Céréales
Le maïs et la Russie orchestrent toujours les marchés des céréales
La Russie fait pression pour exporter 20 Mt de blé d’ici la fin du mois de juin. Mais tant que le marché du maïs ne sera pas assaini, aucun redressement des prix des céréales n’est envisageable.
La Russie fait pression pour exporter 20 Mt de blé d’ici la fin du mois de juin. Mais tant que le marché du maïs ne sera pas assaini, aucun redressement des prix des céréales n’est envisageable.
Selon FranceAgriMer, la superficie de blé emblavée l’automne passé est inférieure de 7 % à la moyenne quinquennale mais elle demeure supérieure de 3 % à 2020. Elle a davantage baissé dans les régions maritimes (jusqu’à - 18 % dans les Pays de la Loire toujours par rapport à la moyenne quinquennale) que les régions situées plus à l’est, moins exposées aux précipitations (entre - 2 % et - 5 %). La surface d’orge d’hiver est globalement préservée : les hausses des surfaces emblavées au nord de la Loire et de la région Auvergne-Rhône-Alpes compensent les baisses observées plus au sud.
Pas de record en vue
La France peine à exporter ses céréales aussi bien sur le marché européen qu’auprès des pays tiers. La concurrence russe et ukrainienne est omniprésente. En sept mois de campagne, l’Hexagone n’aurait pas vendu plus de 7,5 millions de tonnes (Mt) de blé, soit 4 à 5 Mt de moins que l’an passé. En Union européenne, notre pays a commercialisé moins de 3 Mt de blé. L’Espagne et l’Italie ont massivement importé du blé ukrainien. Mais hors de l’Union européenne, notre pays est parvenu à écouler un quart des quantités de blé vendues par l’ensemble des Vingt-sept pays membres (4,8 Mt sur 18,9 Mt). Son principal débouché est l’Afrique du Nord, qui joue la carte de la proximité pour s’approvisionner en blé français, et la Chine. D’ici la fin de la campagne, FranceAgriMer table sur 10,25 Mt de grains expédiées vers les pays tiers. La France vendrait ainsi 1,4 Mt de blé en plus qu’en 2021-2022 alors qu’entre temps, ses exportations intra-européennes diminueraient d’1,7 Mt.
Mais à l’échelle de l’Union européenne, point de record en vue. En sept mois de campagne, l’ensemble des vingt-sept pays membres ont commercialisé 5 % de blé en moins que l’an passé. Pour l’orge, le bilan est différent. La France (2,2 Mt) a expédié près de 40 % des quantités de grains exportées par les Vingt-sept (5,2 Mt comme l’an passé). La Chine (2 Mt) est le premier pays destinataire alors que l’Arabie saoudite ne fait plus partie des cinq premiers pays importateurs d’orge européenne. En Union européenne, la France a vendu près de 2 Mt de grains à ses voisins en sept mois de campagne. Comme l’an passé, elle a aussi exporté 2 Mt de maïs même si elle est concurrencée par la céréale ukrainienne massivement importée en Union européenne (6,5 Mt en sept mois de campagne) par l’Espagne et l’Italie notamment.
Quota d’importation
La Russie orchestre toujours le marché mondial du blé et oriente son prix mais ses objectifs commerciaux sont ambitieux. La Fédération doit encore embarquer dans ses ports plus de 20 Mt de blé d’ici la fin de la campagne, et même 39 Mt si on ajoute les céréales secondaires, pour ne pas commencer la prochaine campagne avec des stocks importants. Or, ses ventes sont ralenties par la tentative du gouvernement de réglementer les prix. Par ailleurs, le pays a imposé un quota d’exportation pour protéger son marché intérieur. À l’échelle mondiale, la production record de maïs explique aussi la faiblesse des cours des céréales. Pour assainir ce marché, tous les regards sont rivés sur le Brésil. Sa production de bioéthanol se développe fortement alors que sa récolte de grains est dorénavant estimée à 114 Mt par des experts brésiliens (- 4 Mt sur un mois et - 10 Mt par rapport à l’USDA). La Safrinha est semée dans des conditions mitigées. Ce qui maintient aussi les cours des grains à leurs niveaux actuels est le résultat auquel est parvenue l’Ukraine en expédiant chaque mois plus de céréales par le nouveau corridor maritime de la mer Noire que par celui érigé sous la protection de l’ONU en 2022. Mais depuis deux mois, c’est la navigation dans le golfe d’Aden et l’accès à la mer Rouge qui présentent des risques pour le transport maritime ukrainien.