Le rôle de l’agriculture dans l’économie régionale
Conviée pour la première fois aux rencontres régionales de l’économie, la chambre d’agriculture a fait le point sur la situation économique du secteur dans les Hauts-de-France.
«L’agriculture est un élément de plus en plus important de l’économie régionale.» C’est Philippe Hourdain, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Hauts-de-France qui s’exprimait mardi 26 février au siège de l’institution, à Lille (59). Et c’est pourquoi, cette année, les rencontres régionales de l’économie se sont déroulées, pour la première fois de leur histoire, avec la chambre d’agriculture.
Un secteur de poids de l’économie régionale
Première région par l’importance de la surface agricole dans le territoire, première région pour la valeur ajoutée agricole nette par actif, première région dans de nombreuses productions, l’emploi de près d’un actif régional sur dix... les Hauts-de-France agricoles ont de nombreux atouts. Mais les défis à relever sont nombreux, a rappelé Hélène Grandclaudon, cheffe de service études à la chambre régionale d’agriculture.
Elle pointe dans un premier temps la baisse continue du nombre d’exploitations (- 12 % depuis 2010). Celle-ci est toutefois plus contenue qu’au niveau national (- 18 %). «Les derniers chiffres montrent que ça se maintient au niveau du nombre d’installations», tempère-t-elle. Le résultat économique de la branche agricole est de plus en plus volatile, poursuit-elle, et les besoins en main-d’œuvre sont croissants : l’emploi agricole est en repli de 1,8 % depuis 2010 dans les Hauts-de-France (contre - 2,3 % au niveau national).
Des difficultés mais des signaux positifs
Si le résultat net moyen par actif est supérieur à celui du niveau national (environ 50 000 € en 2017 dans la région contre 30 000 € en France), il connaît cependant une plus forte variabilité. Enfin, «si les indicateurs économiques (taux d’endettement, annuités sur chiffre d’affaires, annuités sur EBE et rentabilité) sont encore défavorables en 2017 et entraînent un risque sur la pérennité des exploitations, il y a tout de même des signaux positifs, notamment au niveau de la solvabilité : les difficultés de paiement s’atténuent», remarque Hélène Grandclaudon.
Dernière tendance mise en avant : le commerce extérieur, «de moins en moins excédentaire». «C’est l’export de produits bruts (449 millions d’euros en 2018) qui permet de rester excédentaire. On exporte surtout des produits bruts qu’on réimporte une fois transformés ailleurs», souligne la responsable qui relève un déficit de 432 millions d’euros en 2018 pour les produits transformés.
En tant qu’élu de la Chambre régionale d’agriculture, Luc Desbuquois a tenu à évoquer une autre problématique : «Comment se fait-il que beaucoup de nos productions soient travaillées dans des outils belges ? Toute la valeur ajoutée est de l’autre côté. Avons-nous une législation si différente ? Nous sommes tout de même en Europe… Les Belges sont-ils plus entreprenants que nous ? Avons-nous des investisseurs plus frileux ? C’est sûrement un petit peu de chacune de ces raisons, a-t-il souligné avant de dévoiler ses espoirs pour la filière, «si les produits agricoles sont transformés dans notre région, la plus-value sera chez nous et il y aura du travail pour ceux qui n’en n’ont pas.»