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Le monde va un peu mieux mais pas les citoyens

Tour d'horizon de la conjoncture en général, et en France en particulier, après un début de mois de septembre plutôt sombre.

L'essentiel de la difficulté de la filière bovins viande s'inscrit dans un contexte structurel, selon l’Apca.
L'essentiel de la difficulté de la filière bovins viande s'inscrit dans un contexte structurel, selon l’Apca.
© Thierry Michel/Réussir

C'est un constat terrible qui inaugure cette rentrée 2015 : si de très nombreux indicateurs et études montrent que le monde va mieux, avec tous les bémols qu'on peut imaginer et qui sont bien réels, les habitant de cette planète, eux, vont moins bien dans leur vie quotidienne. Que l'on soit exploitant agricole avec les difficultés, désormais actées mais sans réponses satisfaisantes, à vivre de son métier ou autre citoyen, que l'on soit Chinois ou immigrant, la dureté économique frappe de plein fouet des millions et des millions de personnes. Un exemple frappant de ce contraste est le taux de chômage : alors que celui des pays de l'Ocde stagne à un taux relativement bas (6,8 % d'après la dernière statistique parue en septembre), celui de la France a bien du mal à inverser sa courbe et culmine à un niveau bien trop élevé.

Conjoncture générale
Mercredi 9 septembre, l'Assemblée permanente des Chambres d'agriculture (Apca) présentait à la presse son étude de rentrée sur la situation économique. «La crise que traversent les secteurs de l'élevage s'explique en partie par la contraction de l'activité mondiale. Les révisions successives de croissance du PIB mondial effectuées en particulier par le FMI, et plus récemment par la Banque centrale européenne, constituent un mauvais signal pour le redressement économique des filières d'élevage», écrit l'équipe économique de l'Apca. Et ceci est un constat supplémentaire de la difficulté du monde aujourd'hui : la croissance existe (+ 3,3 % prévu), mais elle est insuffisante pour être ressentie par les populations, et elle est en ralentissement par rapport à l'an passé.
Bien évidemment, tous les regards se tournent vers la Chine, pointée du doigt par les observateurs. Ce pays continue de croître, mais bien moins vite que ce qui avait pu être évoqué. Surtout, la nature de la croissance est en train de changer et, comme dans tout changement, cela ne se fait pas sans heurt. L'Occident et ses économies développées doivent aussi comprendre, et intégrer, que la volonté chinoise n'est plus d'être l'usine du monde, mais de se diriger vers une économie du savoir basée sur la consommation interne et non vers l'exportation. C'est bien évidemment un processus de long terme qui s'amorce ici.
Le problème est que cette mutation chinoise prend place au moment où d'autres grands pays émergents connaissent des difficultés importantes et ne sont plus les moteurs-relais attendus. C'est le cas notamment de la Russie et du Brésil. Comme la vieille Europe a bien du mal à redémarrer de façon dynamique, et que les États-Unis ont fini d'être le moteur principal du monde, on est plus confronté à la peur de la panne d'essence qu'à la surchauffe de l'économie. Les corrections boursières en sont un marqueur tout comme la baisse - à ce sujet, l'Apca parle d'une amorce de phase de baisse - des matières premières et l'écroulement des cours du pétrole. Pour ce dernier, si tout nouvel effondrement paraît écarté, rien n'indique une remontée dans les mois à venir. La récession gagne certains pays émergents et la dévaluation monétaire paraît comme un outil commode pour tenter de contenir cette mauvaise passe. Il faut ici rappeler que les dévaluations appellent les dévaluations, pouvant provoquer une espèce de guerre des monnaies, qui renvoie à de très mauvais souvenirs les économistes et les populations.

Conjoncture agricole France
La note de conjoncture de l'Apca rappelle que l'essentiel de la difficulté de la filière bovins viande «s'inscrit dans un contexte structurel», avec la diminution de la consommation de viande, comme une tendance qui perdure et des problématiques liées au couple offre/demande ou encore de structuration de filière. On constate aussi une érosion des exportations de broutards vers l'Italie, le principal client de la France. À cela s'ajoutent des difficultés conjoncturelles : sécheresse estivale engendrant une baisse de la production de fourrage, un niveau de coût des intrants qui reste élevé ou encore la référence vache allaitante encore non déterminée dans le système de la nouvelle PAC. Côté lait, le prix baisse dans un contexte de surproduction mondiale. De plus, du fait du ralentissement économique chinois - principal débouché des exportations néo-zélandaises - on commence à voir pointer des volumes en provenance de ce pays sur des destinations traditionnellement fournies par la France (Algérie par exemple).
Le secteur porcin se débat, lui, dans une contradiction qui oppose prix bas pour les éleveurs, mais «trop» élevé par rapport aux importations effectuées par la grande distribution. «Du point de vue conjoncturel, les prix sont inférieurs à ceux des années précédentes, mais élevés par rapport à l'Allemagne», souligne ainsi l'Apca.
Dans le secteur de la volaille, on note «une nouvelle dégradation du solde du commerce extérieur avec la hausse des importations» alors que la filière ovine connaît un recul de l'offre et de la demande. On sait désormais, bilan des moissons à l'appui, que la récolte mondiale en grandes cultures est abondante, et donc que les prix sont en baisse. Alors que la filière viticole s'apprête à enregistrer une bonne récolte, il n'y a guère que le secteur des fruits et légumes qui a enregistré un léger frémissement positif avec une consommation en hausse en raison d'un été plutôt chaud (les fruits en particulier en ont profité mais tout cela reste bien sûr fragile).
Enfin, l'indice général des intrants est en baisse depuis janvier, mais reste à un niveau élevé : en alimentation animale, les prix sont en recul par rapport à 2014 et, pour les engrais, «on assiste à la baisse des prix de l'urée sur le marché mondial. En France, le prix de l'ammonitrate a aussi diminué au printemps mais les livraisons d'engrais sont stables». Côté fourrage, il existe un déficit de pousse des prairies, et certains éleveurs ont entamé leur stock de fourrage très tôt.

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