Le groupement d’employeurs impulse l’emploi local
En 2020, le groupement d’employeurs de la Somme a initié Agr’Innov emploi, un plan d’action pour répondre au besoin de main-d’œuvre qualifiée dans les exploitations. Un point d’étape était fait lors de l’AG, le 17 décembre.
En 2020, le groupement d’employeurs de la Somme a initié Agr’Innov emploi, un plan d’action pour répondre au besoin de main-d’œuvre qualifiée dans les exploitations. Un point d’étape était fait lors de l’AG, le 17 décembre.
Un réel besoin de main-d’œuvre compétente dans les exploitations. C’est le constat que fait le Groupement d’employeurs de la Somme (GES), créé il y a trois ans. «Notre groupement permet d’y répondre en partie. Pour aller plus loin, nous voulons en faire une véritable plateforme de mise en relation des agriculteurs recruteurs et des organismes spécialisés dans l’emploi et l’insertion», présente Émile Foirest, le président, lors de l’assemblée générale de la structure, le 17 décembre. Le GES a donc initié le plan d’action Agr’Innov emploi pour répondre à ce besoin.
Le projet est mené dans le territoire pilote de la Haute Somme, autour de Péronne. «Dans ce secteur, nous avons recensé un besoin de cent personnes, plus ou moins qualifiées selon les postes», précise David Caron, chargé de mission pour le plan d’action. La valeur ajoutée des productions de ce secteur est la plus élevée du département, grâce aux cultures d’endives, de pommes de terre et de légumes de conserve notamment. Les filières agricoles y présentent aussi la plus grosse part d’emploi : 12 % de salariés agricoles contre 6 % au niveau régional. L’enjeu est donc énorme. «La disparité de ce secteur en fait sa particularité : il y a un besoin de main-d’œuvre peu qualifiée, pour le conditionnement des endives par exemple et, en parallèle, un besoin de main-d’œuvre très qualifiée, comme des chefs d’équipe et des conducteurs d’engin.»
Agr’Innov emploi s’adresse donc à deux types de public : des personnes sans emploi ou en recherche d’emploi, prêtes à s’engager à long terme, et des saisonniers qui souhaitent diversifier leurs compétences. Le plan d’action repose sur cinq composantes. La première est d’avoir constitué un réseau d’employeurs ressources. Quelques-uns se sont portés volontaires pour devenir ambassadeurs de leur territoire. Le 1er octobre a été organisé un rallye des professionnels de l’emploi. «Ils ont visité quatre fermes chez nos ambassadeurs et ont pu cerner les besoins.»
Des recrutements à la clé
Un «itinéraire de découverte», décalé à cause de la crise du Covid-19, devrait être organisé au printemps 2021, à destination des candidats potentiels que les acteurs de l’emploi auront sélectionnés. Les plus motivés pourront ensuite bénéficier d’un Pass’agri (focus métier, pass’dating et formation). Le but ultime : l’embauche dans une exploitation ou l’entrée dans un parcours de formation spécifique. Enfin, une cinquième action sera à destination des ouvriers agricoles polyvalents, souvent saisonniers, avec un parcours d’expérimentation.
La première action a déjà des retombées concrètes. «Nous avons vu soixante-dix personnes qui pourraient potentiellement répondre aux besoins, grâce à l’intermédiaire de Pôle emploi et de la mission locale, entre autres. Nous pensons en voir une centaine d’ici janvier 2021», note David Caron.
Un service de remplacement actif
4 795 journées de remplacement ont été effectuées en 2019. 312 agriculteurs sont adhérents, majoritairement des éleveurs, et 50 salariés, dont 11 en CDI, assurent les astreintes. Les motifs de remplacement les plus réguliers sont la maladie ou accident, ainsi que la prise de congés. Un peu plus de 250 jours ont aussi été effectués pour permettre aux agriculteurs de se rendre en formation, et 27 exploitant(e)s ont bénéficié d’un peu plus de 800 jours de remplacement pour congés maternité et paternité. Différentes aides de la MSA sont accessibles pour ces remplacements. Parmi elles, «le dispositif chéquier remplacement de la MSA offre une prise en charge totale pour deux jours de remplacement et l’adhésion au SR aux nouveaux adhérents, et une journée de remplacement pour ceux qui adhèrent déjà», ajoute Émile Foirest, le président.
Un rôle social sous-valorisé, selon le CGAAER
Même si leur avenir reste incertain vu la diminution du nombre d’agriculteurs et la concentration des exploitations, cela «ne justifie pas une position d’attente» des pouvoirs publics, estiment les inspecteurs. Le rapport plaide, par ailleurs, pour une départementalisation du réseau, qui comptait encore 358 structures en 2018. Les SR ont été créés en 1972 «sur la base d’initiatives locales des organisations professionnelles agricoles visant à remplacer les agriculteurs victimes de coups durs», rappelle le CGAAER. Ils se sont structurés depuis 2008 autour d’un réseau national, appelé Service de remplacement France (SRF), qui élaborait, courant 2020, son projet stratégique pour la décennie à venir. Ils génèrent aujourd’hui 3 000 équivalents temps plein (ETP) en agriculture, sollicités par 70 000 exploitants adhérents, à 80 % dans l’élevage. Leur activité est le plus souvent déclenchée par un accident de travail, mais cela évolue : «Les demandes formulées pour un remplacement «temps libre et congés «sont désormais les plus nombreuses sous l’effet positif du crédit d’impôt mis en place en 2006 et renouvelé jusqu’en 2022».
M. R.