Le colza associé pour lutter contre les ravageurs
Une expérimentation menée en 2020 sur le secteur du Geda de Flandre maritime a permis de démontrer que l’introduction de cultures associées avec le colza pouvait avoir un effet répulsif significatif sur les ravageurs. Un résultat intéressant dans un contexte de limitation des molécules disponibles.
Une expérimentation menée en 2020 sur le secteur du Geda de Flandre maritime a permis de démontrer que l’introduction de cultures associées avec le colza pouvait avoir un effet répulsif significatif sur les ravageurs. Un résultat intéressant dans un contexte de limitation des molécules disponibles.
C’est fin octobre, période clé de présence des principaux ravageurs d’automne, que les prélèvements dans le cadre d’un essai sur colza ont été menés par le service biodiversité de la chambre d’agriculture. Il s’agissait en fait de comparer deux modalités d’association culturale au colza : la féverole seule et un mélange de légumineuses dit «TFL» (trèfle d’Alexandrie, lentille, fénugrec) avec un témoin sans plantes compagnes. Un essai financé par l’agence de l’eau Artois Picardie et situé à Warhem (59) chez Guillaume Dejonghe, adhérent au Geda de Flandre maritime.
Les insectes présents sur la végétation ont été prélevés à l’aide d’un aspirateur pour être étudiés, une mesure complétée par des notations sur plantes. L’échantillonage à l’aspirateur - particularité de ce suivi - a permis de récupérer l’ensemble des insectes (ravageurs ou auxiliaires). Cette technique a permis également d’évaluer l’abondance et la diversité des insectes présents par unité de surface sur la parcelle.
Les espèces de ravageurs ont été analysées en laboratoire pour déterminer plus précisément les effets des plantes compagnes. Les auxiliaires, eux, ont été identifiés à l’espèce. Tous les pucerons hébergés par les différentes espèces végétales ont ainsi été identifiés afin de relier le puceron à sa plante hôte. Des prélèvements manuels ont donc été réalisés plante par plante.
Une importante biodiversité
Et les résultats sont encourageants. En effet, une importante biodiversité de l’entomofaune (faune constituée par les insectes) a été constatée sur l’essai avec, au total, 4 373 spécimens d’arthropodes pour 24 groupes recensés pour une abondance, en moyenne, de 137 insectes/m². Aucune différence n’a été observée entre les trois modalités pour la biodiversité (richesse en nombre d’espèces).
L’abondance moyenne en ravageurs est significativement plus faible pour les pucerons et la grosse altise, l’ensemble des principaux ravageurs du colza sont en diminution dans les modalités en association.
Le mélange de légumineuses plus efficace
La modalité la plus efficace sur la réduction des ravageurs est celle constituée du mélange TFL. Les ravageurs y sont globalement trois à quatre fois moins présents que dans la modalité témoin.
Parmi les ravageurs présents, les équipes ont constaté la présence de l’altise noire des crucifères, de l’altise commune ou altise du colza et du charançon du bourgeon terminal.
Lors des prélèvements, les pucerons retrouvés sur le colza sont ceux de l’espèce Myzus persicae (puceron vert du pêcher), responsable de viroses. Sur les plantes compagnes, le puceron de la vesce, le puceron noir de la fève et le puceron vert du pois, espèces non colonisatrices et non préjudiciables pour le colza, ont été découverts.
Au sein des modalités avec l’association de cultures, les pucerons principalement retrouvés sont ceux colonisant les plantes compagnes et non ceux qui causent des dégâts à la culture.
Les carabes apprécient les compagnes
Concernant les auxiliaires, les araignées et hyménoptères parasitoïdes semblent plus abondants dans la modalité de colza seul par rapport aux modalités de colza associé, certainement en lien avec une présence de proies (pucerons) plus importante.
Par ailleurs, les populations de carabes et de staphylins semblent, elles, avantagées par la présence de la plante compagne, certainement en lien avec une meilleure couverture du sol par rapport à la culture non associée. Toutes ces différences ne sont cependant pas significatives.
Cinq espèces de carabes ont été retrouvées dans les échantillonnages, trois d’entre elles sont des prédatrices généralistes et ont donc une action intéressante sur la régulation des pucerons.
L’intérêt des plantes compagnes est manifeste sur la réduction du nombre de ravageurs, notamment sur les pucerons et les grosses altises. De même, elles présentent aussi un intérêt sur la présence de certains prédateurs tels que les carabes qui cherchent la présence d’une meilleure couverture du sol. La modalité la plus efficace s’avère donc être l’association du trèfle d’Alexandrie, de lentille et du fénugrec.
Il convient de noter que les réductions de ravageurs constatées n’ont pas eu d’effet suffisant sur la non atteinte du seuil économique sur les colzas, en lien avec un semis tardif de la parcelle.