Fournitures
Le prix du GNR continue de flamber
Le conflit russo-ukrainien contribue à une augmentation des prix du carburant qui impacte aussi de plein fouet le monde agricole. Mais la guerre n’explique pas tout…
Le conflit russo-ukrainien contribue à une augmentation des prix du carburant qui impacte aussi de plein fouet le monde agricole. Mais la guerre n’explique pas tout…
Dans ses locaux amiénois, le groupement agricole d’achat Germa connait depuis quelques jours une surchauffe de ses lignes téléphoniques. La raison ? Des adhérents inquiets de voir le prix des carburants, dont celui du GNR, monter en flèche, mais aussi des besoins liés aux travaux de printemps dans les champs. Son directeur, Laurent Lewandowski l’atteste : «Depuis le 24 février dernier – le jour où l’invasion russe de l’Ukraine a débuté -, le standard explose. Nous passons nos journées à répondre aux demandes.» Au bout du fil, des agriculteurs, mais pas que, qui s’inquiètent de la disponibilité de carburants.
Des stocks faibles
«Aujourd’hui, reconnait le directeur de Germa, ni les prix ni les délais de livraison ne sont garantis par certains fournisseurs.» Le cœur du métier de Germa, qui consiste à mettre en concurrence lesdits fournisseurs, n’a «plus de sens», confie Laurent Lewandowski. «Notre mission, c’est de trouver celui qui a encore des volumes à vendre !» Car au fur et à mesure que le conflit russo-ukrainien s’embrase et que les pays tiers affinent leurs positions sur d’éventuelles sanctions, les stocks de produits pétroliers à travers le monde s’amenuisent. «Il arrive encore du pétrole de Russie, mais la demande est tellement forte que les stocks des dépôts primaires et des raffineries sont très faibles.» Et force est de constater que tous les pays détenteurs de la précieuse ressource ne partagent pas les mêmes idées. Pour expliquer la hausse du tarif, il faut aussi regarder du côté des valeurs de monnaie. «En 2008, le baril de pétrole était plus élevé qu’aujourd’hui, mais l’euro était fort par rapport au dollar, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui…», analyse M. Lewandowski.
Du côté des acheteurs, des comportements irrationnels ne permettent pas non plus de faire baisser la tension sur le marché : «Certains clients se couvrent. Ils achètent la semaine A et repassent commande en semaine B. C’est une forme de réassort pour être sûr de ne pas tomber à court, et une façon d’anticiper une nouvelle hausse…», constate-t-on chez Germa.
Délais de livraison allongés et rationnement
Si le délai de livraison du GNR commandé via Germa pour le nord de la France est de l’ordre de «dix jours», les choses semblent plus compliquées dans d’autres régions : «En région Centre, c’est trois semaines de délai et un contingent de deux mille litres, indique Laurent Lewandowski. Les dépôts y sont moins nombreux. Chez nous (quart nord de la France), nous avons la chance d’avoir Rouen, Le Havre ou Dunkerque.» Avec la montée des prix, les factures sont elles aussi de plus en plus salées : «On commence à avoir des fournisseurs plus exigeants sur le paiement parce qu’ils sont eux aussi confrontés à la même chose. Il y a quelques temps, les paiements s’effectuaient à trente jours. Là, certains demandent un paiement à la livraison.»
Pour faire face à une situation inédite – «on n’a jamais vu un tel foutoir depuis trente ans», selon Laurent Lewandowski -, le groupement Germa fait quelques recommandations : «avoir dix jours de stock de GNR et fractionner les achats. Cela reste la moins mauvaise solution». Le groupement Germa dit, de son côté, «n’avoir rien à gagner de cette situation». «On est rémunéré par les adhésions et sur le volume, pas sur le prix…», constate son responsable. «Par contre, pas de doute, certains sont en train de s’en mettre plein les poches…»