Le marché du porc dans le flou
Que ce soit en France ou ailleurs en Europe, les effets de la crise sanitaire du Covid-19 sont variables et sèment du doute pour les années à venir.
Entre confinement et chamboulement des habitudes de consommation, «le porc, viande économique, a enregistré de belles performances avec des croissances de 20 à 30 %, notamment en jambon cuit, saucisserie, saucisson sec», constate l’Institut technique du porc (Ifip) dans une note de conjoncture du 31 mars. Les plats cuisinés appertisés, eux, ont vu leurs ventes «exploser avec des croissances de plus de 100 %». Les ventes «devraient se stabiliser dans les prochaines semaines», prévoit l’institut, qui rappelle que le mois de février a été «décevant». Toutefois, le porc a peu profité de l’explosion des commandes sur internet (drive), le e-commerce ne représentant que 4,5 % de parts de marché en charcuterie et 1,5 % en porc frais (Kantar, fin 2019).
À plus long terme, d’après l’Ifip, les nouvelles habitudes prises pendant le confinement (livraisons, e-commerce) pourraient perdurer, «au profit des plats préparés, des produits service face à la viande brute». Dans le même temps, l’Ifip alerte sur les futurs «lourds impacts économiques de la crise sanitaire affectant le pouvoir d’achat», ce qui pourrait présager du «retour des premiers prix, des marques de distributeurs et des concepts hard discount.»
Reprise du marché chinois
Au niveau européen, les difficultés logistiques et le manque de main-d’œuvre dans les abattoirs ont freiné la demande, interrompant la remontée des cours. En première ligne : l’Allemagne et les Pays-Bas, où «les cours ont respectivement perdu 19 et 15 cts/kg entre la première et la dernière semaine du mois de mars».
Sur le plan international, outre la «forte volatilité» des matières premières de l’aliment pour animaux, la pandémie a perturbé les exportations brésiliennes et argentines de soja. Résultat : «Les prix du tourteau de soja sur le marché français ont bondi (+1,3 % en deux semaines sur le marché de Montoir)», note l’Ifip. Les envois vers la Chine, où les containers se libèrent, reprennent progressivement. Dans les mois à venir, le marché mondial du porc sera tiraillé entre «des fondamentaux d’offre et demande globales favorables à des prix élevés» et «les perturbations encore largement imprévisibles du Covid-19».