Grippe aviaire
Coup dur pour les éleveurs de volailles de la Haute Somme
Jusqu’ici, les éleveurs de volailles de la Somme craignaient une contamination d’influenza aviaire sans trop vouloir y croire. Mais le verdict est tombé ce 30 juillet. Un premier foyer a été détecté en Haute Somme. Les animaux ont été abattus et les prescriptions sont lourdes de conséquences pour la vingtaine de professionnels du secteur.
Jusqu’ici, les éleveurs de volailles de la Somme craignaient une contamination d’influenza aviaire sans trop vouloir y croire. Mais le verdict est tombé ce 30 juillet. Un premier foyer a été détecté en Haute Somme. Les animaux ont été abattus et les prescriptions sont lourdes de conséquences pour la vingtaine de professionnels du secteur.
«La nouvelle m’a scié les pattes. On se sent coupable alors qu’on prenait toutes les précautions. C’est très difficile à vivre», souffle l’éleveur de dindes de Feuillères, près de Péronne. Après avoir constaté une mortalité progressive et anormalement élevée de ses volailles, le couperet est tombé le 30 juillet : il s’agit de l’influenza aviaire hautement pathogène, communément appelée grippe aviaire. Le lot de huit mille dindes a été abattu dès le dimanche, et un protocole sanitaire strict est mis en place.
«Nous devons tout d’abord savoir comment évacuer le fumier», explique l’éleveur. Lorsque les autorités lui auront donné la marche à suivre, deux désinfections successives des bâtiments devront être réalisées, dont l’une doit être faîte par un professionnel. Des analyses seront réalisées vingt et un jours après, et de nouveaux lots ne pourront réinvestir les lieux qu’après des résultats concluants. «Je pense qu’il faudra au moins deux mois.» En attendant, l’agriculteur, discret de nature, doit faire face aux sollicitations pressantes des médias. «Le téléphone n’arrête pas de sonner. Un journaliste est même venu jusque devant l’élevage pour prendre les bâtiments en photo. C’est une situation inédite, très lourde.»
Le bâtiment d’élevage est à 500 m à vol d’oiseau des étangs de Cléry où un cygne contaminé a été retrouvé mort. On savait que ça nous pendait au nez.
Comment le virus a-t-il pu pénétrer dans le bâtiment ? «C’est un vrai mystère. Le vétérinaire de la DDPP ne parvient pas à l’expliquer», assure l’agriculteur. Début juillet, un cygne avait été retrouvé mort à Cléry-sur-Somme et son autopsie avait révélé son infection par le virus. «Mon bâtiment d’élevage est à 500 m à vol d’oiseau. On savait que ça nous pendait au nez.» Mais un contact direct avec un oiseau extérieur est improbable. Mis à part la ventilation de chaque côté du poulailler, celui-ci est entièrement fermé. L’agriculteur ne tergiversait pas avec les règles d’hygiène. «Nous entrons par un pédiluve de désinfection et nous changeons systématiquement de chaussures avant d’entrer.» Le virus serait-il transmissible par l’air ?
Une vingtaine d’élevages concernés
L’éleveur va être indemnisé de la perte de ses volailles, mais il s’inquiète pour ses voisins. Une zone de protection (ZP) et une zone de surveillance (ZS) sont installées dans un rayon de 3 et 10 km autour de Feuillères*, dans lequel une vingtaine d’élevages de volailles sont recensés, ainsi qu’un couvoir à Foucaucourt-en-Santerre. Ceux-ci ne pourront pas faire entrer de nouveaux lots tant que le protocole de désinfection ne sera pas terminé dans le foyer. Les sorties, elles, pourront être autorisées avec dérogation. «Ils ne toucheront aucune aide, et ça me désole», regrette l’éleveur.
On va suivre le protocole à la lettre pour pouvoir sortir de cette situation le plus vite possible
C’est le cas de Sébastien Cabuzel, éleveur de poulets de chair à Guillemont. «Trois de mes bâtiments sur quatre sont vides. Les lots sont censés entrer avant le 15 août», s’inquiète-t-il. Pour lui, comme pour les autres, l’annonce a été un choc. «Avec un niveau de risque abaissé, on ne s’y attendait pas.» Lui veut tout de même rester optimiste. «On va suivre le protocole à la lettre pour pouvoir sortir de cette situation le plus vite possible.»
*Les communes concernées dans le rayon de 3 km (zone de protection) sont Biaches, Clery-sur-Somme, Curlu, Feuillères, Flaucourt, Frise, Hen-Monacu, Herbecourt, Maurepas et Péronne.
Les communes concernées dans le rayon de 10 km (zone de surveillance) sont Aizecourt-le-Haut, Allaines, Assevillers, Barleux, Bazentin, Belloy-en-Santerre, Berny-en-Santerre, Bouchavesnes-Bergen, Bray-sur-Somme, Brie, Buire-Courcelles, Bussun Cappy, Carnoy-Mametz, Chuignes, Combles, Doingt, Dompierre-Becquincourt, Driencourt, Eclusier-Vaux, Estrées-Deniecourt, Eterpigny, Fay, Fontaine-les-Cappy, Foucaucourt-en-Santerre (territoire au Nord de la D1029 et à l’est de la D143), Ginchy, Guillemont, Hardecourt-aux-Bois, Longueval, Maricourt, Mesnil-Bruntel, Moislains, Montauban-de-Picardie, Rancourt, Sailly-Saillisel, Suzanne et Villers Carbonnel.