache. Ensuite, la régionalisation n’est pas l’alpha et l’oméga de la feuille de route. Ma première préoccupation est la situation de l’agriculture des Hauts-de-France, les enjeux qui sont devant elle et les virages à prendre.

 

C’est-à-dire ?

Nous sommes une région très cohérente d’une agriculture productive et performante. Productif et performant, ce ne sont pas pour moi des gros mots, mais des qualités ou des vertus. J’ai la hantise que l’agriculture soit sacrifiée comme l’a été l’énergie au niveau national, plombée par des réglementations et du militantisme aveuglé par des a priori. Je ne veux pas que notre souveraineté alimentaire subisse le même sort que la souveraineté énergétique, et dans l’espace national, les Hauts-de-France ont une place majeure.

 

On entend souvent que l’agriculture des Hauts-de-France doit se «désintensifier». Est-ce une ligne que vous entendez mettre en œuvre ?

Pas du tout, et même au contraire. Pas par dogmatisme, mais plutôt par pragmatisme et pédagogie. Il faut de la pédagogie pour contrer les discours sur les usages de produit de protection des plantes. Mais comparer l’IFT d’une région qui consacre 25 % de ses terres agricoles à des cultures industrielles à l’IFT d’une région céréalière, c’est signe soit d’insuffisance, soit de malhonnêteté. Notre société sort d’une période d’opulence pour entrer dans une période de nécessités et d’exigences. Qu’il s’agisse d’alimentation, d’énergie, ou de lutte contre le réchauffement climatique, je vois dans l’agriculture une solution et non un problème. 

 

La Chambre régionale n'est pas l'échelon forcément le plus connu. Comment y remédier ? 

Par la vérité et le travail. La vérité, c’est que certains sujets ne sont plus départementaux mais régionaux : gestion du second pilier de la Pac, programmes environnementaux qui deviennent peu à peu régionaux, prospective économique. Comme je le dis souvent à la FRSEA, aucun agriculteur n’adhère à la FRSEA, mais tout le monde dépend de son travail. Ensuite, il faut être conscient que cette migration des fonctions administratives est plutôt récente, et n’est d’ailleurs pas achevée. On en a donc peu conscience, tant pour les administrations que pour les chambres d’agriculture. C’est vrai en Picardie, où les deux étages existent mais où on voit peu la région, et c’est aussi vrai en Nord-Pas-de-Calais, puisqu’on y sort d’une chambre d’agriculture qui assurait jusqu’en 2019, les fonctions interdépartementales et régionales. Une autre vérité, c’est que la chambre d’agriculture est le bras armé de la profession, pas de l’administration. L’État confie aux Chambres de plus en plus de missions, mais pour autant, ce n’est pas au Consulaire d’assumer, ou pire, d’anticiper le réglementaire. En étant chacun dans son rôle, nous nous préserverons de toute ambiguïté. Quant au travail, c’est ce qui fait qu’on devient peu à peu soudé entre nous, reconnu et crédible auprès de nos interlocuteurs ; ce qui amène peu à peu du concret dans les décisions et les fermes. Si notre travail collégial est correctement mené, le développement économique de l’agriculture des Hauts-de-France en portera la marque.

Comment comptez-vous concilier cette responsabilité et la présidence de la FRSEA ? 

Dans tous les cas, ce ne sera pas forcément très longtemps : mon mandat à la FRSEA s’arrête en 2023. Jusqu’au prochain congrès de la FNSEA qui a lieu dans trois mois, il y a des dossiers en cours et une transition qui n’était pas encore réellement engagée, car rien de tout cela n’était dans nos têtes il y a un mois. Je n’ai ni l’habitude de cumuler, ni celle de laisser la pelle dans le mortier. Nous devrions être prêt pour cette transition au printemps.

 

Depuis votre élection, on entend dire que votre profil penche plutôt du côté des grandes cultures, et qu'il y a donc un risque pour que la filière élevage et «autres» soient mises de côté. Que répondez-vous à cette interrogation ? 

D’abord, pour la boutade, que c’est mal me connaître personnellement : sur une ferme très orientée vers les productions industrielles, nous avons mon frère et moi développé une activité d’engraissement depuis quelques années. Donc, l’élevage me parle. Il me parle d’autant plus que ma conception de l’agriculture repose d’un côté sur une volonté ferme de produire et, de l’autre, sur des équilibres économiques et environnementaux que la polyculture-élevage sait renforcer. Enfin, pour moi, l’ADN commun des agriculteurs n’est ni sur la taille, ni sur les filières, ni sur les modes de production et de consommation. Il est d’être chef d’entreprises travaillant avec le vivant. Avec toutes les exigences d’être à la tête de vraies entreprises, et toute la beauté ou l’incertitude de travailler avec le vivant. 

Projet de Pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles : les chambres d’agriculture saluent «une vraie ambition sur des enjeux majeurs»

Le 7 décembre dernier, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a donné le coup d’envoi de la concertation au niveau national et dans les régions pour le Pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricoles. Alors que les travaux devraient se conclure dans six mois par le dépôt d’un projet de loi, les chambres d’agriculture saluent «une vraie ambition sur des enjeux majeurs». Le ministre a en effet confié aux chambres d’agriculture l’animation des débats sur les territoires qui débuteront courant janvier. «La concertation est primordiale et les Chambres d’agriculture, sont les acteurs les plus légitimes pour présider ces débats qui se dérouleront de février à fin-avril», souligne Chambres d’agriculture France. «Nous devons faire des propositions qui s’appuient sur l’existant, identifier ce qui a été testé et les outils disponibles, comme ceux à créer, pour répondre aux enjeux soulevés par ce pacte. Les chambres d’agriculture seront très engagées pour faire sortir de ces débats des solutions pragmatiques adaptées à chaque contexte et chaque exploitation», ajoute Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France.
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