Le Cnipt veut dynamiser l’export et le marché intérieur
De nouveaux défis s’amoncellent pour la filière sur le marché du frais.
Le répit qu'a connu le secteur de la pomme de terre sur le marché du frais pendant la campagne 2012-2013 est passé. La récolte française, estimée à 5,2 millions de tonnes en 2013 contre 4,7 l’an dernier, trouvera moins facilement des marchés tant à l’export que sur le marché intérieur, la distribution jouant de nouveau la baisse des prix. Des défis que la nouvelle équipe du Cnipt - Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (voir encadré), réuni en assemblée générale le 11 décembre à Paris, devra relever.
Sur l’export, «il ne faut pas rester sur nos acquis mais au contraire, veiller à maintenir nos marchés et à conquérir de nouveaux débouchés, en s’appuyant justement sur notre qualité, pas seulement sanitaire», a déclaré lors de l’assemblée générale Francisco Moya, président du Cnipt par intérim.
L’Allemagne challenger de l’exportation française
En effet, «l’Allemagne a fortement concurrencé» les exportations françaises de pommes de terre, notamment sur le marché italien et accessoirement sur le marché néerlandais. Ce pays «est passé devant la France en volumes d’exportation, avec près de deux millions de tonnes» pendant la campagne 2012-2013, a signalé le Cnipt.
Ce nouveau phénomène interpelle l’interprofession française pour le long terme, parce que, si les exportations françaises de pommes de terre ont été soutenues en 2012-2013 par un flux sans précédent à destination du Royaume-Uni, cela ne se reproduira probablement pas, alors que l’avancée allemande, elle, a des chances d’être rééditée. Sur le marché italien, sujet d’inquiétude des professionnels français, la France n'a couvert que 52% des besoins de la péninsule contre plus de 70% habituellement. De plus, les exportations allemandes vers les pays de l’Est se sont maintenues à de bons niveaux lors des deux dernières campagnes, avec 130 000 tonnes exportées.
Le marché intérieur plus difficile en 2013-2014
Autre front, celui du marché intérieur. «La communication, action phare du Cnipt, a du mal à mobiliser les opérateurs. J’ai bon espoir que cela s’améliore», a fait remarquer Francisco Moya. Un responsable de Fédépom, la fédération des négociants en pommes de terre, membre de l’interprofession, a fait état d’un marché difficile au niveau de la distribution, avec des prix en baisse et le retour des promotions, qui, quand elles sont permanentes, faussent la hiérarchie des prix, lézardent la construction de l’offre et portent tort à toute la filière.
Paradoxalement, «la hausse spectaculaire des prix au cours de la dernière campagne n’a pas eu d’effet immédiat sur les achats des ménages», souligne le rapport d’activité. Sur le marché français, la variété Agata a connu un bond de 52% et la bintje non lavée, catégorie 2, en 40-75 mm et en sac de 25 kilos un saut de 276% !
Un des dossiers importants à traiter pour le Cnipt sur les relations fournisseurs- distributeurs est celui du «dossier empoisonné des RRR», les rabais, remises et ristournes, que les professionnels voudraient voir interdites, comme elles le sont dans le secteur des légumes.
Patrick Trillon, nouveau président du Cnipt
Élu à l’issue de l’assemblée générale le 11 décembre, Patrick Trillon remplace Francisco Moya. Patrick Trillon est issu de la «famille» des producteurs de pommes de terre, en vertu du principe d’alternance des collèges. Francisco Moya était issu du collège des négociants. Agriculteur dans le Puy-de-Dôme, Patrick Trillon préside de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (Unpt) depuis 2006. Autre évolution importante au Cnipt, son directeur, Jean-Luc Gosselin, partira à la retraite au milieu de l’année.