Le niveau des eaux souterraines en nette amélioration
Le BRGM vient de publier son bulletin relatif aux eaux souterraines à la sortie de l’hiver.
Ouf, pourrait-on dire de façon brève ! La situation en avril 2013 n’a rien à voir avec celle constatée exactement un an plus tôt, peut-on préciser pour faire un peu plus long !
Et en effet, quel changement : sur les deux cartes présentées le 24 avril 2013 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), les effets couleurs parlent d’eux-mêmes : en avril 2013, le bleu et le vert (synonymes respectivement de situation supérieure à la normale et niveau normal) l’emportent largement et surtout constrastent vraiment, de façon positive, avec avril 2012 où le jaune et le rouge (synonymes respectivement de niveau inférieur à la normale et niveau très inférieur à la normale) couvraient quasiment toute la carte de France métropolitaine.
En clair, c’est beau fixe sur la recharge des eaux souterraines pendant la période de recharge hivernale.
Sur les 31 points représentant les bassins Artois-Picardie, Seine-Normandie, Rhin-Meuse, Loire-Bretagne, Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée et Corse, un seul (nappes alluviales côtières de la région Paca) signale une situation très supérieure à la normale et 29 autres montrent des états de niveau normal ou supérieur à la normale. Et pour l’ensemble de ces points, le Bulletin de situation hydrogéologique (BSH) indique seulement quatre indicateurs locaux (les trois du bassin Rhin-Meuse et le sud Vendée) en légère baisse mais dans une logique de niveaux normaux ou supérieurs à la normale. Tout le contraire d’avril 2012 qui présentait seulement deux points avec un niveau normal et 29 en dessous et une tendance où la moitié des indicateurs sur 31 était à la baisse.
Pluie efficace
«La recharge hivernale a été efficace pour la période 2012 - 2013 par rapport à la normale. Et cette normale correspond à une moyenne calculée entre 1981 et 2010, soit trente ans», précise Laurence Gourcy, hydrogéologue au BRGM en charge du suivi quantitatif et qualitatif des eaux souterraines. Cette recharge est dite efficace car elle permet aussi de recharger les sols, ce qui permet de publier un indice d’humidité des sols qui, lui aussi, montre une belle progression pour cette saison hivernale comparé à une moyenne de 30 ans.
Mais tout n’est pas rose non plus. Un point reste délicat au 1er avril 2013 : la nappe des sables du Maine (département de la Sarthe et moitié orientale du Maine-et-Loire avec des relevés de recharges faits dans le sud du département de la Sarthe sur la nappe cénomanienne captive). Mais la situation est très contrastée entre la partie libre et la partie captive de la nappe. Dans les zones d’affleurement (nappe libre), la nappe est en général bien rechargée, avec des niveaux nettement supérieurs à la normale.
Dans les parties captives ou semi-captives, les situations sont très variables. Pour certains secteurs, les niveaux sont bien remontés, dépassant les moyennes calculées sur 20 ans. Dans d’autres secteurs, il subsiste un déficit important issu de 7 à 8 années plutôt sèches et il faudrait encore plusieurs années excédentaires en pluies pour retrouver un niveau normal.
Enfin, pour Nathalie Dörfliger, directrice de la direction Eau, environnement et écotechnologies du BRGM, et Laurence Gourcy, si la recharge hivernale a bien fonctionné cette année, il faut garder à l’esprit qu’on partait de points bas suite à plusieurs années déficitaires en eau hivernale. Il faudrait donc plusieurs années consécutives similaires à celle qui vient de s’écouler pour reconstituer une espèce de matelas de sécurité. Et sans faire de «météo-fiction», il apparaît que l’été pourrait être plus aisé à passer avec les niveaux d’eau actuels sauf élément exceptionnel. Un épisode de type canicule remettrait sans doute en cause le bon niveau actuel des nappes souterraines.