Environnement
Le Département veut un moratoire sur l’éolien
Les conseillers départementaux de la Somme ont voté mardi 27 avril à 31 voix sur 42 un vœu appelant l’État à suspendre l’installation de nouvelles éoliennes dans le département.
Les conseillers départementaux de la Somme ont voté mardi 27 avril à 31 voix sur 42 un vœu appelant l’État à suspendre l’installation de nouvelles éoliennes dans le département.
À l’image de la Région Hauts-de-France et de son président Xavier Bertrand qui ne manquent pas une occasion de rappeler son opposition, le Conseil départemental de la Somme se mobilise, lui aussi, contre l’implantation de nouvelles éoliennes sur son territoire. Mardi 27 avril, en marge du débat sur le compte administratif 2020, l’assemblée départementale a adopté à une large majorité – 31 voix pour, 8 contre et 3 abstentions – un vœu déposé par la majorité départementale demandant «un moratoire sur l’éolien dans la Somme». Pour son président, Stéphane Haussoulier, «il ne s’agit pas d’une opposition de principe», mais plutôt une forme de mise en garde : «Le département de la Somme a déjà beaucoup donné. On trouve ici (dans le département, ndlr) 10 % du parc éolien national. Nous pensons que d’autres départements peuvent aussi faire un effort.»
1 000 éoliennes installées dans la Somme
Rapporté par le conseiller départemental du canton d’Ailly-sur-Noye, Pascal Bohin, le vœu présenté par la majorité départementale est d’abord l’occasion d’un état des lieux : «Avec près de 2 500 éoliennes, la région Hauts-de-France est celle qui compte le plus de parcs éoliens. La Somme, premier département de France pour la production d’énergie éolienne, compte près de 1 000 installations sur son territoire, soit le double de l’Aisne et du Pas-de-Calais, le triple de l’Oise et neuf fois plus que le Nord». Puis le vice-président en charge du développement territorial local et de la protection de l’environnement du Département poursuit la lecture avec un constat : celui d’une «saturation» du territoire samarien. «Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater la saturation de notre territoire, alors même que le rythme d’installation des éoliennes s’accélère dans notre département», regrette M. Bohin. Les projets sont validés par l’État sans même prendre en compte l’avis des élus locaux, qui s’alarment de la dégradation des paysages de leurs villages et des potentielles conséquences sanitaires. La Justice reconnaît elle-même ce phénomène de saturation : le Tribunal administratif d’Amiens a récemment annulé un permis de construire délivré par l’État pour un projet de parc éolien car les seuils d’alerte en matière d’encerclement sont déjà atteints».
Critique d’un développement non maîtrisé
La multiplication des recours et des collectifs d’opposants contre tout nouveau projet d’implantation de mats à vent dans le département en seraient un signe : «Nous sommes confrontés aux inquiétudes légitimes des habitants de notre département, relate Pascal Bohin. Et ce dernier de dénoncer «une marche forcée, en dehors de tout cadre cohérent» de l’installation de nouvelles éoliennes qui «menacent notre patrimoine bâti, paysager et même historique». Sur le plan environnemental, et bien que les éoliennes soient considérées comme un outil de lutte contre les sources d’énergie carbonées, les critiques fusent dans les propos du vice-président en charge du développement territorial local et de la protection de l’environnement du Département : «La multiplication des éoliennes oblige les oiseaux migrateurs à trouver de nouvelles routes et perturbe tout l’écosystème. La Somme, terre fertile par excellence, risque en outre de subir des dommages importants lors du démantèlement et du recyclage des installations, dont les conséquences n’ont pas suffisamment été anticipées et prises en compte».
En conclusion de la présentation de ce vœu, Pascal Bohin rappelle enfin que «les menaces d’un développement non maîtrisé de l’éolien pesant sur notre territoire sont réelles» et qu’elles doivent «faire l’objet d’une prise en compte immédiate des pouvoirs publics». Le texte ayant été adopté par l’assemblée départementale, il a depuis été transmis aux différents représentants de l’État, du Premier ministre Jean Castex à Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, en passant par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili ; une samarienne pas vraiment opposée au développement de l’énergie éolienne.