Politique internationale
Elections américaines : le projet de Donald Trump pour les agriculteurs
L’ancien président des Etats-Unis a été investi pour représenter le camp des Républicains à l’élection présidentielle qui aura lieu le mardi 5 novembre prochain. L’occasion de se pencher sur son programme agricole. Rien ne dit qu’il sera appliqué à la lettre.
L’ancien président des Etats-Unis a été investi pour représenter le camp des Républicains à l’élection présidentielle qui aura lieu le mardi 5 novembre prochain. L’occasion de se pencher sur son programme agricole. Rien ne dit qu’il sera appliqué à la lettre.
« Mandate for Leadership, The Conservative Promise ». Tel est le titre du très long programme du Parti républicain* et de son poulain, Donald Trump, pour la prochaine présidentielle. Parmi les 900 pages, un chapitre entier est consacré à l’agriculture. Il a été rédigé par Daren Bakst, directeur du Centre pour l'énergie et l'environnement de l'Institut des entreprises. Celui qui pourrait devenir le prochain ministre de l’Agriculture de Trump, jette les bases d’une agriculture très libérale qui fonctionne « sans intervention inutile de l'État » afin de faire prospérer et de fournir des options alimentaires abordables et saines. « Le ministère de l’Agriculture (USDA) peut et doit jouer un rôle limité, avec une grande partie de son intérêt pour éliminer les barrières gouvernementales qui entravent la production alimentaire ou sapent d’une autre manière les efforts pour répondre à la demande des consommateurs », écrit-il. « L’USDA devrait reconnaître ce qui devrait aller de soi : la production agricole devrait avant tout se concentrer sur la production efficace d’aliments sains. »
Farm Bill et OGM
Concrètement, le projet républicain entend tirer les enseignements de la crise Covid et faciliter la fluidité des chaînes d’approvisionnement, que ce soit en amont et en aval de l’agriculture. Dans l’optique de « défendre l’agriculture américaine », il est « essentiel d’éliminer les obstacles dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire – et non de les augmenter », indique le document.
De même, le programme républicain demande de mieux respecter le travail des agriculteurs et souhaite ne plus promouvoir des « méthodes de production coûteuses » et très consommatrices de terres comme « les producteurs biologiques ».
S’il est élu président, Donald Trump s’engage à réviser le Farm Bill et le programme des subventions qui influent en grande partie sur le type de cultures emblavées. Cette réduction voire cette élimination des subventions lui semble d’autant plus utile qu’elle ne touche, selon les Républicains que peu d’agriculteurs : « La plupart des subventions ne vont qu’à une poignée de produits de base... qui ne représentent que 28 % des recettes agricoles », souligne le rapport. Daren Bakst souhaite surtout abroger l’Agriculture Risk Coverage (ARC**) et le Price Loss Coverage (PLC***) parce que ceux qui ont souscrit ont déjà accès à l'assurance-récolte fédérale.
Le camp républicain envisage aussi d’éliminer les obstacles aux nouvelles technologies, en particulier les OGM et NGT. Il vise en particulier toutes les désinformations (« tactiques d’effarouchement ») véhiculées par ses opposants et veut accélérer les processus de validation et de mise sur le marché.
« Effet régressif »
Le document propose de réorienter le programme des Food Stamps, l’équivalent des chèques alimentaires en France qui auraient dû voir le jour depuis quelques temps. Les conseillers de Trump suggèrent que Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP, programme alimentaire fédéral) ne relève plus du ministère de l’Agriculture mais soit transféré au Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis (U.S. Department of Health and Human Services -HHS). « Tous les programmes de lutte contre la pauvreté sous condition de ressources devraient être supervisés par un département, en particulier le HHS, qui gère la plupart des programmes de protection sociale », écrit le rapport. Estimant qu’il symbolise « l’archétype de la planification centralisée néfaste », les conseillers de Trump veulent abroger le programme sucrier américain. « Ce programme a un effet régressif, puisque les ménages à faible revenu dépensent une plus grande partie de leur argent pour répondre à leurs besoins alimentaires que les ménages à revenus plus élevés », justifie le rapport. Son objectif même est de limiter l'offre de sucre afin d'augmenter les prix.
Décarbonation
Le chapitre 13 du programme concerne le programme environnemental. Rédigé par Mandy Gunasekara, qui est décrit comme un stratège vétéran du climat et de l'énergie et un stratège de la communication. Il dénonce l’opacité qui entoure l’autorisation et la mise sur le marché des pesticides. « Il y a eu une réinstauration de normes irréalisables conçues pour faciliter la transition des industries et technologies politiquement défavorisées vers les alternatives préférées de l’administration Biden », tance le rapport. Il dénonce aussi « l’écologisation de l’agriculture » réalisée par cette administration. Au contraire, les Républicains souhaitent répondre aux demandes des fabricants de pesticides qui estiment que leur programme de décarbonation et d’innovation est sous-financé. Ils souhaitent surtout faire toute la transparence sur l’impact des pesticides, estimant que les données sont parfois « faussées ».
Dans la même logique, ils veulent réformer l’Office of Water (Office de l’eau) qui « a généré un grand nombre de réglementations étendues qui portent atteinte aux droits de propriété privée, notamment avec le programme Waters of the U.S. ».
S’il revient au pouvoir, Trump entend « éliminer les obstacles à la biotechnologie agricole, en particulier dans la manière dont les aliments génétiquement modifiés sont étiquetés ». De son côté, le tandem démocrate est en place avec Kamala Harris qui a pris pour colistier le gouverneur du Minnesota, Tim Walz. Les experts du Parti démocrate sont à la tâche pour rédiger le programme de la candidate. Il devrait sortir dans les prochaines semaines.
(*) www.project2025.org/policy/
(**) Programme de couverture des risques agricoles (ARC)
(***) Programme de couverture des pertes de prix (PLC)